Le mode de conduite des différentes nations dans le monde varie de façon étonnante. Et à y regarder de près, on peut détecter une corrélation entre les comportements des nations sur les routes et leur degré d’assimilation de la culture démocratique.
Il va sans dire qu’il s’agit ici d’un exercice empirique tout à fait subjectif. Néanmoins, il n’y a pas de fumée sans feu : pourquoi les habitants de pays respectueux des lois sont-ils les plus corrects et les plus disciplinés sur les routes ? Aux Etats-Unis, j’ai un jour écopé d’une amende de 250 $ pour n’avoir pas immobilisé mon véhicule provenant d’une rue secondaire avant de m’engager sur une route principale.
En Afrique du Sud lorsque des feux tombent en panne à un carrefour, spontanément un automobiliste gare sa voiture sur le côté de la route et règle la circulation comme s’il s’agissait d’un agent de police. Personne n’imagine lui contester l’autorité citoyenne qu’il s’octroie en telles circonstances. Il est vrai aussi que dans les quartiers moins favorisés comme Alexandra ou Mamelodi, une fois entré dans ce périmètre périurbain, tout change. Les klaxons sont tonitruants, les minibus doublent à gauche comme à droite et la limitation de vitesse devient tout à fait aléatoire.
Il est des pays tellement bien organisés et tellement équitables que les contraventions sont proportionnelles au pouvoir d’achat du propriétaire du véhicule. A Helsinki, pour une même infraction, un conducteur qui gagne 15 000 Euros ne paiera pas autant que celui dont le revenu est de 150 000 Euros. Le premier paiera systématiquement le dixième de l’amende du second. Cette culture du code de la route reflète fidèlement le sens de responsabilité du conducteur Nord-Américain ou Finlandais. Un pays contrasté comme l’Afrique du Sud recèle le pire comme le meilleur. Et cela s’accorde, il faut l’avouer, à la manière dont le pays est géré en général. Une économie florissante, des opportunités d’investissement innombrables et des infrastructures tout à fait remarquables. Le revers de cette belle réalité, c’est un taux de chômage très élevé, une séroprévalence des plus hautes du monde et une insécurité généralisée et excessivement criminogène.
La Burundaise et le Burundais au volant sont quant à eux méconnaissables. Les personnes gentilles et souriantes des bureaux et des salons deviennent soudain fébriles, impolies, voire autistes dans la rue. Au sein du trafic, c’est à celui qui passera le premier ou qui possède le pare-choc le plus dissuasif. On peut être à bord d’une toute petite cylindrée et néanmoins remplir tout le chemin parce que monsieur ou madame cause sur son téléphone portable et oublie de garder sa droite. Le klaxon, dont on oublie hélas le synonyme qui est « avertisseur sonore », est utilisé de manière outrancière.
Sous d’autres cieux klaxonner est une insulte pratiquement, ou alors un signal de quasi détresse. Ici, c’est pour taquiner la copine sur le trottoir, saluer l’ami qu’on croise, énerver celui qui manœuvre devant soi à la façon qui nous déplaît. Les motards, telle la mouche du coche, harcellent tout le monde par leur indiscipline. Ils sont plus souvent couchés sous les roues des voitures qu’en position verticale. Personne ne leur a dit que leur sécurité dépend de leur phare maintenu constamment allumé pour être visibles en tout temps.
A bord de leurs véhicules, les Burundais perdent tout sens du partage et du respect d’autrui à un point qu’ils sont capables de créer un embouteillage à quatre sur un immense carrefour. La mauvaise foi, l’égoïsme, la défiance, le non respect de la loi, le refus de tout compromis, disons-le tout net la bêtise dans sa quintessence, nous caractérisent parfaitement… au volant.