Sur 142 ménages du village, seuls 40 couples vivent légalement. Pour les hommes, une femme mariée légalement ne se soumet pas, et les femmes justifient le phénomène par leur surnombre.
Le village de Mwiruzi se trouve dans la zone de Mugera à 21 km du chef lieu de la commune Mishiha. Il a été inauguré en octobre 2007 et compte 142 ménages dont la plupart sont les rapatriés de la Tanzanie et les anciens déplacés de l’intérieur du pays.
Dans ce village, 40 couples seulement vivent d’une manière légale. Selon Anatole Karabumba, coordonnateur du CDF (Centre de développement familial) à Cankuzo, ces habitants refusent de se faire enregistrer à l’état civil.
« Une femme légale devient gênante »
Paul Niyungeko, 28 ans, vit illégalement avec Agnès Ntakaburimvo depuis deux ans. Il s’explique : « Je ne vois pas l’intérêt d’aller légaliser le mariage car une femme légale devient gênante.»
Sa femme, Agnès Ntakaburimvo, qui accepte cette vie, estime que les filles sont plus nombreuses que les garçons : « C’est une chance de trouver un garçon qui te demande une vie commune. On n’exige rien comme conditions. » Et d’ajouter : « Nous sommes très nombreuses dans ce village et nous avons peur de vieillir chez nous. C’est pourquoi nous nous laissons aller.»
Philippe Nahishakiye habite avec une veuve. Ils ont un garçon qui s’ajoute à deux autres du mari décédé. D’après lui, il voulait être chef d’un ménage déjà stable : « Je me suis entretenu avec cette veuve qui avait besoin d’un compagnon. Nous nous sommes alors convenus de vivre ensemble.»
Selon ce jeune homme de 21 ans, il préfère vivre avec une femme de 34 ans qui le respecte plutôt qu’avec une jeune femme indisciplinée. Philipe, non plus, n’envisage pas de légaliser son mariage avec une veuve : « L’essentiel, c’est de vivre en harmonie. Changer d’état civil importe peu.»