Première sortie médiatique de la « prophétesse de Businde » après la tuerie de la semaine dernière.
Zebiya est une femme sereine. Elle n’élude aucune question. « Je n’ai pas d’adeptes, ces gens qui vont prier à Businde sont guidés par leur foi. » Zebiya ne revendique aucun leadership sur ce mouvement : « J’appartiens à l’Eglise catholique, je ne veux fonder aucune Eglise. » Elle regrette de voir la tournure prise par le sanctuaire de Businde et rappelle que le 5 août 2008, la place avait été même bénie par le curé de la paroisse et une grande croix plantée. « Nous étions avec l’Eglise catholique ».
Sur la dernière tuerie de Businde, elle accuse : « C’était planifié, des policiers demandaient qu’on leur montre Zebiya, pour en finir. » Elle réfute complètement que ce sont « ses gens » qui aient attaqué les premiers.
Au sujet des apparitions, elle affirme que c’est une « grande dame vêtue d’une robe bleue, montée sur un globe terrestre qu’elle voit. Elle n’est ni blanche, ni noire. Elle lui parle en kirundi. Le message essentiel qu’elle lui transmet est de dire aux gens de « changer, de quitter le péché. »
Zebiya, 27 ans, souligne qu’elle n’appartient à aucun parti, elle n’a pas étudié, elle veut seulement vivre en paix, prêcher l’amour et transmettre les messages reçus lors des apparitions.
Elle est très critique envers le ministre Nduwimana, un homme qui vient de la même colline qu’elle : « Personne n’a demandé de devenir martyr, les gens ont été tués tout simplement. » Elle souhaiterait que le président, « un homme qui a la foi », intervienne pour que l’on laisse les gens prier en paix.
Zebiya indique qu’elle ne peut pas demander aux gens d’arrêter d’aller prier le 12 de chaque mois à Businde : « Je n’ai pas d’ordre à donner. La sécurité est dans les mains du gouvernement. »
Zebiya raconte qu’elle est menacée par des gens qui veulent la tuer. En clandestinité quelque part à Bujumbura depuis plusieurs mois, elle dit survivre grâce à la « charité de quelques chrétiens. »
Pour rappel, le 25 octobre 2012, l’Eglise catholique, à travers une lettre signée par l’évêque de Ngozi, avait pris la mesure d’interdire « le culte public tenu par Eusébie Ngendakumana et ses adeptes à Businde. »