<doc516|right>La dernière sortie du secrétaire générale et porte-parole du gouvernement, Philippe Nzobonariba, a choqué ! Blessé ! Il a traité pratiquement les médias et la société civile de « charognards », qui vendent et vivent du sang des Burundais tués. Monsieur le secrétaire général et porte-parole, croyez-vous vraiment que les journalistes et la société civile sont épanouis dans les pays en guerre comme la Somalie, ou l’Afghanistan ?
Ces insultes sont indignes d’un homme de son rang et de son âge. Les membres de la société civile et les journalistes sont avant tout des Burundais. Ceux qui sont tués sont nos parents, nos frères et sœurs, nos amis, nos voisins, ou tout simplement des citoyens comme nous.
Pour les journalistes, dire ou écrire ce qui se passe, dans le respect de la loi, même quand cela déplaît au gouvernement, c’est faire notre travail. Un droit que nous garantit la Constitution du Burundi.
Dans un passé proche, M. Nzobonariba, que les journalistes surnommaient affectueusement « Tonton », était un farouche partisan d’un État de droit. Sa devise était « Nturenganywe » (ne sois pas victime de l’injustice). Nous dénonçons la corruption, les exactions, les violations, les arrestations suivies par des exécutions extra-judiciaires, parce que nous voulons cet État de droit qui lui était si cher, il n’y a pas si longtemps.
Cette déclaration intervient au moment où les relations entre le gouvernement et les médias et la société civile sont au plus mal. Nous aurions aimé entendre une voix d’un sage, pas celle d’un grand-père pyromane. On aurait attendu plus de pudeur de langage de votre part.
Monsieur Nzobonariba, le Burundi nous appartient tous. Les membres de la société civile et les journalistes souffrent aussi quand le pays va mal. Je fais mienne cette réplique de Valéry Giscard D’Estaing à François Mitterand lors d’un débat télévisé: Cher « Tonton », vous n’avez pas le monopole du cœur !