10,2 % est le taux de séroprévalence chez les usagers des drogues, surtout injectables, en mairie de Bujumbura. Ces derniers viennent en 2e position parmi les catégories les plus vulnérables au VIH sida, au Burundi.
Une seringue pour 10 usagers des drogues injectables ou des aiguilles ramassées à la poubelle. C’est une réalité que vivent beaucoup de jeunes toxicomanes dans les milieux urbains.
D’après Eric Nsengiyumva, coordinateur de l’association des anciens consommateurs de drogues (Bapud), en mairie de Bujumbura, plus de 10 % des usagers des drogues, surtout injectables, sont porteurs du VIH sida, selon une enquête du ministère de la Santé. C’est la 2e catégorie la plus touchée au Burundi, après les travailleuses du sexe.
Plus de 50% des patients du VIH au centre de prise en charge des jeunes séropositifs « Holistic Youth Center » sont des usagers de drogues, selon Audrey Inarukundo, directrice exécutive du Réseau national des jeunes séropositifs (RNJ+).
Le coordinateur de l’association Bapud et ancien toxicomane explique cette vulnérabilité par l’utilisation d’une même seringue par plusieurs usagers : « L’on peut trouver 8 à 10 usagers pour une même aiguille. » Il fait savoir que les usagers de drogues n’ont pas les moyens de se procurer des seringues, leur priorité étant la drogue. Il confie que certains ramassent des seringues déjà utilisées dans les poubelles.
Ce taux élevé du VIH sida chez les toxicomanes s’explique aussi par le fait que les usagers, surtout les filles, s’adonnent à la prostitution pour avoir de quoi se payer la drogue, d’après M. Nsengiyumva. Il confie qu’un autre phénomène « étrange » s’observe : les jeunes hommes toxicomanes pratiquent l’homosexualité pour se procurer de l’argent pour la drogue.
Cette année, 13 usagers de drogues sont morts des suites d’une overdose, du VIH sida et de la tuberculose, d’après Eric Nsengiyumva. Cette année, 1.785 personnes, des jeunes pour la plupart, ont assumé consommer de la drogue dans 5 provinces (Bujumbura-mairie, Gitega, Rumonge, Ngozi et Muyinga).
Aujourd’hui, les usagers de drogues sont de toutes les catégories sociales, d’après le coordinateur de Bapud. Ce n’est plus seulement, précise-t-il, les personnes du milieu aisé, même les pauvres.
L’objectif mondial 90-90-90 pas tout à fait atteint
L’objectif 2020 dénommé « 90-90-90 », fixé par l’ONUSIDA, consiste à ce que 90% de personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique. Que 90% de séropositifs reçoivent un traitement durable. Et qu’enfin 90% de ces derniers aient une charge virale indétectable.
Au Burundi, cet objectif n’a pas été totalement atteint. Pour le premier volet, 81% de Burundais ont été dépistés sur un total de plus de 85 mille attendus, selon le directeur du Programme national de lutte contre le sida (PNLS), Dr Aimé Ndayizeye. Parmi ces cas dépistés, presque tous sont sous traitement.
Quant au troisième volet, Dr Ndayizeye indique que toutes les personnes sous traitement n’ont pas pu se payer le test de la charge virale en VIH. 88% de ces séropositifs sous traitement ont pu le faire.
La journée mondiale contre le sida a été célébrée au moment où le taux de séroprévalence au Burundi est de 0,9%, depuis 2017. Une grande avancée pour le ministère de la Santé qui indique que ce taux était de 6% en 2010.
Le manque de moyens pour avoir accès aux autres médicaments pour les infections opportunistes est le grand défi rencontré par les jeunes séropositifs, d’après la directrice exécutive de la RNJ+.
38 millions de personnes vivent avec le VIH, dont 67 % dans la région africaine, d’après la directrice régionale de l’OMS, Dr Matshidiso Moeti. 440 mille personnes sont décédées, suite au VIH sida dans la région.