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Société

Vendeuses ambulantes : Victimes de racket de policiers

01/03/2023 Commentaires fermés sur Vendeuses ambulantes : Victimes de racket de policiers
Vendeuses ambulantes : Victimes de racket de policiers
Des vendeuses de fruits et légumes et autres denrées alimentaires au centre-ville.

Victimes de torture, passage à tabac, déversement de leurs marchandises, les vendeuses ambulantes du centre-ville accusent la police de les racketter. L’administrateur communale de Mukaza condamne ces agissements tout en les appelant au respect de la mesure de quitter les lieux.

Il est 17h, lundi 20 février 2023. Des vendeuses sont aux alentours de l’ex- marché central de Bujumbura. Ces femmes, dont certaines sont avec leurs bébés, vendent souvent des fruits, des légumes et autres denrées alimentaires. Elles accusent les agents de sécurité affectés au centre-ville de les racketter. Ces vendeuses ambulantes sont délogées, mais reviennent au galop.

L’axe reliant le parking desservant le nord et celui du sud de la ville en passant devant le siège de la Régie nationale des Postes est redevenu un marché. De part et d’autre de la route, des vendeuses de fruits et légumes, des vendeurs de bijoux et autres comme la friperie, des ceintures et des chaussures dont des tongs.

Ce commerce sur la voie publique gène la circulation au centre-ville en cas de passage de véhicule. Ces vendeuses ne sont pas tranquilles. Elles sont toujours sur le qui-vive. Quand elles aperçoivent les policiers en poste autour de l’ancien marché central, il y en a qui détalent en prenant soin de remballer leurs affaires à la va-vite. Ces maigres marchandises sont parfois saisies et, le cas échant, le ton monte entre ces policiers et ces vendeuses au point de dégénérer.

« Les policiers m’ont jetée par terre après avoir déversé les fruits que je vendais. J’ai trois enfants que je dois prendre en charge seule. C’est en vendant ces fruits que je peux subvenir à leurs besoins », témoigne avec amertume une vendeuse vivant avec handicap tout en montrant des cicatrices sur ses bras.

Toutes les vendeuses ne sont pas visées par les policiers. Un agent de la police affecté au poste de police de la SOJEMAC arrive. Il s’approche de ces femmes et observe. Soudainement, il se jette sur une femme et emporte ses marchandises. Si la vendeuse n’obtempère pas, elle est battue et ensuite emprisonnée.

Les autres restent tranquilles. La raison est simple. Ces femmes et les agents de police affectés à ces lieux ont conclu une forme de pacte de non-agression. Celle qui n’est pas dans le deal est toujours victime.

Des agents de police mis en cause

« Ces policiers, sous le prétexte de contrôler ces personnes, demandent de l’argent et quand on s’y oppose, les marchandises sont prises », explique une vendeuse d’aubergine. Une autre victime a déclaré avoir été giflée et emmenée au cachot.
Une somme fixe est parfois exigée. « Nous sommes obligée de payer une somme entre 3 et 5mille pour deux semaines afin d’être laissées tranquilles. Nous n’avons pas d’autre choix que de nous soumettre au diktat de ces policiers avides d’argent », indique une vendeuse de légumes qui est passée deux fois au cachot.

Pour elles, il semblerait que ces policiers aient de graves problèmes financiers. « Toutefois, cela ne justifie en aucun cas ce comportement », soutiennent-elles.

Pour J.M., une autre vendeuse, certains policiers viennent avec des listes. Celle qui n’y figure pas voit ses marchandises saisies. Mais ces dernières ne sont transportées directement au poste de police en attendant une négociation préalable. « On peut payer 10 ou 20 mille BIF pour recouvrer tes marchandises ».

C’est une indignation totale pour ces vendeuses, dont la plupart sont démunies avec un maigre capital d’à peine 30mille BIF. « Des agents de la police nous agressent, nous blessent et confisquent nos maigres marchandises », déplore une vendeuse de tomates.
Pour H. N., une vendeuse de pommes et oranges, il est inconcevable que les policiers fixent la somme à payer sans les consulter. Elle dénonce une violation de leurs droits d’exercer le commerce.

Elle souligne que ce manège dure depuis plusieurs mois. « Les vendeuses de légumes, en situation irrégulière, ont eu beaucoup de mal à porter plainte par crainte que les policiers s’en prennent à elles, voire qu’elles soient refoulées. C’est la raison pour laquelle l’omerta fonctionne jusqu’ aujourd’hui.»

Rénovat Sindayihebura, administrateur communal de Mukaza, dit être au courant de cette situation. Il condamne les agissements de certains policiers avec énergie : « Les agents de la police affectés au centre-ville ont l’obligation de faire respecter la mesure car ces vendeuses doivent déménager. Ceux qui s’adonnent à ces actes illégaux seront punis.»

M. Sindayihebura explique que ces femmes vivent les conséquences de leur refus de s’entendre avec l’administration et les appelle à se ressaisir : « Elles ont refusé de dialoguer avec l’administration pour leur montrer des stands dans des marchés ici en mairie. Mais leur place n’est pas là-bas.»

La mairie de Bujumbura avait l’objectif de les transférer dans des marchés de la périphérie de Bujumbura, comme Musaga, Kanyosha, et Kinindo (sud) ainsi que Ngagara (nord). Une chose que les intéressées ont catégoriquement refusée. Elles changent souvent de place, selon l’affluence des clients, mais aussi selon les patrouilles de police.

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