Tel Zeus descendant de l’Olympe pour vivre un temps parmi les mortels, le secrétaire national des ligues affiliées au Cndd-Fdd a daigné aller à la rencontre des siens pour apporter sa pierre à l’édifice. Dimanche 29 septembre, trois jours après le bilan sur l’état actuel du climat politique au Burundi. Dans le sillage de la déclaration d’un cessez-le-feu à l’intolérance politique, jeudi 22 août.
«Vous les jeunes, tenez-vous bien, il ne faut plus qu’il y ait de ces rapports que vous avez malmené des militants du CNL. Vous êtes des responsables dans ce pays. Vous êtes les maîtres de cette forêt, vous êtes des lions, des vaillants. Sachez alors qu’un lion ne mange pas un chat, un rat». Son discours est un cas d’école de mélange de genres. Rappel à l’ordre – un crédit implicite accordé aux rapports épinglant les Imbonerakure comme auteurs des violations graves des droits de l’Homme -, mobilisation de ses troupes en flattant l’ego. Et par la même occasion, il affuble les jeunes opposants de noms d’animaux perçus comme inoffensifs. Pour mieux souligner leur infériorité. Sans pour autant franchir la ligne rouge (il n’a pas parlé de chien) de la connotation péjorative dans la culture burundaise.
Cette quête d’apaisement – les autorités locales en première ligne – montre ses limites, le précepte évangélique ‘’si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre’’ n’étant pas à l’ordre du jour. «Il ne faut pas vous laisser marcher sur les pieds. Il faut parer à toute éventualité, montrer du muscle, au besoin, rugir comme le lion, les effrayer». Dès lors que l’on a le pouvoir de faire quelque chose, en l’occurrence créer « l’effroi », la tentation de le faire, dans certaines circonstances, devient irrépressible.
Un calcul politique assumé. Sylvestre Ndayizeye demande aux Imbonerakure de ne plus s’en prendre aux opposants. « Il vous faut assurer leur sécurité pour qu’ils puissent vivre. Parce que si vous ne le faites pas, il vous sera difficile de les convaincre à adhérer à notre parti». Gommer les aspérités qui entachent l’image du parti de l’Aigle est le maître mot à mesure que l’on s’approche de la dernière ligne droite, les premiers scrutins étant prévus le 20 mai 2020.
Ce responsable du parti présidentiel prodiguera des conseils à ses ouailles : «Il faut être des pacificateurs, rassurez les membres du CNL, du Frodebu et de l’Uprona. Ce pays nous appartient à nous tous. Nous avons déraillé, il ne faut plus retomber dans les erreurs du passé.»
Son mea culpa, cette hauteur de vue et ses interférences brouillent les cartes. Seule la leçon de morale de la fable du scorpion et de la grenouille donne de la cohérence à l’ensemble. Un scorpion supplie une grenouille de le transporter sur l’autre rive. Au milieu de la rivière, le scorpion lui porte le coup funeste. A peine le batracien demanda-t-il la raison de sa piqûre, que le scorpion rétorqua : « C’est dans ma nature. »
Guibert Mbonimpa