Dans un document qui a fuité, le chef d’État-Major général des FARDC invite son homologue burundais à une réunion à Goma. Objectif : établir une coalition régionale qui réunit le Burundi, le Rwanda, l’Ouganda et la RDC afin d’éradiquer définitivement les groupes armés qui sévissent à l’est de ce pays.
« Il s’agit d’un document classifié secret défense qui ne devait pas tomber dans les mains des civiles, » déclare un haut gradé de l’armée burundaise. Il évoque une fuite inopportune.
La République démocratique du Congo appelle en renfort les armées des pays voisins, « ses partenaires,» peut-on lire sur le document signé par le chef d’Etat-Major congolais, le général Célestin Mbala Munsense qui parle d’un Etat-Major intégré.
Ils ont en tout six mois pour neutraliser les poches actives ou dormantes des groupes armés étrangers et congolais tout en sécurisant les agglomérations et les axes vitaux.
Les opérations devraient débuter le 15 novembre 2019 par l’installation des armées étrangères. Elles devraient prendre fin mi-mai de l’année prochaine par la stabilisation de la région et le désengagement des contingents partenaires.
Les quatre pays vont aider les Forces armées de la RDC en échange d’informations, en appui en renseignements, en appui en unités des forces spéciales sans oublier le contrôle de la frontière terrestre et lacustre.
Ce document précise aussi qu’Africom (le Commandement des Etats Unis pour l’Afrique) et la Monusco (mission des NU en RDC) pourraient apporter leur soutien à la force conjointe.
Une réunion est prévue en date du 24 au 25 octobre à Goma pour élaborer les dernières lignes du projet. Une précédente réunion avait eu lieu dans la même ville du 13 au 14 septembre 2019.
Le jeu en vaut-il la chandelle ?
Plusieurs groupes armés sévissent au Nord et au Sud-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo. Parmi lesquelles figurent l’ADF de l’Ouganda, le FDLR du Rwanda, le Red Tabara du Burundi et le Maï-Maï du Congo.
Dès son investiture, le président congolais a visité les pays de la région dont le Burundi. Le tête-à-tête avec son homologue, Pierre Nkurunziza a tablé sur le rétablissement de la sécurité dans la région où sévissent de nombreux groupes armés.
Les rapports des Nations unies ont souvent parlé de la présence de l’armée burundaise au Sud-Kivu, traquant les groupes armés burundais qui ont pour base arrière, des fiefs dans cette région. Ce qu’ont toujours démenti Gitega et Kinshasa.
En attendant la mise en œuvre de l’opération, la Monusco annonce déjà que son mandat prévoit un soutien à l’armée congolaise, pas à une coalition régionale. Pour compter sur son soutien, il faudrait une décision du conseil de sécurité.
Le rapport des experts de l’ONU sur la situation en République démocratique du Congo, présenté le 17 août 2017 au Conseil de sécurité parle de trois groupes armés burundais sévissant au Sud-Kivu.
– Il y a les dissidents des Forces nationales de libération, FNL-Nzabampema aujourd’hui responsables de petites attaques et des vols côté burundais.
-Il y a également le groupe de la Résistance pour un État de droit au Burundi (RED-Tabara).
-Le rapport onusien parle également de la présence des Forces Républicaines du Burundi, Forebu qui a changé de nom en Forces populaires du Burundi (FPB), une rébellion composée essentiellement de déserteurs de l’armée burundaise. Un de ces grandes figures serait l’ancien patron du Cndd-Fdd, Hussein Rajabu.
Tous ces groupes ont leur base-arrière dans la province du Sud-Kivu, où ils bénéficient de la complicité de groupes Maï-Maï congolais, affirment les auteurs du rapport de l’ONU.