Ce jeune bassiste burundais semble avoir posé ses valises à Nairobi. Aux cinq cordes, son doigté, son foisonnement de rythmes et son jeu sont vite remarqués par le célèbre quatuor kenyan, Sauti Sol.
Avec un contrat en poche, guitare basse en bandoulière, Yvan Kwizera raconte : «J’ai galéré avant d’en arriver là. J’ai passé deux ans en underground, faisant quelques apparitions sur scène dans tel festival ou tel show. Un travail ingrat, mais à force de persévérance, ma détermination a fini par payer».
Un beau jour, confie-t-il, les yeux étincelants de bonheur, Sauti Sol, le groupe d’afro-pop kényan qui cartonne dans toute la région, repère mes talents. «Et comme ces stars n’ont pas de bassiste, je suis engagé. Et c’est l’envol. Je suis le bassiste attitré et officiel de ce groupe».
Derrière tout succès, relate Yvan Kwizera ou Yvano Bass Queez, pour les intimes, il faut travailler sans relâche, passer des nuits blanches à affiner, à chercher, à étudier, pour donner le meilleur de soi et c’est mon conseil à tout jeune qui veut réussir dans la vie. «Nairobi compte des centaines de bassistes talentueux, il faut être parmi les meilleurs pour sortir du lot et entrer dans la cour des grands, avoir et mériter sa place».
A un certains, se rappelle-t-il, le doute s’installe, dans mon for intérieur, je me dis que je risque retourner à Bujumbura, rentrer bredouille de Nairobi. «Mais je m’accroche, je bosse dur, je me tue au travail pour m’adapter me faire accepter, et réussir mon intégration. Je me familiarise avec leurs styles de musique et je joue pour Safaricom Jazz Festival, pour la chanteuse Chemutai Sage dans Koroga Festival. Et c’est là que je sors de l’ombre».
«Nos conflits, nos divisions, … me chagrinent»
A côté de ses prestations aux côtés de Bien-Aimé Baraza, Willis Austin Chimano, Savara Mudigi et Polycarpe Othieno, les stars du groupe Sauti Sol, Yvan Kwizera, chante aussi et il a à son actif quatre singles.
Dans sa chanson, ’’Afrika Hasara’’, -Afrique, la désolation-, cet artiste se dit attristé par les conflits, les guerres civiles, les divisions qui déchirent l’Afrique ; la corruption, la sécheresse, la famine, les inondations sévissant en Afrique avec leur lot de malheurs. «Et ce qui faut encore plus mal, c’est que tout cela est récurent».
Ce bassiste affirme être panafricaniste : «Je crois en une Afrique unie, souveraine, une Afrique prospère, une Afrique sans frontières où la libre circulation est une réalité». Mais malheureusement, regrette-t-il, il y a partout des conflits, il y a l’ethnisme, le régionalisme, l’égoïsme. «Souvenez-vous de ce qui s’est passé en 2015 au Burundi. Il faut que nos dirigeants au niveau de l’UA se mettent ensemble et fassent tout pour inverser cette tendance».
Dans un autre single, mêlant jazz et salsa, Rangi ya damu, -La couleur du sang-, cette nouvelle recrue de Sauti Sol appelle la population dans sa diversité à rester unie et solidaire pendant la période électorale : «Que les élections ne soient pas synonymes de divisions, d’exacerbation de la haine ethnique et de violence. Opposition ne devrait pas rimer avec tueries». Ce jeune musicien s’en prend également aux fausses promesses électorales.
Dernièrement de passage à Bujumbura, Yvan Kwizera se dit porteur d’un message pour la jeunesse burundaise : «Il ne faut pas prêter l’oreille aux politiciens en mal de vision qui sème la zizanie, qui prêchent la division sur des bases ethniques, religieuses, sans oublier les partis politiques».
D’après ce jeune artiste, il est impossible voir impensable aux auteurs de telles machinations de prétendre préparer un bel avenir pour un pays. «De tels agissements condamnent toute une génération».