Depuis le 1 novembre, les structures de santé regroupées au sein de l’association pour la promotion de la médecine libérale ont revu à la hausse les frais des soins de santé. Raisons invoquées : manque de devises et la cherté des matériels utilisés. Les patients désespèrent.
Plusieurs cliniques et cabinets médicaux à Bujumbura ne nient pas qu’ils ont revu à la hausse les frais des soins de santé. « Une échographie qui coûtait 20.000 francs se fait actuellement à 25.000 francs », confie un réceptionniste de l’une des cliniques qui a voulu garder l’anonymat.
Les patients rencontrés dans différents hôpitaux privés déplorent cette hausse des frais de prestation des soins de santé. Ils indiquent qu’une majoration de 30% est énorme et demandent de revoir à la baisse ces tarifs.
Pour F. N., habitant de la commune Muha: « Il faut penser aussi aux patients. Je comprends qu’ils devraient hausser les frais de prestation des soins de santé, mais, pas jusqu’à 30%. C’est beaucoup ! »
E. D., jeune maman de la zone Bwiza, approchée dans l’un des cabinets confirme cette hausse. « Je suis venue me faire soigner et je trouve que les tarifs ont été revus à la hausse. Je demande qu’ils tiennent compte aussi des revenus des patients parce que se faire soigner n’est pas un luxe, mais une obligation ».
Ce n’est pas seulement les frais de consultation qui ont connu une augmentation, même les frais des autres actes médicaux comme l’échographie, la radiographie, etc. Pourtant, certains hôpitaux ont gardé les anciens tarifs et varient d’une structure à une autre.
Les frais de consultation chez un spécialiste sont passés de 10.000 francs burundais à 15.000 francs burundais dans certaines structures de santé à Bujumbura. Pour un généraliste, les frais de consultation sont passés de 5.000 francs burundais à 8.000 francs burundais.
L’Apromeli s’explique
Dr Astère Ndayizeye, représentant légal de l’association pour la promotion de la médecine libérale (Apromeli), confie que les tarifs des soins médicaux ont augmenté de 30% dans des hôpitaux et autres structures sanitaires privés.
Pour Dr Ndayizeye, cette hausse est due surtout à la cherté des outils médicaux qu’ils utilisent. « On est conscient que cette majoration est une contrainte pour nos patients, mais on n’a pas d’autres choix».
Il fait savoir que tout le matériel est acheté à l’étranger en devises et elles ne sont pas facilement accessibles. « Si la situation change, nous pourrons revoir à la baisse ou stabiliser les tarifs des soins de santé. »
De plus, poursuit-il, même les hôpitaux publics ont haussé leurs tarifs des frais de consultation et autres actes médicaux. C’est dans une correspondance du 1er mars 2021, signée conjointement par le ministère de la Santé publique et celui des Finances.
Un autre directeur de l’une des cliniques interrogé précise qu’avant 2015, les hôpitaux privés recevaient des devises pour l’importation des outils médicaux. « Mais actuellement, on s’approvisionne sur le marché noir et un dollar s’achète à 3.500 francs burundais ».
« Les soins de santé risquent de ne plus être accessibles que pour les riches»
Le cadre d’expression des malades(CEMABU) se dit attristé par la nouvelle. « Même les 10.000 francs burundais que coûtait la consultation chez un spécialiste étaient difficilement accessibles par certains patients. Où vont-ils trouver les 15.000 francs burundais ? », s’interroge Sylvain Habanabakize, porte-parole du Cemabu.
« Ce ne sont pas tous les hôpitaux qui ont haussé les frais des soins de santé, donc je trouve que les raisons avancées par l’Apromeli sont infondées », estime Habanabakize. Et d’ajouter que les conséquences sont énormes, les soins de santé risquent de ne plus être accessibles que pour les riches. « Nous avons commencé à plaider au niveau du ministère en charge de la santé publique pour que la décision soit levée.»
Pour lui, les structures de santé privées haussent les prix comme elles veulent. Il demande au gouvernement de mettre en place une autorité de régulation pour suivre de près la qualité des services de santé et la hausse des frais des soins de santé.
Contacté, le ministère de la Santé publique et de lutte contre le Sida a promis de s’exprimer ultérieurement.