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Visite du ministre Magnette à l’Université du Burundi : une coopération « réorientée » au cœur des échanges

05/05/2013 Commentaires fermés sur Visite du ministre Magnette à l’Université du Burundi : une coopération « réorientée » au cœur des échanges

Le ministre belge des Entreprises publiques, de la Politique scientifique et de la Coopération au développement, Paul Magnette, était devant des professeurs, des étudiants et des diplomates, ce 4 juillet, dans la salle du Celab. Il a exposé sur le thème « La coopération au développement au XXIème siècle ». Cinq principes en sont les piliers.

<doc4540|right>Lorsque le Recteur de l’Université du Burundi lui passe le micro, le professeur ministre se met debout, comme pour mieux maitriser l’assistance et capter au maximum son attention. « Non ! Ce n’est pas parce que ce que j’ai à vous dire soit très important, mais c’est parce que j’ai cette habitude de me mettre debout, depuis une quinzaine d’années que j’enseigne à l’université », débute-t-il son intervention avec humour.

M. Magnette, qui évoque une première visite en Afrique en général et au Burundi en particulier, en tant que ministre de la Coopération, souligne, d’entré de jeux l’importance des relations qui unissent son pays et son ancienne tutelle : « Le Burundi est extrêmement important pour la politique belge en matière de coopération. Vous savez que nous somme le premier partenaire du Burundi au niveau bilatérale, en terme d’apports de fonds », indique-t-il en soulignant que les projets soutenus par la Belgique au Burundi donnent satisfaction.

Une coopération basée sur des principes

Pour le conférencier, cette coopération se base, alors, sur cinq grands principes. Celui d’alignement et d’appropriation, dit-il, qui consiste à soutenir des projets conçus par des Burundais (la société civile, les ministères ou l’administration). « Il est loin, et c’est une volonté délibérée, le temps où les coopérants se substituaient aux experts nationaux. La substitution existe parfois dans des situations d’urgence, mais elle doit être l’exception », explique-t-il.

Mis il ne suffit pas seulement de créer un projet, poursuit-il, il faut aussi que les initiateurs se l’approprient. M. Magnette donne l’exemple d’une menuiserie qu’il avait visité, où les membres aspirent à une autonomie financièrement et comptaient utiliser l’argent générés par la vente des meubles pour investir dans l’éducation et la santé. « […] Pour que la chaîne de valeurs soit appropriée au Burundi et par les producteurs burundais et non pas par des intermédiaires qui se mettent l’essentiel des bénéfices dans leurs poches. Nous sommes là pour appuyer, impulser ses actions et nous retirer dès qu’elles ont trouvé la maturité et le rythme de croisière qui leur permet de se pérenniser », souligne-t-il avant de développer le second principe, celui de cohérence.

En l’illustrant par l’aide publique au développement, qui représentait 70% des flux financiers du nord vers le sud, il y a 40 ans, et qui représente 13% actuellement, le ministre Magnette trouve impératif que les actions politiques des pays du nord, à l’instar de la Belgique, soient en cohérence avec leurs objectifs. Puisque certains pays n’ont pratiquement plus besoin, par exemple de financer leur budget général avec l’aide des pays du nord : « Pour eux, cela n’est devenu qu’un petit élément parmi beaucoup d’autres, dans ce qui vient soutenir le développement, comme l’investissement direct étranger, les flux financiers de retour de la diaspora, qui sont au-delà de l’aide publique. Ce qui n’est pas le cas pour le Burundi qui doit compter sur l’aide extérieur à plus de 40 % », indique M. Magnette.

Ainsi, d’après lui, sans cette cohérence, il est fort possible que les politiques que ces pays du nord mènent par ailleurs viennent détruire ce que les coopérants font sur le terrain.

Le troisième principe, poursuit le conférencier, est la priorité donnée aux pays les moins avancés. « La Belgique consacre 90% de son aide publique au développement à 10 pays de cette catégorie. S’il est vrai que des pays comme la Chine, le Brésil et l’Inde sont sorti de la pauvreté, il reste 1 milliard d’humains qui vivent sous le seuil de pauvreté, dans des conditions extrêmement difficiles. Ces gens sont principalement en Afrique et en Asie du sud-est. Nous avons le devoir de répéter que notre aide publique eu développement doit aller dans les pays qui en ont le plus besoin », martèle M. Magnette.

Pour être concret, il annonce son intention de défendre le Burundi lors de la rencontre des donateurs, en septembre prochain, à New York : « Nous allons inviter le plus de pays donateurs à participer à la conférence des partenaires qui se tiendra en octobre prochain, à Genève, pour venir soutenir le Burundi. C’est l’un des pays où il y a urgence pour intervenir car, il atteint une certaine stabilisation, une pacification. Il y a un démarrage de développement et c’est à ce moment crucial qu’il faut l’amplifier. »

Abordant le quatrième principe, celui de renforcement des capacités des pays dans lequel le donateur intervient, le conférencier insiste sur les compétences adéquates des bénéficiaires. « Du moment que nous sommes dans la logique d’alignement et d’appropriation, il est normal qu’il ait les capacités de mener leurs projets. Très souvent, hélas, la politique de coopération se heurte à la difficulté d’absorber l’aide publique au développement […] par défaut de cadres bien formés pour mener à bien ces projets », regrette-t-il.

En outre, le renforcement de la capacité de l’Etat, selon lui, c’est également le renforcement de l’Etat de Droits. « C’est un message que nous portons et que nous continuerons de porter partout où nous irons, avec respect pour le pays dans lequel nous intervenons, sans être des donneurs de leçons », souligne M. Magnette, en précisant que son pays ne pourra pas continuer à soutenir un pays qui bafoue les droits humains : « Nous ne continuerons pas à soutenir un pays si nous ne voyons pas des progrès significatifs dans l’impartialité de la justice. Nous voulons voir cesser les jugements sommaires, nous ne pouvons pas tolérer les exécutions extrajudiciaires et les atteintes à la liberté de la société civile et des médias », avise-t-il.

Tous ces principes, se résument, finalement, constate le conférencier, en celui du développement humain. Le dernier. « On voit beaucoup de pays émergents sortir statistiquement de la pauvreté, mais celle-ci reste une réalité. Il est indispensable que vous connaissiez une forte croissance économique, mais il est aussi important que vous réinjectiez l’essentiel de cette croissance dans le développement agricole, de la santé, de l’éducation et de leur pérennisation », conclut-il son intervention.

Une forte délégation lors de la visite

Notons que cette conférence s’inscrivait dans le cadre d’une visite de plusieurs projets soutenus par la Belgique au Burundi. Notamment dans les provinces Muramvya, Cibitoke et Bujumbura. Au Burundi du 1er au 4 juillet, pour la célébration du cinquantenaire de l’indépendance, la délégation belge était composée de Son Altesse Royale le Prince héritier Philippe et son épouse Son Altesse Royale la Princesse Mathilde, M. Didier Reynders, Vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et des Affaires européennes, et M. Paul Magnette, ministre des Entreprises publiques, de la Politique Scientifique et de la Coopération au développement.

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