Samedi 18 mai 2024

Économie

Liberté de la presse : l’Olucome plaide pour des réformes

Liberté de la presse : l’Olucome plaide pour des réformes
Gabriel Rufyiri : « La liberté de la presse demeure un enjeu fondamental pour la démocratie et la justice au Burundi » 

 Au moment où le Burundi occupe la 108ème place au Classement de RSF, l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques au Burundi met à nu la situation de la liberté de la presse au Burundi. C’était dans un point de presse qu’il a animé à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse célébrée le 3 mai de chaque année. Il en appelle à des réformes.

Dans un contexte marqué par la préparation des élections de 2025 et de 2027, l’Olucome pointe du doigt les restrictions croissantes imposées à la presse burundaise. « La modification récurrente de la loi encadrant la liberté de la presse limite l’accès à l’information », a tenu à préciser Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome.

Selon lui, cette situation, plus préoccupante est criblée par l’emprisonnement des journalistes. « La détention de Floriane Irangabiye de la radio en ligne Igicaniro, Sandra Muhoza du journal en ligne La Nova et Kenny-Claude Nduwimana, directeur du Journal Izuba et de JAYC TV illustrent l’ampleur des menaces pesant sur la liberté d’expression ».

D’après le président de l’Olucome, l’exil est devenu une issue pour de nombreux journalistes burundais. Certains se sont retrouvés contraints de fuir pour échapper à des représailles politiques. « Plus de cent d’entre eux se retrouvent ainsi éloignés de leur pays, sous le spectre de mandats d’arrêt internationaux ».

Pour Olucome, cette diaspora forcée jette une ombre sur l’image du Burundi sur la scène internationale, mettant en lumière les graves atteintes à la liberté de la presse.

L’Olucome tire la sonnette d’alarme

Alors que le Président de la République s’est inscrit dans la logique du ’’Jamais sans les médias’’, Rufyiri l’invite d’engager des mesures d’allégement de cette situation.

A côté de ce paysage sombre, s’indigne Gabriel Rufyiri, l’adoption d’un nouveau Code électoral soulève également des inquiétudes. « Des dispositions restrictives interdisant la publication des résultats électoraux avant leur validation officielle par la Commission Electorale Nationale Indépendante (Ceni) témoignent d’une volonté de museler la voix des médias ».

Toutefois, l’Olucome salue les premiers pas du gouvernement burundais vers une réforme de la loi sur la presse, notamment en ce qui concerne la dépénalisation de certains délits. Et l’avancée du Burundi en matière de la liberté de la presse selon le classement annuel de Reporter sans frontières (RSF). « En 2024, le Burundi fait une avancée en se plaçant au 108ème sur 180 pays avec 51,78 points, alors qu’en 2023, il était le 114èmeavec 52,14 points ».

Au-delà de ce que l’Olucome qualifie de ’’lois liberticides’’, cet observatoire tire la sonnette d’alarme quant à la qualité de l’information diffusée au Burundi. « L’absence du journalisme d’investigation et de débats contradictoires laisse un vide préjudiciable à la démocratie. L’autocensure des journalistes, craignant les représailles, compromet la transparence et la reddition de comptes, essentielles à une société juste et équitable ».

Dans ce combat pour la liberté de la presse, l’Olucome rappelle les engagements internationaux du Burundi et la Constitution de la République en matière de liberté d’expression. « La ratification de ces textes constitue un socle juridique indispensable à la protection des journalistes dans l’exercice de leur métier ».

Appel à des réformes pour la liberté de la presse

Face à cette situation, l’Olucome formule des recommandations claires à l’attention du gouvernement burundais et de la communauté journalistique. « La libération provisoire des journalistes emprisonnés, l’annulation des mandats d’arrêts visant les journalistes en exil, et l’engagement des autorités dans des débats contradictoires sont autant de mesures cruciales pour restaurer la liberté d’expression au Burundi ».

Rufyiri indique que la lutte pour la liberté de la presse demeure un enjeu fondamental pour la démocratie et la justice au Burundi. Il appelle à une mobilisation collective pour réaffirmer le rôle essentiel des médias en tant que quatrième pouvoir, garant de la transparence et de la gouvernance démocratique.

Pour arriver à la vision 2040- 2060, insiste-t-il, seul une presse libre et indépendante pourra contribuer à la construction d’un avenir où la vérité et la justice prévalent.

Un appel au soutien matériel et financier

Au cours de ce point de presse, Gabriel Rufyiri a fait savoir qu’au cœur des enjeux liés à la liberté de la presse se trouve un défi souvent négligé : celui des moyens de subsistance. « Tant pour les journalistes que pour les entreprises de presse, la question financière est cruciale et pourtant largement sous-estimée ».

Pour le président d’Olucome, actuellement, le secteur des médias est confronté à une série de difficultés : les medias comme tous les Burundais font face à la pénurie de carburant, d’eau et d’électricité qui constituent des obstacles majeurs. L’achat de produits pétroliers devient une nécessité pour de nombreux médias, pesant lourdement sur leurs finances déjà précaires.

Sur ce, l’Olucome lance un appel vibrant au gouvernement et aux partenaires du Burundi pour soutenir activement le secteur des médias. Pour maintenir la démocratie, le président de l’Olucome exhorte les acteurs concernés de fournir aux médias les moyens nécessaires pour accéder à l’information et remplir leur mission avec efficacité.

Il rappelle pour terminer que les médias ne sont pas seulement là pour le gouvernement, mais pour l’ensemble de la société. « Leur accorder un soutien financier adéquat revient à investir dans la démocratie, la gouvernance et le bien-être de tous les citoyens burundais ».

 

                                                                           

 

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