Le ministère de la Justice s’est engagé à poursuivre sa campagne de relaxation des prisonniers auteurs d’infractions bénignes. Une mesure saluée par une association militante pour les droits des prisonniers.
« Le ministère de la Justice porte à la connaissance des citoyens qu’elle va continuer sa campagne de relaxation des prisonniers auteurs d’infractions bénignes», peut-on lire dans un communiqué du 13 janvier 2023 signé par Domine Banyankimbona, ministre de la Justice. Ce communiqué en langue nationale est posté sur le compte Twitter de son ministère dans l’après-midi du 17 janvier 2023. Il est précisé que les petites infractions sont, entre autre, les vols de poule, les vols de chèvre, les vols de houe, de vélo etc.
« Les crimes de meurtre, de viol ou d’atteinte à la sécurité du pays ne sont pas concernés ».La ministre Domine Banyankimbona rappelle aux procureurs et aux OPJ que « la liberté est la règle tandis que l’emprisonnement est l’exception. »
Elle leur a recommandé de ne plus écouter les justiciables qui leur demandent de jeter en prison ceux qui leurs doivent de l’argent. Dans ce genre de dossier, la ministre Banyankimbona estime que seuls ceux qui ne manifestent aucune volonté de réparer leurs torts devraient être emprisonnés. Pour celui qui accepte de réparer ce qu’il a détruit, ajoute-t-elle, il sera question de lui faire signer une convention sur les modalités et de surveiller son comportement.
Une nécessité de réduire la population carcérale
Cette procédure concerne aussi les détenus qui n’ont pas encore été présentés devant le juge. En ce qui concerne les dossiers qui sont au niveau des tribunaux, la ministre de la Justice a indiqué, via le communiqué du 13 janvier, que ces tribunaux prendront des mesures de relaxation des auteurs de petites infractions : « Le tribunal collaborera avec le parquet et les responsables des prisons.»
Quant aux prisonniers condamnés qui doivent s’acquitter de dédommagements, la ministre de la Justice fait savoir que les victimes et les auteurs d’infractions seront réunis pour faire comprendre aux premières qu’elles ne gagnent rien si les seconds restent en prison.
Le ministère de la Justice a annoncé que le parquet général de la République et la Cour suprême ont analysé un document qui servira de base pour relaxer les prisonniers condamnés pour de petites infractions bénignes.
D’après les chiffres fournis par le ministère de la Justice, la population carcérale reste très élevée par rapport à la capacité d’accueil des prisons du Burundi.
Jusqu’au 12 janvier 2023, le nombre de prisonniers s’élevait à 12 313. Parmi eux, 5 317 condamnés et 6 396 dont les procédures judicaires sont en cours. «Les chiffres sont ainsi, au moment où la capacité d’accueil des prisons est de 4 330». Le ministre Domine Banyankimbona reconnaît que les prisonniers mènent une vie pénible, surtout quand un espace réservé à 100 prisonniers est pour le moment occupé par 284 prisonniers.
La prise en charge de la population carcérale du Burundi consommant plus de 7 milliards BIF par an, elle estime qu’il faut la revoir à la baisse pour affecter cette grosse somme dans les travaux de développement, comme les constructions d’écoles, de dispensaires et de routes.
Une volonté saluée
« Nous saluons le discours de la ministre de la Justice qui a déclaré que les prisonniers vont être relaxés », a réagi Jean-Marie Nshimirimana, président de l’association Solidarité avec les Prisonniers et leur Familles (Ntabariza/SPF). Pour lui, la justice ne peut pas dire qu’elle fonctionne correctement quand des milliers de familles ont des membres en prison, quand les parents des enfants sont derrière les verrous.
Ntabariza/SPF promet de faire des descentes en février 2023 pour voir si les prisonniers concernés se préparent à regagner leurs familles et si les procureurs respectent les décisions de la ministre de la Justice. Son président demande aux Burundais de bien accueillir ces prisonniers quand ils seront relaxés. « Qu’ils comprennent que mettre en prison une personne n’est pas une solution. C’est plutôt une perte pour le pays et les familles», a-t-il expliqué. Toutefois, ce défenseur des droits des prisonniers juge nécessaire que ces derniers reçoivent des kits et des formations avant de réintégrer la société.