Le parti CDP (Conseil des Patriotes), représenté par son président Anicet Niyonkuru, a vivement critiqué la gouvernance actuelle au Burundi, il accuse les autorités de restreindre les libertés et principes démocratiques en faveur d’un système proche du monopartisme. Il a tenu une conférence de presse ce mardi 29 octobre.
Selon lui, bien que les élections permettent un accès démocratique au pouvoir, c’est au niveau de la gouvernance que des défaillances majeures sont aujourd’hui constatées.
Pour Anicet Niyonkuru, si l’accès au pouvoir se fait par des élections régulières, les décisions qui suivent ne respectent pas toujours les attentes et les besoins de la population. « Bien que le principe d’accès au pouvoir par des élections démocratiques soit respecté, c’est au niveau de la gouvernance que les problèmes se posent ».
D’après lui, plusieurs décisions clés, comme l’interdiction des taxi-motos et des tricycles au centre-ville de Bujumbura, ont été prises sans consulter la population, provoquant des mécontentements importants.
Pour le président du CDP, ce manque de consultation renforce un écart entre les dirigeants et le peuple. « Il y a un fossé entre les décisions prises par les autorités et les attentes de la population », a-t-il souligné, regrettant l’absence d’une évaluation régulière de l’impact des politiques publiques. Selon lui, l’autosatisfaction des dirigeants prime sur la considération du bien-être des citoyens.
Anicet Niyonkuru a également dénoncé les méthodes employées pour contraindre les citoyens à s’inscrire sur les listes électorales, dans un contexte où de nombreux Burundais semblent découragés par le processus électoral.
« Des pressions sont exercées pour forcer les gens à s’inscrire, avec des menaces comme l’interdiction d’accès aux marchés, aux dispensaires ou même aux services administratifs », a accusé Anicet Niyonkuru. Il a vivement condamné ces pratiques, estimant qu’elles relèvent de la coercition et qu’elles vont à l’encontre des droits citoyens.
Malgré ces critiques, le président du CDP exhorte les Burundais à participer activement au processus électoral, en se faisant inscrire et en votant lors des élections de mai 2025. « Se désengager du processus électoral, c’est se priver de l’opportunité d’un réel changement. Allez-vous faire inscrire et allez voter ! ».
La Ceni au banc des accusés
Le président du CDP a en outre accusé la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de favoriser un parti politique en particulier sans pourtant le nommer.
Il a souligné que le calendrier électoral actuel, qui ne laisse qu’une journée pour la formation des coalitions et le dépôt des listes électorales, empêche les partis d’opposition à se préparer convenablement. « La CENI ne joue pas son rôle d’arbitre impartial, ce qui menace l’équité du processus électoral », a-t-il déclaré.
Face à cette situation, le CDP demande à la CENI de revoir son calendrier pour permettre aux partis de former des coalitions et de garantir ainsi un processus transparent et équitable.
Anicet Niyonkuru a insisté sur l’importance de prolonger la période d’enrôlement des électeurs pour encourager une participation plus large. « Au vu des chiffres actuels, il est indispensable que la CENI prolonge ce délai de deux semaines au minimum. C’est pour que tous les citoyens puissent exercer leur droit de vote sans contrainte », a plaidé le président du CDP.
Retour au monopartisme ?
Pour Anicet Niyonkuru, ces dysfonctionnements portent le risque de transformer progressivement le Burundi en un État à parti unique, où le jeu démocratique est faussé.
Il craint que l’absence de consultation citoyenne, le manque de transparence dans les décisions et la manipulation des règles électorales ne conduisent à un monopartisme de fait. « Nous ne voulons pas voir notre pays glisser vers une forme de monopartisme déguisé », a-t-il averti.
Anicet Niyonkuru estime que ce risque de dérive ne pourra être évité que si des mesures concrètes sont prises pour restaurer la confiance des citoyens dans le processus électoral et la gouvernance.
Le président du CDP exhorte les autorités à placer l’intérêt des citoyens au cœur de leurs décisions, rappelant que « la véritable démocratie est un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
Le parti CDP appelle la population à rester engagée dans le processus politique et à faire valoir ses droits dans les urnes. « Si vous aspirez au changement, ce n’est qu’en participant aux élections que vous pourrez influencer l’avenir du Burundi », a-t-il insisté, soulignant que l’abstention ne ferait qu’entériner le statu quo.
Il encourage les citoyens à surveiller de près le déroulement des prochains mois, période au cours de laquelle des évolutions politiques pourraient survenir.
« Il reste sept mois avant les élections de 2025, et d’ici là, des changements peuvent encore avoir lieu. » Le président du CDP appelle les citoyens à la vigilance et leur demande de se mobiliser pour empêcher toute dérive vers un régime de parti unique.