Lundi 23 décembre 2024

Société

Vigiles burundais : en attendant la grand-messe

23/12/2024 0
Vigiles burundais : en attendant la grand-messe
Divisés, les syndicalistes n’ont pas pu se réunir

Contrats non respectés, manque de congés, non-assistance médicale, rémunérations inadéquates, persécutions des syndicalistes, favoritisme, toute une litanie de défis auxquels font face les vigiles.

En quête de leurs droits qu’ils qualifient de bafoués, les représentants du syndicat des vigiles burundais ont tenté d’organiser ce 20 décembre 2024 une 5ème assemblée générale. C’était dans l’optique de défendre les articles 92 et 93 du Code du travail burundais en rapport avec les obligations envers les parties (travailleur et employeur) pendant l’exécution du contrat. Un rendez-vous raté suite aux divisions au sein de ce syndicat.

« J’ai calculé et j’ai trouvé que nos employeurs mettent en avant leur argent plus que la défense des droits de leurs collègues. Même si leurs employés seraient en train de perdre leurs droits ou de mourir, nos chefs ne volent pas à leur secours. Néanmoins, ils cherchent plutôt à se remplir les poches, pour leurs propres intérêts, en violant nos droits », déplore un vigile rencontré.

Et son collègue d’ajouter : « Par exemple, moi, j’étais au travail et je suis tombé malade et j’ai été hospitalisé par la suite pendant 8 mois. On ne m’a pas congédié, mais je n’ai pas été payé, et pire mes soins de santé n’ont pas été couverts. Quand j’ai repris le service muni de papiers médicaux, il m’a été reproché de m’être rendu en justice à cause des 14 jours de congé qu’ils me devaient. J’ai de la famille à l’intérieur du pays et je ne demandais que ces congés ».

Il poursuit son récit : « C’est cette plainte en rapport avec mes congés qui a fait déborder la vase. Car le chargé des ressources humaines m’a plutôt annoncé avec ironie que je devais réclamer les 8 mois sans salaire et les 14 jours de congé. Il y a eu des mésententes au sein de ce service au vu des papiers médicaux puisqu’ils ne m’avaient pas renvoyé ni payé mes salaires », explique-t-il.

Ce vigile continue de raconter sa peine : « On m’a fait attendre pendant deux mois dans des réclamations pour que j’abandonne, jusqu’à ce qu’un des chefs me propose de rédiger une lettre de démission, ce que j’ai refusé de faire. J’ai regagné le service après avoir écrit au ministre de la Fonction publique ».

Que de divisions !

Comme j’étais membre du syndicat, déplore-t-il, j’avais d’autres soucis dont des problèmes familiaux à régler, mon horaire a été changé, je travaillais pendant la nuit, mais j’ai été mis sur les heures de la journée afin de me déstabiliser. « J’ai œuvré pendant 19 ans pour eux, mais mon salaire est égal à celui d’un vigile débutant », s’attriste ce vigile.

Approché, le vice-président du syndicat des vigiles s’est exprimé sur les difficultés d’avoir ce qui leur revient de droit. Conformément à ce que dit la loi, explique-t-il, une personne ne peut pas passer une année sans congé. « Il y a ceux qui passent à peu près 25 ans à demander des congés, mais en vain ».

Actuellement, souligne-t-il, celui qui a une ancienneté n’est pas le mieux payé. « Par exemple, celui qui a le matricule 079 peut toucher quatre-vingt-quinze mille et celui de 10580, deux cent mille. Seulement peu de vigiles, surtout ceux de l’intérieur, récupèrent le weekend. Même chose pour les congés annuels.

Et de mentionner un autre problème de redéploiement : « Il y a les membres du comité du syndicat affectés à l’intérieur du pays, sans frais de déplacement et sans augmentation de leur salaire alors que leurs familles se trouvent à Bujumbura ».

Selon la plupart des vigiles conviés à cette assemblée générale qui a été finalement suspendue, c’est suite aux querelles au sein de leur représentation.

« Il y a une part des vigiles qui sont proches de la direction et qui ont tous les privilèges et d’autres qui entendent réclamer leurs droits et qui sont légalement constitués. La police nous avait donné le feu vert pour cette rencontre, mais, suite à ces mésententes, elle a ordonné que la partie qui se sent offensée dépose une plainte en justice, afin qu’il n’y ait plus de querelles. Nous avons dû céder pour éviter l’insécurité comme la fois dernière au mess des officiers », a fait savoir le vice-président du syndicat, déçu.

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