Lundi 23 décembre 2024

Editorial

What’s next ?

16/12/2016 11
Léandre Sikuyavuga
Léandre Sikuyavuga

La déclaration du président Mkapa a surpris tout le monde. Bonne pour Bujumbura. Inacceptable pour l’opposition radicale en exil, en l’occurrence le Cnared. Pour elle, entendre de la bouche du facilitateur que le pouvoir de Bujumbura est légitime est un affront contre les Burundais opposés au 3ème mandat.

Le président Mkapa vient de refuser à l’opposition le fait que la nature du conflit est la violation de l’Accord d’Arusha et la Constitution. « Ses propos constituent un pavé jeté dans la mare».

Mais au lieu des remontrances à Mkapa, il revient à l’opposition de comprendre les raisons qui ont motivé l’ancien président tanzanien.

En effet, il ne s’est pas improvisé, aucune mouche ne l’a piqué. Il a rencontré le médiateur Museveni avant de venir
au Burundi. Ils ont dressé une feuille de route. Par ailleurs, le président de la République Unie de Tanzanie, en même temps « Chief of the EAC Summit », John Magufuli, ne s’est pas désolidarisé avec Mkapa. Du moins jusqu’à présent.

Une seule question : quelle est la suite ? Le Cnared vient de récuser le facilitateur qu’il accuse d’avoir pris fait et cause pour le gouvernement de Bujumbura. Par ailleurs, il dit qu’il n’est pas pressé pour solliciter son remplaçant. Avec cette attitude, deux options s’offrent pour le Cnared. La « reddition » de certains de ses membres découragés. Ceux qui avaient investi ou cru dans les négociations et qui avaient peut-être confondu 2000 et 2016 pourraient être tentés par une voie de sortie en se jetant dans les bras (ou dans la gueule) de Bujumbura à travers probablement un gouvernement d’Union nationale. L’autre partie estimant qu’il n’y a plus rien à perdre,
par désespoir, pourrait se radicaliser et opter pour la lutte armée. A ceux-là, le Conseiller principal en communication à la présidence de la République prévient que le Burundi est bien préparé pour parer à toute éventualité.

Ce qui est sûr, le pays risque de faire un pas de plus vers la radicalisation des positions et donc, malheureusement, le risque d’une autre guerre civile n’est pas à exclure.

Dans pareil cas, c’est la population innocente qui en paie les frais. Que les protagonistes lui préservent ce calvaire. Les armes n’ont pas le dernier mot, on finit toujours par négocier. L’histoire est là pour le rappeler.

Forum des lecteurs d'Iwacu

11 réactions
  1. Anonyme

    Mr Leandre,
    Felicitations pour cet article bien ecrit et qui pose le vrai probleme des politiques burundais:
    qui negocie avec qui? et pourquoi? Au moins les « opposants » savent a quoi s’en tenir a present. A mon avis le masque n’est pas tombe mais le « umuhuza yarabafashije kubona ukuri, bahagarike kwihuma amaso »
    Si on regarde la verite bien en face les autorites actuelles sont bien reconnues a l’etranger comme legales sinon pourquoi recevoir des ambassadeurs et leurs accreditations? Elles n’ont peut etre pas ete elues par le peuple mais Outre Atlantique le futur president le sera sans le vote populaire,…..
    J’encourage la jeunesse a etudier, travailler, prendre des exemples au dela de la Kanyaru sur comment un pays se developpe. Le temps si nous le gerons bien nous permettra d’ecrire une autre histoire.

  2. Kariwabo

    Depuis l’entrée de l’homme Européen avec sa politique et sa religion en Afrique, l’harmonie et la solidarité entre Africains n’ont connu que des altérations sans nombre ni mesure. Notre Chère patrie est-elle vraiment une partie de l’Afrique? A-t-elle connu l’expérience venue de ce que l’homme Européen accomplissait jadis? Est-elle au courant de ce qui se passe aujourd’hui? Il n’y a des choses si innocentes où l’homme Européen ne puisse porter du crime; point d’art si salutaire dont il ne soit capable de renverser les intentions; rien de si bon en soi qu’il ne puisse tourner à de si mauvaises règles. La réalité est là! Il y a eu toujours quelqu’un de féroce derrière la crise au Burundi.

