L’administration tient à décourager toute forme de culte chez « Zebiya » : après que son sanctuaire ait été détruit, la colline Businde en commune Gahombo est sous surveillance policière.
<doc6351|right> Parmi les objets détruits, la grande croix qui faisait objet de repère pour les nouveaux « pèlerins » ainsi qu’une statue « bizarre » selon les habitants (la tête d’une bête à plusieurs cornes avec des traces de sang sur son visage sur laquelle se tient la statue de Marie) …
Les démolitions des bustes ainsi que le podium du sanctuaire se sont déroulées jeudi soir et vendredi matin, par la police et la population avoisinante, sous l’œil de l’administrateur communal, Jacqueline Ruragoka. « C’était sur ordre du gouverneur de province », indique-t-elle. Une opération qui s’est pas déroulée sans victime, avant que deux positions de police y sont installées.
L’une est à l’intérieur même du sanctuaire, plantée dans des bâtiments construits bien avant pour un projet d’orphelinat, tandis que l’autre se trouve à quelques centaines de mètres.
L’endroit est bien choisi. C’est sur la route qui mène directement sur la désormais « ex-sainte colline ». La mission de ces hommes en uniformes semble être claire: empêcher toute tentative de rassemblement sous quel motif qu’il soit chez « Zebiya ».
– [Eusébie et ses adeptes sommés d’abandonner leurs prières par le diocèse de Ngozi->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article4098]
Les curieux qui passent dans le coin risquent un court interrogatoire. Même les journalistes. Les policiers sur place ne laissent filtrer aucune information, surtout à l’adresse des médias : « Si vous voulez quoi que ce soit, demandez à notre chef de poste », nous confie un des deux policiers qui montent la garde au sanctuaire qui vient d’être détruit. Contacté, à son tour, le chef de poste affirme qu’il ne peut s’exprimer : « Appelez au commissariat provincial, c’est de là que viennent toutes les ordres », lance-t-il, avec un ton méfiant.
<doc6354|left>Le malheur des uns fait le bonheur des autres
Chez une partie de la population, ce n’est qu’un ouf de soulagement : « Maintenant que ces constructions viennent d’être détruites, nous espérons que nous nous approchons vers la fin des aventures de {Zebiya}. Nous pouvons maintenant respirer », affirme un habitant de la colline Businde, se vantant d’avoir participé à l’expédition de rasage à Businde, le weekend passé.
De l’autre côté, chez les fidèles d’Eusébie, c’est la désolation totale. Certains ont été même passés à tabac, d’autres ne peuvent plus circuler librement de peur d’être arrêtés. Sinzinkayo Gordien, frère de Zebiya se dit avoir été sérieusement battu par la police après qu’elle ait trouvé ces objets : «Dans notre maison, personne ne va plus dans ces fameuses prières. Nous n’avons rien à avoir avec “Zebiya” à part qu’elle est notre sœur. Alors, qu’on nous laisse vivre en paix », clame-t-il.
– [Affaire "Zebiya" : quand arrive l’heure du châtiment …->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article4150]