Le ministère des Finances envisage en 2018, la cession des créances détenues sur l’Etat, la titrisation. Une technique de refinancement de l’Etat jamais utilisée au Burundi. Un éclairage de Jean Prosper Niyoboke, professeur d’économie à l’Université du lac Tanganyika.
Qu’est-ce que la titrisation des créances?
C’est une technique financière permettant à l’Etat de vendre une partie ou la totalité de ses créances afin d’avoir des liquidités. Elle transforme les créances en titres liquides et négociables.
Pour ce faire, l’Etat vend ses créances qui ne sont pas encore arrivées à l’échéance à un fond commun de titrisation sous forme de titres. Ce sont généralement les investisseurs, les banques commerciales et les entreprises privées qui achètent ces titres moyennant une certaine marge bénéficiaire. Ces acheteurs attendent le remboursement des créances à la place de l’Etat. Avant même l’échéance, ils peuvent vendre leurs titres à d’autres agents économiques. Mais, tout cela dépend de la santé financière du pays.
Pour mieux comprendre imaginons un cas…
OK. Supposons que l’Etat attend le paiement d’une créance de 800 millions de Fbu d’un opérateur Y. une banque commerciale Z achète la créance à 780 millions de Fbu et se ménage une marge bénéficiaire de 20 millions de Fbu. La Banque va alors attendre que le débiteur paie sa dette. C’est donc win win. L’Etat qui a besoin de liquidités est content, la banque fait des bénéfices.
Quelle est, justement, la santé financière du pays ?
La santé financière est critique dans le pays. Très peu d’entreprises disposent de liquidités suffisantes pour qu’elles puissent participer à une opération de titrisation.
Selon vous, quelles sont les motivations d’une telle politique?
Le principal objectif de la titrisation des créances pour l’Etat est de bénéficier d’un financement des liquidités à partir de ses créances qu’il ne pourrait pas obtenir en s’adressant à une banque ou en émettant des titres de bons de trésor sur le marché financier. C’est aussi un moyen puissant pour l’Etat de se débarrasser des créances présentant des risques très élevés.
Actuellement, les conditions nécessaires sont-elles réunies?
Le moment n’est pas opportun. La titrisation des créances de l’Etat en 2018, sera une décision prématurée. Elle nécessite la mise en place d’une institution financière assez robuste, fiable et indépendante de l’Etat. Ce qui n’est pas le cas au Burundi. C’est le marché monétaire qui finance l’économie burundaise. Cela prouve l’absence du marché financier, un préalable pour toute opération de titrisation.
Elle exige également la mise en place d’une maison de cotation qui analyse la valeur d’un titre, la solvabilité des débiteurs et surtout la crédibilité de l’Etat. La titrisation nécessite aussi un cadre légal solide en la matière. Or, au Burundi celui-ci est inexistant. Jusqu’au aujourd’hui, le pays ne s’est pas encore doté d’un cadre juridique adapté aux opérations de titrisation.
Quelles sont les avantages de la titrisation ?
La titrisation est utilisée comme un levier financier pour l’Etat, en réponse aux difficultés de trésorerie que connaissent ses finances publiques. Elle permet de recycler la dette de l’Etat et de transférer vers d’autres acteurs économiques, des risques liés aux créances cédées, libérant ainsi des fonds propres. En cas de réussite, la titrisation offre à l’Etat une source pérenne et diversifiée de refinancement.
Vous pensez que dans la situation actuelle, il y a des investisseurs qui seront intéressés par cette opération ?
Très peu d’investisseurs pourraient être attirés par la titrisation. C’est un pari risqué. Aucun investisseur ne peut courir le risque dans cette opération. A part qu’ils n’ont pas des liquidités suffisantes, la majorité des investisseurs burundais ne maitrisent pas cette technique financière basée sur une gestion efficace de l’information.
Quelles sont les conséquences de la titrisation ?
Les conséquences peuvent être désastreuses. En cas d’échec, c’est l’effondrement de l’économie nationale toute entière. La titrisation doit être menée avec beaucoup de précautions car elle est basée sur une économie spéculative. Par exemple, en cas de non-remboursement des créances par les débiteurs, c’est la faillite des investisseurs, des entreprises et des banques commerciales qui participent à l’opération de titrisation.
Signalons par ailleurs que la titrisation des créances était à l’ origine de la crise financière déclenchée aux Etats-Unis en 2008.
Eclairage de Gacece et Ayahu JP et nous serons guerris. Ou ces derniers embarquent et achetent de leur gouvernement tant adore.
@mbariza
On dirait que je suis devenu le sujet principal des articles d’Iwacu. À par cela, que pensez-vous de l’article ci-dessus?
Mama sha ntihagire uwugwa mu rudubi. Mureke imbonerakure zigure ama creances yose ya Leta, hanyuma ikigega cuzure. None ntibabona kure!!!
A bon entendeur salut
Les creanciers n’ont pas a payer, les caisses sont vides. L’Etat veut purement et simplement spolier de l’argent aux investisseurs potentiels. Dans un systeme juridique depandant et inopperant, vous comprendrez le reste.
Je ne suis pas sûr que ce qui est envisagé soit la titrisation des créances de l’Etat du Burundi (l’argent que les tiers doivent à l’état) , mais plutôt les créances sur l’Etat du Burundi (l’argent que l’Etat doit au tiers, et plus particulièrement les factures impayés aux secteurs privés). Ceci est plutôt un avantage pour les créanciers de l’état, car la titrisation qui consisterait, notamment, en la transformation des créances impayés sur l’Etat du Burundi en Obligations du Trésor à 5 ans par exemple, rendrai quasi certain le paiement à échéance d’une créance dont la date de paiement est aujourd’hui inconnue.