    Je ne veux pas dire que pour je pleure pour le Burundi, tout simplement je déplore et refuse catégoriquement les jeux qui s’y jouent, et paradoxalement aux yeux de ceux qui se disent clairvoyant. D’ailleurs le Burundi n’a pas besoin de mes pleurs, il a besoins tout simplement d’une contribution de tout un chacun pour être et revenir à la liste des pays coulant du lait et miel. Je ne veux pas dire que je souhaite m’apitoyer sur le sort des Burundais parce que leur sort est d’abord entre leurs mains.

    Tout simplement, j’encourage vous qui vous êtes tant battus les uns contre les autres et souvent tant haïs, qui parfois vous combattez et vous haïssez encore mais qui pourtant vous reconnaissez comme frères, frères dans la souffrance, frères dans l’humiliation, frères dans la révolte, frères dans l’espérance, frères dans le sentiment que vous éprouvez d’une destinée commune, frères à travers cette foi mystérieuse qui vous rattache à la terre de vos ancêtres, celle Burundaise, une foi qui se transmet de génération en génération et que l’exil lui-même ne peut effacer. Je le sais, elle restera gravée à vos esprits et dans vos mémoires!

    • Makurata

      On est tous Burundais alors unissons nous pour sauver notre pays. Oublions tout ce qui nous sépare pour le bien des générations futures. Twe turiko turanyerera.

  3. Ndavuga simvura

    Mr Léandre,
    Veuillez accepter mes félicitations pour un article combien professionnel. En effet, pour être honnête, la qualité de facilitateur n’est pas propre à tous les politiciens/ anciens présidents. Le paramétre de « quelle période d’histoire de notre pays Mr Mkapa a été président et sa responsabilité (soutien des anciens rebelles maintenant au pouvoir) ne devrait pas être exclue. Alors l’option armée même si tout le monde ne veut pas le dire ouvertement n’est plus loin. Ce n’est pas Mr Nyamitwe qui va me contredire car comme on le voit il envoie déjà les menaces (on ne menace que lorsqu’on pressent et qu’on a peur « kwicura/gutinya »). Mais quoiqu’il en soit, même en cas de guerre tout sera réglé par des négotitations. Ce qui me pousse à émettre quelques questions:
    1. Au gouv.: négocier maintenant ou négocier après avoir perdu ses hommes, la population qu’est ce qui serait plus bénefique?
    2. Au gouv.: Négocier avec l’opposition que vous avez vous-même taillé apportera quoi de nouveau pour vous? (Arrêter inkinamico s’avère plus sage)*
    3. A l’opp.: Celui qui n’est pas avec toi est contre toi. Comment prétendez-vous lutter pour une cause mais vous diviser en milles parties (vous vous fragilisez)? Est-ce cela qui va apporter la victoire? Est-ce l’exil qui a été plus comfortable que votre pays natal?
    4. Permettez-moi d’être un peu dur envers l’oppoition qui s’est enivré en croyant que la communauté internationale allait offrir le pays sur un plateau alors que « ata wurya akatamugoye/ uwushaka umubira abira akuya » et que même la communauté internationale a ses propres intérêts qui vont toujours passer avant les votres.
    5. J’ai l’impression que seule la jeunesse (celle qui reste neutre/pas encore déformée par les idées politiciennes) pourra bien developer le pays. Donc nous jeunes préparons-nous et agissons avant qu’il ne soit trop tard.
    Ouvrez/ouvrons les yeux et agissez/agissons.
    Patriotisme(éducation de la jeunesse) /Grands projets economiques/ Lutte contre la corruption/ L’homme au’il faut à la place qu’il faut tout ceci pourrait devra être les grands chantiers sur agenda d’un gouvernement digne de ce nom.

