S’exprimant sur les jeunes burundais qui partent en Serbie, Me Jacques Nshimirimana, défenseur des droits de l’enfant et commissaire à la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’homme (Cnidh), estime que ce n’est pas une traite des êtres humains comme certains le pensent. Il préconise plutôt l’encadrement de ce mouvement par les services des migrations en collaboration avec le ministère burundais des Affaires étrangères.
Depuis quelques temps, des Burundais se rendent en Serbie en grand nombre. Certains parlent de la traite des êtres humains. Est-ce votre avis?
A mon avis non ! La traite des personnes est un crime qui se confirme par sa finalité. Ceux qui ont été déjà exploités sexuellement ou économiquement sont de véritables victimes de la traite des personnes. Ceux qui ne le sont pas encore sont peut-être des victimes potentielles. Nous ne pouvons pas dire que les Burundais qui partent en Serbie sont des victimes du trafic illicite des migrants car ils y vont en toute légalité.
Mais ceux qui quittent le territoire serbe pour se rendre dans d’autres pays européens deviennent automatiquement des victimes du trafic illicite des migrants, si on tient compte de la définition officielle contenue dans la Convention de Palerme.
Le Burundi a-t-il déjà ratifié cette convention ?
Il est vrai que le Burundi n’a pas encore ratifié la Convention internationale sur la protection des travailleurs migrants et des membres de leurs familles. Mais, il a adopté une politique de surveillance de ces mouvements via, par exemple, la signature de l’accord de coopération Burundi-Arabie Saoudite sur la mobilité de la main d’œuvre, le 3 octobre 2021, et l’accord général de coopération bilatérale entre le gouvernement de la République de Serbie et le gouvernement de la République du Burundi, le 15 juin 2022.
Ceci démontre que les Burundais qui partent en Serbie partent en toute légalité et ne sont pas des victimes de la traite ni du trafic illicite des migrants aussi longtemps qu’ils sont en Serbie.
D’après des témoignages, certains jeunes burundais vivent dans des conditions déplorables en Serbie et rencontrent des problèmes sur le chemin vers la Belgique ou ailleurs en Europe. Comment doivent-ils se protéger ? Comment le Burundi peut les protéger ?
Je pense que la meilleure protection de nos jeunes qui partent en Serbie serait d’abord l’encadrement de ce mouvement par les services des migrations en collaboration avec le ministère des Affaires Etrangères. Visiblement, le mouvement n’est pas encadré. Chacun agit de sa manière et cela pourrait avoir même des répercussions sur les relations diplomatiques entre le Burundi et la Serbie et même avec d’autres pays de destination de ces migrants burundais.
A ce niveau, les autorités doivent, par exemple, s’assurer que les Burundais qui partent en Serbie disposent déjà de permis de travail délivrés par des entreprises serbes. Les autorités doivent décourager les recruteurs mal intentionnés qui ne se conforment ni à la loi ni à la morale burundaise. Le discours du président de la République qui encourage les jeunes à travailler, à se regrouper en coopératives devrait être relayé à tous les niveaux en vue de désintoxiquer la jeunesse qui croit dur comme fer que la vie est meilleure ailleurs.
La deuxième protection serait au niveau des représentations diplomatiques du Burundi dans ces pays de destination qui doivent s’assurer que nos compatriotes jouissent pleinement de leurs droits garantis par les instruments internationaux des droits de l’Homme.
Selon les témoignages, certains Rwandais et même des Congolais arrivent à se procurer des cartes d’identité et des passeports burundais afin de se rendre en Serbie. Quel est votre commentaire ?
Si cela est vrai, les responsables des services qui délivrent ces documents administratifs devront agir sans délais et protéger la République. Accorder une carte nationale d’identité à un étranger est une manière illégale de lui accorder la nationalité burundaise. Cet acte constitue une violation grave de la Constitution de la République du Burundi et d’autres lois organiques qui déterminent les conditions d’acquisition de la nationalité burundaise.
Propos recueillis par Fabrice Manirakiza
1. Vous écrivez:« D’après des témoignages, certains jeunes burundais vivent dans des conditions déplorables en Serbie et rencontrent des problèmes sur le chemin vers la Belgique ou ailleurs en Europe…
Il préconise plutôt l’encadrement de ce mouvement par les services des migrations en collaboration avec le ministère burundais des Affaires étrangères… »
2. Mon commentaire
L’ambassade du Royaume de Belgique au Burundi a sorti un communiqué (en français et en kirundi) POUR SENSIBILISER LES JEUNES BURUNDAIS quant aux périls de tenter d’entrer sur le territoire belge, mais je n’ai entendu aucun écho de ce message dans les importants médias burundais.
« La Belgique a constaté que des Burundais se rendent illégalement en Belgique via la Serbie et la Croatie. La Belgique renvoie immédiatement ces personnes dans le premier pays où elles sont entrées en Europe (généralement la Croatie) en application du règlement Dublin.
