Jean Marie Nkurikiye crie à l’injustice. Le conseil communal de Mbuye, en province Muramvya, refuse de lui payer 19.650.000 Fbu pour un marché de mobilier scolaire qu’il a gagné en bonne et due forme. Il accuse le président du conseil communal, Augustin Nsanze, d’être à l’origine de ce refus.
Jean Marie Nkurikiye, propriétaire d’une menuiserie à Muramvya, a gagné un marché pour fournir du mobilier pour 2 lycées communaux de Mbuye et de Kirika et pour l’école primaire de Kibumbu. Un marché de 19.650.000Fbu. L’administrateur de la commune de Mbuye ainsi que les directeurs de ces écoles ont réceptionné ce lot de bancs pupitres, étagères, tables de bureau, armoires et chaises. Toutefois, ils ont émis quelques réserves car certains bancs pupitres étaient mal fixés. Mais, à la surprise générale, le conseil communal a pris la décision de rejeter tout le lot. Selon lui, ces meubles sont mal faits. Il veut donner le marché à quelqu’un d’autre. Jean Marie Nkurikiye pointe du doigt Augustin Nsanze, président du conseil communal et ancien ministre des Relations Extérieures, d’être à l’origine de ce rejet.
«C’est le président du conseil communal qui bloque mon paiement», déclare Jean Marie Nkurikiye. Ce dernier ne comprend pas comment Augustin Nsanze s’oppose à son paiement, alors que tout le mobilier a été livré. D’après lui, sur les 432 bancs pupitres, seuls 7 sont à refaire. Les chaises, les tables de bureau, les étagères et les armoires, poursuit-il, sont bien faits. «Même s’il y a quelques imperfections, cela ne peut pas justifier le rejet de tout le lot», déclare-t-il. Pour lui, la commune doit d’abord lui payer la première tranche et lui verser la deuxième tranche, après la correction de ces imperfections. Même son de cloche de la part de l’administrateur communal, Prudence Nihorimbere. Pour lui, rejeter tout le lot n’est pas une solution.
«Le conseil communal devait d’abord réceptionner ce qui est bien fait et laisser le fournisseur corriger les anomalies relevées», souligne-t-il. Nous sommes à deux semaines de la rentrée scolaire, poursuit Prudence Nihorimbere, il est quasiment impossible d’attribuer ce marché à un autre fournisseur. Il conseille au conseil communal de revoir sa position.
Dieudonné Ntanago, coordinateur de l’agence de facilitation Empowering response Burundi (ERB), à Muramvya, au sein du Projet d’appui au développement communautaire et social (PRADECS), bailleur de ce marché, abonde dans le même sens. Pour lui, le conseil communal a été trop rigoureux, alors que seuls quelques bancs sont à refaire. Pour Dieudonné Ntanago, cette situation va causer des problèmes pour les écoles qui n’ont pas de bancs pupitres. Il s’étonne, d’ailleurs, que le conseil communal décide maintenant de s’impliquer dans un projet de 19 millions, alors que qu’il ne le fait pas dans ceux de plus de 100 millions dont la commune bénéficie.
Bouc émissaire d’un conflit entre le gouverneur de Muramvya et Augustin Nsanze
D’après des sources à Muramvya, Jean Marie Nkurikiye est victime d’un conflit entre le gouverneur de Muramvya, Oscar Ndayiziga et Augustin Nsanze. Pour mettre en mauvaise posture le gouverneur, poursuivent-elles, ce dernier s’oppose au paiement, car Oscar Ndayiziga avait emprunté 12.000.000 de Fbu à un commerçant de la place pour le compte de Jean Marie Nkurikiye. «Je n’avais pas assez d’argent et j’ai demandé au gouverneur de m’aider», précise Jean Marie Nkurikiye. Le fournisseur demande à être payé pour rembourser la dette et payer ses travailleurs qui attendent toujours leur argent. Sinon, poursuit-il, je vais porter plainte contre la commune de Mbuye. Iwacu a tenté à maintes reprises de joindre le gouverneur de Muramvya et le président du conseil communal, sans succès.