Les femmes sont appelées à se regrouper dans un cadre de discussion afin de faire des plaidoyers avec une seule voix. C’est l’une des stratégies élaborées pour accélérer le rythme vers la participation des femmes dans les postes électifs et non-électifs. Invitation lancée dans une session de réflexion organisée le 11 avril par l’Union des femmes du Burundi avec le soutien du bureau du PNUD au Burundi.
Des associations engagées dans la promotion et la défense des droits de la femme œuvrant dans le pays , des représentants de la Coordination du système des Nations Unies et d’autres agences de l’ONU présentes au Burundi (ONUFEMMES, OIM, PAM et OMS) ainsi que des partenaires au développement (Chine et Pays-Bas) ont pris part à cette journée de réflexion sur les stratégies à élaborer pour accélérer le rythme vers la parité et la participation des femmes burundaises aux postes électifs et de prise des décisions d’ici à l’an 2030.
D’après une étude menée en 2023 par l’Afrabu (Association des femmes rapatriées du Burundi), le quota de 30 % des femmes dans les instances de prise de décision a donné beaucoup d’avancées significatives. « L’évolution du niveau de la participation des femmes et des filles est passée de 17 % en 2016 à 31.9 % en 2023 soit une amélioration de 5,2 % », a indiqué Salvator Ndayegamiye, consultant en Genre à l’Afrabu. Il a ajouté que le Burundi compte aujourd’hui 41 % des femmes parlementaires grâce à ce quota de 30 %.
Malgré ces avancées salutaires, la participation des femmes laisse toujours à désirer surtout au niveau collinaire et dans les Conseils communaux, a regretté M. Salvator Ndayegamiye. La même étude de l’Afrabu démontre que la participation des femmes en tant que cheffes collinaires n’est que de 8 % contre 19 % des femmes dans les Conseils communaux.
« Cette situation est très déplorable », s’est indigné Christine Mbonyingingo, représentante de l’Union des femmes au Burundi. D’après elle, ce faible taux de participation est dû principalement au manque de lois clarifiant la participation des femmes dans les postes nominatifs. « Il faut une loi précisant le taux de participation des femmes au niveau collinaire parce qu’on ne peut pas faire des plaidoyers sans une loi sur laquelle s’appuyer », a-t-elle proposé.
Toutefois, la représentante de l’UFB dit avoir espoir que les lois en cours d’analyse et adoption vont tenir en compte cet aspect de la participation des femmes au niveau local. Un espoir misé sur le nouveau Code électoral récemment adopté par l’Assemblée nationale. « Notre souhait est de voir le Burundi atteindre la parité de 50 % et de participation des femmes dans les instances de prise de décision d’ici à l’an 2030 »
Christine Mbonyingingo a par la suite précisé que le but de cette journée de réflexion était d’élaborer ensemble en tant qu’associations féminines des stratégies pour accélérer le rythme vers la parité et la participation des femmes dans les postes électifs et non-électifs. Et de déplorer une faible participation des femmes dans les postes nominatifs.
Parmi les stratégies à adopter afin de changer la donne, elle a notamment cité la mise en place d’un cadre de discussion pour les femmes afin de mener des plaidoyers en une seule voix, ainsi que la mise en place d’un centre de formation continue des jeunes filles. « Nous allons travailler avec des femmes volontaires qui souhaitent voir la parité et la participation égale entre les hommes et les femmes », a fait savoir la représentante de l’Union des femmes au Burundi.
Elle a également salué les efforts de certaines associations féminines qui ont déjà commencé à mener des sensibilisations à l’endroit des partis politiques sur le potentiel des femmes dans les instances de prise des décisions.
« Que personne ne soit laissée de côté »
Au cours des échanges, les participantes sont revenues sur les défis majeurs entravant la participation des femmes dans les postes nominatifs et non-nominatifs.
Parmi les défis majeurs, figurent les charges de la femme burundaise ainsi que le taux de scolarité encore bas chez la jeune fille et femme burundaise, en particulier la femme rurale. Et de souligner qu’avec le nouveau code électoral, tout candidat au poste collinaire devra savoir lire et écrire.
Pour arriver à un taux satisfaisant de la participation des femmes, les participantes ont encouragé qu’il y ait un cadre pour étudier tous les défis que rencontre la femme burundaise et comment y remédier.
La représentante de l’Union des femmes au Burundi, Mme Christine Mbonyingingo, a tranquillisé les participantes. « Même si le Code a été déjà adopté, nous avons l’espoir qu’il va y avoir d’autres lois accompagnatrices mettant en valeur la participation des femmes dans les instances de prise de décision ».
Et d’encourager la Commission électorale nationale indépendante de privilégier la parité dans l’organisation des bureaux électoraux communaux et collinaires.
De surcroît, l’Union des femmes burundaises a rassuré que d’ici à 2030 la parité et la participation des femmes et des hommes dans les postes électifs et non-électifs sera une réalité. « L’étude faite par l’Afrabu a bien démontré que si l’évolution continue au rythme où elle se trouve aujourd’hui, on aura atteint les 50 % même d’ici 2026 ».
Et de manifester la volonté des femmes de donner leur contribution dans la mise en application des engagements du gouvernement de promouvoir les ODD (objectifs de développement durable) surtout l’objectif 5 d’ici à l’an 2030.
Appel aux actions concrètes
« Cet atelier marquera une étape importante dans la lutte pour l’égalité des genres et la participation active des femmes aux processus décisionnels », a indiqué Jonas Mfouatie, Représentant résident adjoint du PNUD au Burundi.
Selon lui, la session est venue à point nommé pour relever aussi les préjugés sur le potentiel des femmes.
Il a également ajouté que la participation des femmes dans les instances de prise de décision, conduit le pays dans la voix d’une société juste et égalitaire.
D’où son appel aux femmes présentes dans cette journée de réflexion, de traduire ces stratégies en actions concrètes accompagnées d’une volonté politique forte. « L’atteinte de la parité est un objectif ambitieux, mais il est essentiel pour construire un avenir égalitaire inclusif et prospère pour tous », a-t-il insisté.
Toutefois, le représentant résident adjoint du PNUD a apprécié les avancées significatives apportées par le quota de 30% pour les femmes dans les instances de prise des décisions.
Il a fait appel à la promotion des réformes législatives et constitutionnelles pouvant garantir l’accès des femmes aux sphères politiques, en tant qu’électrices, candidates, élues et fonctionnaires ainsi que la promotion de l’égalité des genres dans les institutions publiques, y compris au niveau local.
La session s’est clôturée par la mise en place d’un cadre de réflexion et de plaidoyer vers la parité, une synergie des associations féminines avec un noyau de pilotage composé de 5 associations chargé de la mise en œuvre de la feuille de route qui sera dirigé par l’UFB (Union des femmes du Burundi).