Les Burundais qui empruntent cette voie ne sont pas autorisés à séjourner en Belgique… »
https://burundi.diplomatie.belgium.be/fr/actualites/afflux-de-demandeurs-dasile-burundais-la-serbie
Ce genre de communiqué décourageant les burundais passant via la Serbie a été entendu un peu partout dans les pays européens. Il faut donc faire attention pour ne pas envisager un voyage et projet ruineux sans lendemain. Par contre, certains pays européens ont besoin d’une main d’œuvre qualifiée et jeune. Il y a une demande évidente, mais il faut que l’offre soit bien organisée. Se rappeler surtout que les occidentaux ne veulent pas subir l’immigration, mais sont pour l’immigration voulue, contrôlée. C’est pour cela que je conseillerai aux autorités burundaises de voir dans quelle mesure elles peuvent faire des démarches auprès des chancelleries occidentales pour négocier une coopération dans ce sens. Il n’y a pas de mal à cela, car nous avons beaucoup de chômeurs, il faut les aider à trouver des opportunités au pays et ailleurs. Ce ne serait pas nouveau puisque le Burundi a une très bonne expérience dans l’envoi des militaires en opération dans d’autres pays. Et ils accomplissent un travail extraordinaire. Pourquoi ne pas tenter l’expérience avec des civils?
« Par contre, certains pays européens ont besoin d’une main d’œuvre qualifiée et jeune. »
Il semble plutôt que la grosse partie des emplois ne trouvant pas preneurs dans la plupart des pays développés soient des emplois plus pénibles: construction, chauffeurs routiers, hôtels restaurants et cafés (HoReCa), secteur médical, etc.
Les populations de ces pays ne sont plus prêtes à souffrir comme leurs ancêtres à l’ère industrielle, où ils bossaient comme des nègres.
1. Vous écrivez:« A ce niveau, les autorités doivent, par exemple, s’assurer que les Burundais qui partent en Serbie disposent déjà de permis de travail délivrés par des entreprises serbes… »
2. Mon commentaire
a). Je m’imagine que la Serbie a signé le premier accord autorisant les ressortissants burundais à entrer sur son territoire sans visa et y rester pour 30 jours (par an) pour booster son secteur du tourisme.
b). Les autorités serbiennes vont permettre le recrutement des travailleurs étrangers SEULEMENT DANS CERTAINS SECTEURS DE L’ECONOMIE SERBIENNE et les burundais seront en compétition avec les indiens, ouzbeks, pakistanais et autres.
« National regulations on employment of foreigners reflect (and take into account) national circumstances and needs, in terms of the shortage or surplus of workers in the labour market (in general and/or in specific occupations), the objectives of migration, demographic, economic and employment policies and the like… »
https://journals.openedition.org/rdctss/928#:~:text=The%20first%20instances%20of%20organized%20employment%20of%20foreigners,Employment%20of%20Foreign%20Workers%20of%20November%2024%2C%201925.
« In the next 30 years, Serbia could lose a fifth of its workforce, according to the International Monetary Fund. Serbian economy is already suffering from the shortage of labour, so workers from Uzbekistan, India, the Philippines or Pakistan are increasingly hired on Serbian construction sites. The cost of the employer to bring them to Serbia is about 800 euros, which includes the recruitment agency fees.
Since October last year, when the shortage of the workforce became more pronounced, several thousand foreigners have been employed on construction sites, in agriculture and the hospitality industry…
According to the register of the National Alliance for Local Economic Development (NALED) and the sezonskiradnici.gov.rs website, in agriculture this year in Serbia, out of 27,000 registered seasonal workers, about a thousand were foreigners…
According to data from the National Employment Service, more than 20,000 work permits were issued to foreigners last year. Due to labour shortages, the number is expected to be significantly higher this year. »
https://www.serbianmonitor.com/en/more-and-more-foreign-workers-in-serbia/
c). Pour stopper cet éxode des jeunes burundais vers les pays de l’Occident, les autorités burundaises devraient penser à UNE VRAIE POLITIQUE DE L’EMPLOI (des jeunes surtout) à travers la bonne exploitation de nos ressources naturelles (ressources minières, pétrole et gaz, terre arable, tourisme, pêches dans nos lacs..)
@Stan Siyomana
« …pêches dans nos lacs. »
La pêche dans nos lacs a déjà tari.
Moi j’ai quitté le Burundi à une époque où sa population était de 4 millions. Déjà à cette époque, on ne roulait pas sur l’or. Actuellement la population a été multipliée par 3; pour garder le même niveau de vie il aurait fallu multiplier le revenu du pays par 3 aussi. Or, il semble que ce revenu est resté au même niveau, ou presque. Il est donc normal que le chômage en général fasse des dégâts. Car le nombre d’emplois des jeunes ne peut être augmenté que par la croissance de l’activité économique en général du pays. Donc ceux qui gèrent le pays ont du pain sur la planche car il faut absolument développer le pays; et pas seulement le revenu de quelques uns. Car s’ils n’y parviennent pas , les générations futures vont les maudire. Je n’aimerais pas être à la place de leurs descendants s’ils n’y parviennent pas; càd s’ils échouent dans leur projet de mener le Burundi vers des jours meilleurs.
Iyo igihugu cawe cakuvyaye cakwanse ntakundi nikuja kurondereza ahandi!
uko nukuri kudateye amazi kabisa
none nashaka tuguma mumayarwa atagira ibikorwa bobo imeza zabo ziriko zirako amazimano Oya kabisa sinoreka kuja gusama amagara yanje mbonako ari mukaga
Mwiriwe. jewe niyumvira ko atari igihugu cabanse. Banswe n-intwaro mbi zabujije igihugu guteza imbere abakivukamwo.