    • Makurata

      Bien dit. …si tout le monde pensait comme toi un Burundi bwoba bukize.

  4. Karabadogomba

    Mkapa a voulu couper court avec les spéculateurs. Ou bien ils regagnent le bercail, ou bien ils restent dans l’hiver occidental. Quant à l’option armée, les temps sont révolus.

  5. BUKURU

    Un petit mise au point: cnared n’a jamais été un interlocuteur de Bujumbura; ne confondons pas Bujumbura avec Kigali ou Bruxelles ! Même Museveni y a renoncé.

  6. @Buhumbuza

    Merci Léandre pour votre éditorial!
    Je ne serais pas surpris de voir les 2 Minani tous couverts de honte descendre à Bujumbura pour entrer le gouvernement d’Union Nationale. Quant à Pancrace, il est tard !!! Quant à Sinduhije et son clic, il est disparu dans la nature, faire un fundraising de son mouvement rebelle coupé en plusieurs morceaux. Il est à 50 ans, il lui faudra plus de 20 ans pour gagner la guerre, juste réaliser son reve  » mourir guerrier ». Pour Auditax, je ne doute pas qu’il est minoté de ses propres choix (amour et guerre). Quant aux vieux Rifyikiri et collégues, leur mission a pris fin, c’est la retraite!!!. Dans tous les cas, amase ya kera ntagihoma urutaro. Les négociations de 2000 diffèrent de 2017, juste une confusion, dépassement out illusions !
    Il leur faut une amnistie pour que Busokoza, le putschiste et ses acolytes retourner pour faire leurs affaires. Quant au gouvernement d’Union, niet ! Soit on se tait ou se suicide et c’st ce que méritent les gens insatiables, manipulateurs, qui ont vécu presque le long de leur vie par escroquerie politique. Toucher sur tous les plans, pirater des idiologies et orienter la doctrine à leur guise, A 50 ans déjà, ils sont châtiés et le méritent !! Wait and see!

    • Bakari

      @Buhumbuza
      Entre nous, vous avez quel âge pour traiter Rufyikiri de croulant vieillard; et pour vous prendre pour un jeunot? 12 ans j’espère!

  7. Gacece

    Juste par curiosité M. l’Éditorialiste, combien de temps avez-vous passé à l’écriture de l’avant-dernier paragraphe, pour arriver à cette tournure?

    Délicat n’est-ce pas? C’est également ce que font ces organisations non-gouvernementales quand elles veulent mousser dans leurs rapports une idée sans totalement l’assumer. Cela crée de l’incertitude. Et là où il y a incertitude, il y a la peur!

    Alors personnellement, je vous dirais d’arrêter de faire peur aux gens. Je dis bien personnellement!…

  8. Kana A-M

    Le temps de la sagesse, c’est maintenant.
    La déclaration du président Mkapa a semblé choquer le monde, mais elle a le mérite de susciter la « vraie question ». Dans les textes nationaux et internationaux, Pierre Nkurunziza y est marqué comme président de la République du Burundi. Dans les halls des organisations régionales et internationales, le portrait du président du Burundi est toujours le même. A mon humble avis, le Cnared qui compte des personnes sages avec une tête bien balancée devrait poser la question autrement. Quelles sont les garanties de survie, si nous retournons au pays ? Que va devenir le monde qui avait cru en lui ? Y va-t-il y avoir une poursuite quelconque pour toute la commotion causée depuis le début de la crise ? Certainement qu’il y a des « jusqu’auboutistes » et d’autres idées extrêmes qui vont inventer des raisons pour continuer à faire de la marche sur place. De toutes façons, pour des raisons morales, pour l’Amour de la Nation qui nous a vus naitre et pour la pensée de tous ces enfants, meres, grands parents…qui souffrent dans des camps de fortune en dehors de leur milieu naturel , le temps de la sagesse, le temps d’écouter le Coeur, c’est maintenant. Demain risque d’être trop tard.
    Kana A-M
    Gatineau Quebec

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