Vendredi 22 novembre 2024

Société

Région Centre/Ville de Gitega : La femme se crée de nouveaux emplois

05/04/2024 Commentaires fermés sur Région Centre/Ville de Gitega : La femme se crée de nouveaux emplois
Région Centre/Ville de Gitega : La femme se crée de nouveaux emplois
La prénommée Angélique à l’œuvre

Il n’est pas aujourd’hui rare de trouver des femmes et des jeunes filles qui travaillent comme serveuses dans les bars dans la ville de Gitega. Il n’y a pas très longtemps qu’elles ont franchi un autre palier de vendre des brochettes, une activité que les hommes avaient fait leur chasse gardée. Les pionnières jubilent et affirment qu’elles écoulent beaucoup plus que leurs frères « vétérinaires ».

Elles sont jeunes ou mariées. Certaines filles et femmes qui se lancent dans la vente des brochettes ont même des diplômes du secondaire voire universitaires.

Elles achètent de la viande au marché ou des chèvres qu’elles abattent. Ce nouveau métier des femmes de Gitega semble séduire beaucoup de jeunes filles qui affirment qu’il est préférable de griller la viande que de servir la bière dans des bars et bistrots.

Ce phénomène qui a commencé dans les bars des périphéries de la ville de Gitega gagne aujourd’hui du terrain. Les mères de famille ne sont plus gênées de découper et de griller la viande à la vue de tout le monde.

La prénommée Suzanne rencontrée au quartier Rukoba vend des brochettes devant deux bistrots parallèles. Quand un client entre, elle attend qu’on lui serve sa première bouteille. Elle approche alors sa cible lentement. Dans sa blouse blanc immaculé, elle la salue toute souriante avant de lui préciser qu’elle est « vétérinaire ». Poliment et gentiment, elle énumère à voix basse la variété des viandes qu’elle a à sa disposition. Tactique fétiche puisqu’ils ne sont pas très nombreux ceux qui refusent de faire la commande de brochettes ou de saucissons auprès des femmes « vétérinaires ».

« J’ai perdu beaucoup de temps en vendant des frites et des omelettes. Je ne pensais pas réussir mais petit à petit j’ai pris du goût et voilà, je me suis habituée », a reconnu Suzanne. D’après elle, rien n’est difficile. Il suffit seulement d’écouter ta conscience et de fermer les oreilles aux conseils décourageants.

Elle indique que tout au début, elle a engagé un monsieur qui coupait la viande en plusieurs morceaux et qui les embrochait sur des broches en bois. Par après, elle a réalisé qu’elle payait un service dont elle était capable de faire. Dans sa façon de faire, tout en retournant les brochettes sur le grill, elle guette du coin de l’oeil d’autres clients hommes qui entrent avec leurs femmes et leurs enfants.

Elle fait remarquer qu’il s’agit des clients sûrs car, un mari et sa femme avec leurs enfants ne peuvent pas se contenter de prendre de la bière seulement sans faire la commande du côté cuisine.

Yvette Sibomana est une autre vendeuse de brochettes. Elle se réjouit que nombreux sont les habitués qui raffolent de ses brochettes et qui admirent sa bonne humeur.

La prénommée Angélique fait elle aussi déjà deux ans comme vendeuse de brochettes. D’une main experte, la jeune femme retourne la viande sur le grill. Sur son imposant brasero, elle étouffe les flammes qui montent sur les brochettes.

« C’est un travail comme tous les autres. Si nous savons cuisiner, qu’est-ce qui nous empêcherait de griller les brochettes ?», clame-t-elle. Elle a expliqué qu’elle n’a pas beaucoup hésité à se lancer dans ce métier car son mari infirmier avait pris lui aussi l’initiative de griller les brochettes alors qu’il était salarié de la Fonction publique.

Plus propres que les hommes

« J’ai l’impression que nos brochettes sont les meilleures. Les femmes sont de nature meilleures dans la cuisine plus que les hommes », se vante une prénommée Pascaline. Cette mère de trois enfants sert des brochettes de porc accompagnées de chikwangue.

Chaque jour, elle suit un rituel bien rodé. Le matin, elle va au marché et achète entre trois et cinq kilos de porc « Cela dépend des jours », indique-t-elle. Afin de pouvoir écouler la quantité de cinq kilos de viande de porc, Pascaline a ses secrets culinaires. Car il ne suffit pas de braiser la viande pour la vendre. La brochette de porc est longuement marinée avant d’être servie.

Dans les bistrots où les femmes sont vétérinaires, il y’a toujours des clients. Beaucoup soutiennent qu’elles sont plus propres que les hommes. Elles ne supportent pas en effet de travailler dans des endroits insalubres. Tous leurs matériels sont propres, y compris les assiettes, le tablier, les broches en bois et la table.

« Elles n’utilisent pas deux fois la même broche comme certains hommes le font. La propreté c’est la vertu des femmes », vante un prénommé Kevin. Lui et toutes les autres personnes qui témoignent estiment que les femmes sont venues timidement dans ce métier mais elles y arrivent en fanfare. Si ce ne sont pas les brochettes de bœuf, de porc ou de chèvre, ce sont des poulets grillés ou rôtis et des omelettes. Ce que les clients ne contestent pas, c’est que ces brochettes sont délicieuses mais petites.

« Si la qualité est bonne, peu importe la quantité. Ces femmes choisissent la viande à griller de bonne qualité. Elles prennent aussi du temps nécessaire pour les griller. Ce qui en augmente le goût », souligne un cabaretier.

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