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Vérité-Justice-Réconciliation : trois termes qui nécessitent une analyse profonde

01/04/2012 Commentaires fermés sur Vérité-Justice-Réconciliation : trois termes qui nécessitent une analyse profonde

Une journée de réflexion sur le résumé du rapport  »Justice Transitionnelle, Contribution pour la construction d’un modèle Burundais » a été organisée ce 28 mars, à Bujumbura, par RCN-Justice et Démocratie. Le rapport s’articule sur trois concepts qui sont la vérité, la justice et la réconciliation.

Ce rapport constitue un travail de capitalisation des représentations théâtrales et des groupes de paroles menés auprès des Burundais entre 2002 et 2011. Elles étaient centrées sur la question de la gestion des crimes du passé et de la justice transitionnelle : « Ce rapport vient interroger le sens des mots et cela nous permettra de faire une bonne analyse », explique Hélène Morvan, rédactrice du rapport. Les rapports des activités menées par RCN-Justice et Démocratie établissent la relativité et l’hétérogénéité des vérités exprimées par la population Burundaise. Ils permettent d’établir trois facteurs qui influencent les récits et les discours des populations pour connaitre la vérité : la falsification des faits historiques par les acteurs politiques ; chaque communauté ethnique revendique son statut de victime et nie les violences vécues par l’autre groupe ; les pratiques de dissimulation et de discrétion développés par les individus pour se protéger.

L’aspect universitaire du processus

Les questions qu’il faut toujours se poser, selon André Guichaoua, sociologue des conflits et spécialistes de la région des Grands-Lacs, sont : qui condamne ? Comment est-on arrivé à désigner les coupables ? Qui enregistre ces accusations ? « Les journalistes doivent faire la moitié du travail quant à ce processus, à travers des enquêtes. La vérité historique permet de connaitre la vérité judiciaire », lance-t-il. Pour le professeur d’histoire à l’université du Burundi, Melchior Mukuri, pour qu’un chercheur puisse connaître la vérité, il doit avoir un esprit critique. Il doit aussi, poursuit le professeur, se baser sur des documents fiables, être prudent, humble : « L’histoire ne s’écrit plus avec un grand ‘’H’’, mais savoir qu’il y a une multitude d’histoires individuelles », constate-t-il.

Selon la population…

Les opinions des Burundais, dans ce rapport, oscillent entre le désir d’oublier et la demande de vérité. Cela varie en fonction des contraintes psychologiques (risque de ‘’re-traumatisation’’), sociales (risque de réveiller les tensions sociales), politiques (influence des discours de propagande des acteurs politiques). Selon ce rapport, la population exprime un désir fort de justice en fustigeant les carences et les défaillances de l’institution judiciaires. La population trouve l’impunité comme principale source de violence ; refuse les mesures d’amnistie ; critique la dépendance des juges au pouvoir exécutif et aux logiques identitaires et contestent les décisions judiciaires. En dehors de l’institution judiciaire, la population témoigne d’un idéal de justice porté par les « Justes ». Ce sont ces personnes qui, pendant les périodes de violences, ont transcendé les lignes des clivages du conflit pour sauver les autres. Cela leur permet d’envisager un modèle positif de justice. Le rapport précise aussi que, pour la population des collines, la réconciliation se manifeste par une coexistence pacifique qui se confond avec l’idée de paix et de sécurité. En outre, selon ce rapport, le processus de rapprochement des communautés en conflit est entravé par la persistance des ghettos qui favorisent le repli communautaire et les logiques extrémistes, la persistance des violences physique, politique, économique et sociale ; la pauvreté qui fait prévaloir les impératifs de survie sur la réconciliation.

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Le théâtre comme thérapie

Plus de 300 mille personnes ont vu les différentes pièces de théâtre et beaucoup d’entre eux ont participé aux groupes de paroles, encadrés par des animateurs et des psychologiques. Ces pièces de théâtres cherchaient à ouvrir, voire provoquer, des espaces d’échanges au sein des familles entre les communautés sur le passé. Outre le rapprochement entre groupes divisés (embrassades, demandes de pardon ou les invitations au retour), les groupes de paroles ont été des espaces de réflexion sur les perceptions, attentes, inquiétudes et recommandations des participants quant au traitement du passé et la reconstruction d’une société pacifiée.

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