Depuis le mois de juillet, le ministère de la Santé publique et de la Lutte contre le Sida a confirmé des cas de MPOX, la variole du singe, une maladie très contagieuse. Mais, jusqu’à présent, les mesures barrières contre cette maladie ne sont pas du tout respectées. La population s’inquiète.
Sur base des statistiques fournies par le ministère de la Santé publique, jusqu’en date du 18 août, le cumul des cas confirmés de MPOX est de 153 sur 572 cas suspects. Au Burundi, les enfants de moins de 5 ans et les jeunes dont l’âge est compris entre 20 à 30 ans sont beaucoup parmi les personnes les plus touchées par la variole du singe.
Les chiffres montrent que les hommes sont beaucoup plus touchés par le MPOX que les femmes, avec un taux de 53,6 % comparé à un taux de 46,3% des femmes affectées.
Malgré la gravité de cette maladie, que ce soit sur les lieux publics ou dans les ménages, les mesures barrières ne sont pas applicables. Ce qui peut contribuer à sa propagation.
Au centre-ville de Bujumbura, les dispositifs de lavage des mains n’existent plus dans la plupart des lieux où se rencontrent plusieurs personnes. La distanciation sociale et le port des masques ne sont pas respectés, dans les parkings des bus encore moins dans les bus ou encore dans d’autres lieux très fréquentés.
Au boulevard du Prince Louis Rwagasore vers le centre-ville, les dispositifs de lavage des mains sont seulement sur quelques pharmacies, quant aux galeries, peu d’entre elles en disposent.
Le constant est le même sur les lieux communément appelés « Bata », « Kiosque Coca-Cola » et « Idéal », le respect des mesures barrières est ignoré. Leur observation n’est plus la même que lors de la période du COVID-19.
Les citadins lancent un cri d’alarme.
Dans la déclaration du ministère de la Santé publique et de la Lutte contre le Sida, sortie en date du 25 juillet, parmi les mesures préventives énumérées, le lavage des mains à l’eau avec du savon et la prévention du contact avec toute personne présentant les signes du MPOX sont obligatoires.
Par contre, les salutations avec les mains s’observent toujours. Le manque d’eau dans les différents quartiers de la capitale économique est un autre aspect qui peut rendre faciliter la propagation de cette maladie.
D’après Patrick Sabushimike, citadin rencontré au « Kiosque Coca-Cola », le ministère de l’Intérieur devrait ordonner la population à respecter les gestes barrières contre le MPOX.
« Le gouvernement devrait sensibiliser davantage la population sur la variole du singe, instaurer l’ordre de mise en place des dispositifs de lavage des mains sur les lieux publics, le port des masques et la distanciation sociale, comme il l’a fait pendant la période du Covid-19 ».
Selon lui, quelques quartiers de Bujumbura ont un souci lié au manque d’eau. « Il vaut mieux que le gouvernement pense aussi à disponibles l’eau dans ces quartiers afin d’éviter la propagation de cette maladie ».
Une dame interrogée au parking des bus de Gihosha se dit inquiète : « J’ai appris la présence de cette maladie, il y a moins d’une semaine, je n’étais pas informé. L’État devrait se rassurer que tout le monde soit informé, même ceux qui habitent les milieux reculés ».
Un autre citadin approché à Kamenge n’a qu’un vœu : « Que le gouvernement fasse tout son possible pour protéger sa population avant qu’il ne soit trop tard. Il a été strict avec les mesures barrières contre le Covid-19, il devrait faire la même chose pour le MPOX ».
Qu’en disent les autorités ?
D’après le porte-parole du ministère de la Santé Publique, Dr Polycarpe Ndayikeza, plusieurs activités sont en œuvre pour couper la chaîne de transmission de la variole du singe.
« Nous sommes tous concernés pour mettre fin à cette maladie. La sensibilisation est un devoir qui concerne tous les secteurs du pays. Au Burundi, au vu de la montée des chiffres des cas de Mpox, il peut être beaucoup plus contagieux que dans les autres pays d’Afrique déjà contaminés », a-t-il alerté.
« Le ministère de la Santé Publique, en collaboration avec la Plateforme de gestion des catastrophes, est en train de réaliser pas mal d’activités pour mettre fin à cette maladie. C’est pour cela même que les porteurs de cette maladie sont sous traitement », a-t-il complété.
Selon Dévote Ndayizeye, administratrice de la commune Muha, il y a eu des rencontres entre les autorités de la commune Muha et des confessions religieuses afin de réintroduire et d’instaurer dans cette commune les mêmes mesures que celles prises lors la période du Covid-19. « Nous nous sommes mis d’accord sur la mise en place des dispositifs de lavage des mains sur tous les lieux publics ».
L’administratrice de la commune Muha évoque un autre problème crucial : « Personne ne peut le nier, nous avons un problème lié au manque d’eau. Nous avons demandé à la Regideso d’améliorer l’alimentation en eau potable pour éviter la propagation de MPOX. Pour le moment, on se sert le plus souvent des eaux de forage de la société Amazi Water ».