Lundi 7 septembre, la rentrée scolaire 2020-2021. Certains enfants victimes des inondations d’avril 2019 n’étaient pas au rendez-vous. Ils sont contraints de mendier pour survivre.
La faim, le manque de matériel scolaire, entre autres raisons qui ont poussé plus de 100 enfants du site de Mubone, zone Buterere, commune Ntahangwa, à ne pas regagner l’école. « Comment voulez-vous qu’un enfant qui vient de passer toute une journée sans manger se rende à l’école ? Il ne sait pas s’il aura de quoi mettre sous la dent, à son retour », tranche une maman, rencontrée sur ce site. Cette quadragénaire affirme que tous ses quatre enfants ont abandonné l’école, dès leur arrivée à Mubone, en avril. « Tous les cahiers, les habits ont été emportés par les eaux. Et notre maison s’est effondrée». Originaire de Kinama et délaissée par son époux, sa principale préoccupation est de se battre pour nourrir ses enfants, au moins une fois par jour.
I.B., un père de famille installé sur ce site, confie que deux de ses cinq enfants ont pu retourner à l’école, ce lundi : « J’ai eu seulement des cahiers pour les deux. Les trois autres sont obligés d’attendre à la maison. » Il n’est pas sûr que les deux vont suivre convenablement les leçons : « Ils ne mangent pas à leur faim. » Outre ce manque de nourriture, le matériel n’est pas au complet : pas d’uniforme, de cartable, etc.
Des lamentations aussi à Kigaramango, le site pour les déplacés des inondations de Gatumba, commune Mutimbuzi, province Bujumbura. « Beaucoup d’enfants ont pu retourner à l’école, ce lundi, même si le matériel scolaire n’était pas au complet », confie Bukuru, un père de famille.
Il déplore que les pluies de la nuit du lundi 7 septembre aient inondé leurs tentes, détruisant ainsi les cahiers récemment reçus de l’administration. Cet homme tend la main à toute âme charitable pour que ces enfants puissent poursuivre leur scolarité.
Des abandons
Une maman rencontrée à Kigaramango signale que certains enfants ont abandonné l’école : « Certains se sont déjà lancés dans l’extraction du moellon, du sable, la pêche artisanale pour essayer de survivre. D’autres sont devenus des bergers. »
Idem à Mubone. Aloys Mpawenayo, responsable adjoint du site, indique que sur 200 écoliers et élèves, seuls 85 ont répondu présents à la rentrée scolaire. « D’autres mendient, sillonnant les rues de Bujumbura pour trouver de quoi manger».
Là aussi beaucoup d’autres enfants qui devaient commencer au primaire sont restés à la maison par manque de moyens. Et d’expliquer : « On exige aux parents de payer 10.000BIF par enfant pour l’achat des bancs-pupitres. Or, ces déplacés n’ont pas de ressources. »
A Winterekwa, un autre site abritant des déplacés des inondations, Floribert Sibomana, chef de zone Gihosha, affirme que tous les enfants sont retournés à l’école : « Ce lundi, les parents se sont débrouillés pour envoyer leurs enfants à l’école. »
Selon la police, Gatumba compte 4544 familles déplacées, Mubone accueille 747 ménages, tandis que Winterekwa abrite 101 familles. Tous sont victimes des inondations, des pluies torrentielles et des crues de la rivière Rusizi.