Dimanche 17 novembre 2024

Société

Violences faites aux enfants : des chiffres éloquents

15/06/2022 Commentaires fermés sur Violences faites aux enfants : des chiffres éloquents
Violences faites aux enfants : des chiffres éloquents
Pour David Ninganza, président de la Sojpae, les enfants naturels sont plus exposés aux violences.

Plus de deux mille cas de violences à l’endroit des enfants ont été enregistrés depuis 2021 jusqu’aujourd’hui. La traite des enfants et les violences sexuelles sont les formes les plus fréquentes. Une réalité dévoilée à la veille de la journée mondiale de l’enfant africain, célébrée chaque 16 juin.

2.041 enfants victimes de différentes formes de violences depuis janvier 2021 jusqu’aujourd’hui. C’est le chiffre enregistré par la Fédération nationale des associations engagées dans le domaine de l’enfance (Fenadeb).

La traite et le travail des enfants constituent presque la moitié de tous ces cas. Les victimes de la traite ont été identifiées dans toutes les provinces du pays avec plus de cas en provinces Cankuzo, Karusi et Ruyigi, selon le rapport annuel 2021 de la Fenadeb. Une augmentation importante s’est observée, surtout au début de l’été jusqu’à la fin du mois de novembre 2021.

La Fenadeb estime que cette augmentation est due à une hausse des cas de traite qui a été remarquée depuis le mois de juin. « Pendant les grandes vacances, les enfants sont de plus en plus exposés aux risques de traite interne et externe, ainsi qu’à d’autres violations de leurs droits car ils ne sont plus sous l’encadrement scolaire».

L’association Sojpae qui défend les droits de l’enfant corrobore. « Le travail des enfants, surtout domestique, est aujourd’hui la violence la plus fréquente. Dans les centres urbains, sur 7 ménages qui ont des employés de maison, 3 sont des enfants », assure David Ninganza, président de cette association. Or, la loi burundaise interdit le travail à un enfant de moins de 16 ans.

La traite ou le travail des enfants est d’ailleurs sévèrement punie par la loi de 2014, portant prévention et répression de la traite des personnes et protection des victimes. Un article prévoit une punition de 15 à 20 ans de prison et d’une amende de 500 mille à 10 million de BIF.

Les violences sexuelles constituent la 2e forme de violence plus constatée en 2021. En 2021, la Fenadeb a enregistré 321 cas de violence sexuelle, constitués en grande partie de viol. Les victimes sont âgées, la plupart, de 10 à 17 ans. Des cas enregistrés dans toutes les provinces du pays, avec l’effectif le plus élevé à Makamba, Muyinga et Bubanza.

Ce rapport montre que les garçons ont aussi été violés. « Par exemple, au mois de décembre 2021, deux garçons du site de déplacés en commune Mutaho de la province Gitega, âgés de 11 et 14 ans, ont été victimes d’une exploitation sexuelle par un homme du même site».

Les enfants naturels beaucoup plus vulnérables

Le Burundi enregistre plus de 5.000 enfants de père inconnu chaque année, selon le président de l’association Sojpae, David Ninganza. Alors que ces ‘’pères inconnus’’ existent et circulent au vu et au su de tout le monde. Chaque enfant a le droit d’avoir une identité. Ce sont ces enfants naturels qui se retrouvent souvent dans la rue.

Ces enfants naturels sont souvent victimes de violences, surtout sur le plan de la santé, selon David Ninganza. La politique de gratuité de soins pour les mamans enceintes ou les enfants de moins de 5 ans viole les droits de l’enfant. « Il est absurde qu’une jeune fille de moins de 18 ans, peut-être violée, n’ait pas droit à des soins de maternité parce qu’elle n’a pas d’acte de mariage. Alors que même la loi burundaise interdit le mariage à un enfant de moins de 18 ans. » Or, estime M. Ninganza, ce sont ces filles qui devraient être protégées car elles ont été victimes de viol.

Ce défenseur des droits de l’enfant estime que l’Etat devrait penser à rendre disponible le test ADN au moins dans chaque district sanitaire. « Cela va réduire ces cas de pères irresponsables», insiste-t-il.

Le trafic humain, un phénomène « difficile à éradiquer »

David Ninganza parle également de plus de 600 voire 700 enfants victimes de trafic humain par an. Il relève que les trafiquants ont changé de tactique : « Ils font passer les victimes par les pays frontaliers du Burundi, en Tanzanie, par exemple, soi-disant qu’ils vont travailler dans ces pays. Alors qu’en réalité, ils sont en transit, à destination des pays du Golfe. » M. Ninganza affirme que le trafic est dans les mains de personnes avec beaucoup de moyens, puissants et qui influencent facilement les autorités. « C’est pourquoi ce phénomène est difficile à contrôler et à éradiquer».

M. Ninganza fait remarquer que les enfants en situation de rue est aussi un phénomène jusqu’ici impossible à éradiquer : « Des campagnes de réintégration de ces enfants ont été menées, des rafles ont été faites, mais cela a toujours échoué. Ces enfants reviennent à chaque fois».

Pour David Ninganza, cette politique ne réussira jamais sans des mesures d’accompagnement. « Il faut d’abord trouver des solutions aux causes qui font que ces enfants se retrouvent dans la rue », conclut-il.

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