Ils ont proclamé haut et fort leurs couleurs. Ils les ont brandies, ont parlé avec conviction, ont séduit. Leur leitmotiv : la sauvegarde de l’Accord d’Arusha et la Constitution qui en est issue ainsi que la restauration de l’Etat de droit au Burundi. Une partie de la population a cru en eux. La Communauté internationale les a compris. De par les fonctions qu’ils ont occupées dans le passé, les membres du Directoire du Cnared ont au départ alléché, captivé plus d’un. C’est ainsi qu’on a qualifié leur plateforme de l’opposition radicale.
Mais, hélas la « lune de miel » d’une cohésion dont chacun peut profiter ne durera qu’une saison. Défections tous azimuts de ses membres, conflits d’égo, violation des statuts, etc., les murs du Cnared ont vite affiché les fissures. Leurs actions ont contredit leurs engagements antérieurs. Je me souviens de quelques titres du journal Iwacu qui justifiaient la situation : « Un géant aux pieds d’argile ; requiem pour le Cnared ?; l’égo l’a tué ; extrême onction ; crash… »
Avec un ton menaçant, un membre du bureau exécutif me dira que c’est la presse, surtout le journal Iwacu, qui cherche à précipiter la chute du Cnared. Puisqu’on doit trouver toujours un bouc-émissaire… Pour boucler la boucle, je lui ai répondu que la même presse favorisera peut-être son retour.
La déclaration du secrétaire exécutif du Cnared qui vient d’annoncer leur intention de rentrer pour participer aux élections de 2020, a suscité moult réactions dans l’opinion. Pour les uns, il s’agit d’une reddition, d’une « capitulation », d’une trahison, d’une fatigue de l’exil. Pour d’autres, il est difficile de deviner les véritables intentions de ce retour dès lors qu’on ignore les clauses du contrat (si contrat il y a) qu’ils ont scellé avec le pouvoir en place. La participation aux élections est un alibi, une échappatoire, une diversion.
C’est leur droit le plus absolu de retourner à la mère patrie, de regagner le bercail. « Ils ont des devoirs envers leur patrie », a précisé la commissaire chargée de l’information et de la communication au sein du parti au pouvoir.
Toutefois, à entendre la communication des intéressés et celle d’une haute autorité de l’Exécutif burundais, on perçoit une dissonance entre les deux parties. Il sied aussi de noter le refus du porte-parole du même Exécutif de s’exprimer sur le sujet. Dans de pareilles circonstances, les Anglais disent : « Welcome, but don’t sit down. »