L’économiste en chef pour la région Afrique de la Banque Mondiale a animé une conférence vidéo, depuis Paris (France), le jeudi 28 juin. C’était lors de l’évaluation de la politique et les institutions en Afrique.
<doc4617|left>Après l’évaluation, le Burundi a obtenu 3,1 points, une note en-dessous de la moyenne avec la 24ème place sur 39 pays africains évalués. « La mauvaise gouvernance est à l’origine du mauvais classement du Burundi », annonce Shanta Devarajan, économiste en chef pour la région Afrique de la Banque Mondiale : « Il doit améliorer la transparence dans la gestion économique », ajoute-t-il. Les critères d’évaluation étaient au nombre de quatre : la gestion économique, les politiques structurelles, les politiques d’inclusion sociale et la gestion du secteur public et les institutions.
Shanta Devarajan indique qu’au Burundi, la corruption gangrène tous les services de l’appareil étatique : « Une poignée de dirigeants accapare toutes les richesses au moment où le gros des citoyens est plongé dans une misère sans nom. » En outre, selon lui, la qualité de la fonction publique laisse à désirer. Pourtant, ajoute Devarajan, beaucoup de pays ont réussi à assainir leur gouvernance avec peu de moyens. « Le Gabon a créé de l’emploi, éradiqué la corruption et la pauvreté », signale-t-il. Il est nécessaire, explique-t-il, que les citoyens fassent des pressions pour renverser cette tendance. Par ailleurs, Devarajan constate un paradoxe : « Les pays dont le sous-sol est riche sont ceux qui sont en arrière dans ce classement.
Car, les ressources passent dans les mains des dirigeants au lieu de transiter dans les caisses de l’Etat. » Et d’ajouter que les citoyens aussi exploitent ces ressources, mais ne payent ni taxes ni impôts.
Le gouvernement est gêné
Au ministère de la Bonne Gouvernance, ils semblent gênés par cette mauvaise cotation de la Banque Mondiale. Pour Gérard Nyamwiza, secrétaire permanent audit ministère, c’est paradoxal que la Banque Mondiale évalue mal le Burundi, alors que la Belgique vient d’apprécier les actions du gouvernement en matière de la bonne gouvernance. « C’est pourquoi elle vient de nous octroyer une enveloppe de 50 millions d’euros », précise-t-il.
Pourtant, un communiqué de presse de l’ambassade de Belgique mentionne que malgré la libération de ces 50 millions d’euros, le chemin à parcourir, pour établir un état de droit irréprochable au Burundi, est encore long. Il fait référence aux « pressions sur certains militants des droits humains et des journalistes » et « assassinats de nature politique. »
« La corruption gangrène nos institutions »
« Ces classements de la B.M. sont très nécessaires, car ils permettent au pays de se corriger », souligne Faustin Ndikumana, président de Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités (Parcem). Il se souvient qu’en 2006-2007, le Burundi a été classé parmi les « élèves cancres » de la Banque Mondiale, des pays en- dessous de la moyenne.
Au Burundi, explique le président de Parcem, c’est le phénomène de la corruption qui fragilise l’efficacité des institutions publiques. Malheureusement, dit-il, on constate des faiblesses dans la manière dont l’exécutif s’implique dans la politique de lutte contre la corruption pour asseoir les pratiques de la bonne gouvernance.
Selon M. Ndikumana, il faut lutter contre l’enrichissement illicite et le blanchiment d’argent pour les mandataires publics et certains opérateurs économiques véreux, à travers une surveillance de l’Office Burundais des Recettes (OBR). « Une activité économique menée par une autorité doit être connue pour le paiement de l’impôt, sinon, ces biens doivent être saisis », estime-t-il. Le président de Parcem propose la mise en place d’une politique monétaire qui permet aux banques d’avoir des liquidités nécessaires pour financer l’économie. Il faut, enfin, d’après lui, que le gouvernement lutte contre la corruption, en encadrant le pauvre à se prendre en charge lui-même.