« Que sont devenus nos politiques ? Que proposent-ils à la société ? » Ces questions résonnent de plus en plus dans les conversations citoyennes. À l’heure actuelle, les attentes ne sont pas pour une solution miracle, mais pour des propositions concrètes de sortie de crise, ou au moins un débat suggérant des alternatives viables.
Or, seuls quelques médias, acteurs de la société civile et rares Églises s’aventurent à mener des analyses et faire des commentaires. Les politiciens s’expriment rarement, et quand ils le font, c’est souvent à titre individuel, sans porter la vision de leurs formations politiques.
Comment en est-on arrivé là ?
En choisissant de boycotter le cycle électoral en 2010 juste après le scrutin communal, les principaux partis d’opposition se sont auto-condamnés à passer cinq ans en marge des institutions. Ce boycott a laissé un vide que le CNDD-FDD a su exploiter, se retrouvant presque sans contre-pouvoirs au Parlement. Le parti au pouvoir a profité des problèmes internes de leadership (et peut-être les a favorisés) dans ces formations pour les affaiblir, optant souvent pour l’aile dissidente.
C’est le phénomène de la « Nyakurisation » de l’opposition. En kirundi, « nyakuri » signifie « vrai ». Ainsi, seules les formations dissidentes proches du pouvoir ont été reconnues comme « vraies » et légales autorisées à participer aux élections par le ministère de l’Intérieur. Pour reprendre Jean de La Fontaine : « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. » Le Frodebu a été la première victime de cette « nyakurisation » en 2008, suivi par le FNL en 2010, l’Uprona en 2014, l’UPD, et plus récemment le CNL. La crise de 2015 a aussi fragilisé l’opposition.
Toutefois, un courant de réunification semble émerger parmi certains de ces partis en lambeaux. Dans un communiqué issu de la réunion extraordinaire du Conseil des délégués nationaux, le parti Sahwanya Frodebu a annoncé son intention de réintégrer tous les membres ayant quitté cette formation. L’objectif est de trouver des solutions aux défis politiques et économiques actuels, tels que la rareté et la cherté des produits de première nécessité, la pénurie récurrente de carburant, la dépréciation du franc burundais, le chômage.
Après une décennie de division, la réunification au sein du parti Uprona semble également en voie de concrétisation. Le camp reconnu par le gouvernement et son ancien « rival » viennent de décider de conjuguer leurs efforts afin de proposer des solutions aux problèmes qui affligent le parti et le pays.
L’article 75 de la Constitution stipule que le multipartisme est reconnu en République du Burundi. L’opposition, même si elle n’a pas pour fonction de gouverner, doit jouer plusieurs rôles essentiels : proposer une alternative aux décisions projetées par le gouvernement, suggérer des solutions aux défis sociétaux, exposer et promouvoir clairement les intérêts des citoyens, surveiller l’activité du gouvernement et de l’administration.
Les partis politiques doivent être des centres organisés de décision, de contrôle, d’intérêts et d’influence visant l’émancipation des citoyens. Cela ne peut pas se réaliser avec une opposition affaiblie et divisée, mais seulement avec une opposition forte et soudée. Espérons que c’est ce que cherchent à accomplir le Sahwanya Frodebu et l’Uprona dans leur démarche de réunification.
La réunification des partis politique de l opposition? je ne pense pas que ça va donner grand chose car on a encore l esprit de mettre avant tout des intérêts personnels au lieu des intérêts communs.
L’opposition sans Agathon Rwasa n’en est pas une. Que ces partis encore reconnus par le mininter fassent tout pour donner une place de choix ce vieux loup de l’opposition. On verra comment il va drainer ses sympathisants et faire trembler le parti de l’aigle.
J’ai lu avec interet votre editorial combien realiste et je voudrais en faire une seule obsrvation.
Je crois en une opposition forte car elle contribue A eviter certains derives autoritaires des pouvoirs en place mais il faut que l’opposition se comporte comme une force de conquete du pouvoir pour faire emmerger la vision alternative. Les doutes que j’ai pour l’opposion burundaise c’est qu’elle fait semblant d’avoir tout ceder et que les quelques tentatives de s’organiser ou de se reunifier se font remarquer A la veille des elections encore qu’apres les elections l’unification vole en eclat.. C’est comme un etudiant qui tenterait de penser A reviser ses notes juste A la veille de l’examen. Imaginez une opposition qui n’a pas daigner faire des descenter vers ces coins les plus reculEs du burundi pour constater les faiblesses ou les limites qui ont minE L’ANAGESA ces derniers jours ou tout au moins faire des declarations , observations et exigences fortes y relatives.!! Quand est ce que cette opposition rencontrera la population pour se mettre en contact?? Pour etre forte l’opposition doit chercher A conquerir les coeurs des votants mukuba ijisho ry’umunyagihugu, mugusemerera aho bitagenda neza,….. »Espérons que c’est ce que cherchent à accomplir le Sahwanya Frodebu et l’Uprona dans leur démarche de réunification ». Tugire CHRIST !
L’opposition qui est déjà fragilisée le sera encore en 2024 si rien n’est fait pour contrecarrer les stratégies de ceux qui sont au pouvoir de les faire disparaître un à un!
Au fait lorsqu’on écoute et analyse l’opposition, on a l’impression (j’espère que ce n’est qu’une impression) qu’elle n’est composée que de ventriotes autant que la majorité. Alors un citoyen lambda commence à fermer ses yeux et oreilles et devient incrédule.