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Usure ou escroquerie : deux femmes à couteaux tirés. L’une dégaine alors qu’elle est à Mpimba

05/05/2013 Commentaires fermés sur Usure ou escroquerie : deux femmes à couteaux tirés. L’une dégaine alors qu’elle est à Mpimba

Evelyne Izobiriza affirme avoir prêté 84 millions de Fbu à Claudine Nininahazwe actuellement emprisonnée à Mpimba. Celle-ci lui aurait remis des chèques sans provisions. Pour Claudine Nininahazwe, la somme évoquée constitue le capital et les intérêts dans une affaire d’usure.

<img6044|left>Très remontée, Evelyne Izobiriza rejette en bloc [toutes les accusations portées contre elle par Claudine Nininahazwe et Benoît Ntorogo->http://iwacu-burundi.org/spip.php?article3998], son mari : « Comment peut-elle affirmer que je lui prêtais de l’argent avec un taux d’intérêt de 30% ou 35% ? Ce n’est qu’un pur mensonge. »
Selon elle, elle a prêté 84 millions de Fbu à Claudine Nininahazwe qui refuse de lui rembourser. Et si elle est aujourd’hui en prison, confie-t-elle, c’est pour lui avoir donné des chèques sans provisions en guise de remboursement.

Mme Izobiriza affirme que ce contentieux remonte à 1999 lorsqu’elle travaillait dans la province Muyinga dans un projet de réinsertion des sinistrés : « A cette époque, je faisais des affaires entre Bujumbura et Kampala, en plus de mon travail. J’avais un magasin de matériel de construction au quartier asiatique. »

Retrouvailles et début des affaires ?

Peu de temps après, poursuit-elle, Claudine Nininahazwe lui confie avoir des connaissances qui travaillent dans les organisations onusiennes. « Elle m’a dit qu’elle gagnait souvent des marchés de fourniture de différents articles. Elle m’a montré des bons de commande du BINUB et demandé de lui donner de l’argent quitte à partager les intérêts. »
Evelyne Izobiriza affirme avoir donné 5 millions de Fbu à Mme Nininahazwe et elles ont partagé l’intérêt. Quelques jours après, ajoute-t-elle, elle a donné à Claudine Nininahazwe 28 millions de Fbu qu’elle n’a pas remboursé. Claudine Nininahazwe lui a révélé que son mari voulait vendre leur propriété située en commune urbaine de Rohero pour qu’elle puisse investir dans un bureau de changes. « Elle m’a dit que cette maison est évaluée à 300 millions de Fbu. Elle m’a proposé d’être son associée à parts égales et je l’ai aidé à chercher une maison à louer pour ce projet », précise-t-elle.

Trois jours après, se rappelle Evelyne Nininahazwe, Claudine lui dit avoir eu un client et la supplie de lui prêter 30 millions de Fbu afin de régler les dettes liées à l’impôt foncier non payé à la mairie. «  J’étais réticente, mais elle m’a montré un accord conclu entre elle et son mari, le 3 avril 2007, où Benoît Ntorogo affirme que ladite maison lui appartiendrait s’il lui arrivait quelque chose. Cela m’a convaincue et je lui ai donné 25 millions de Fbu. » Et elle ajoute que quelques jours après, Claudine Nininahazwe lui a encore demandé 28 millions de Fbu pour une attestation de non redevabilité à l’Office Burundaise des Recettes (OBR).

Emission des deux chèques

Selon Evelyne Izobiriza, Claudine Nininahazwe l’informera, plus tard, avoir vendu la maison à 280 millions de Fbu et que les acheteurs lui ont donné 180 millions. « Je lui ai demandé de me rembourser, mais elle m’a dit d’attendre à cause de son mari qui ne devait rien soupçonner. »
Evelyne Izobiriza affirme avoir demandé à Claudine Nininahazwe de lui écrire une reconnaissance de dettes : « Elle l’a fait mais je lui ai exigé qu’il y ait des signatures de nos conjoints. Et elle a refusé. C’est alors qu’elle m’a donné deux chèques, de 42 millions de Fbu chacun, à toucher le 10 mai 2011. J’ai déchiré la reconnaissance de dettes et j’ai gardé les chèques. »

Elle signale qu’il n’y avait rien sur le compte de Claudine Nininahazwe, à la date convenue. C’est ainsi qu’elle décide de porter plainte au parquet près la Cour d’Appel de Bujumbura. D’après Mme Izobiriza, le parquet a convoqué, à plusieurs reprises Mme Nininahazwe, mais celle-ci s’arrangeait pour ne pas venir au tribunal, prétextant être en repos médical. « Ces repos médicaux duraient parfois un mois », précise-t-elle.

A son grand étonnement, Claudine Nininahazwe décide de porter plainte contre elle pour usure: « Ce qui m’a le plus surpris, c’est l’attitude d’un magistrat qui me demandait la provenance des 84 millions, les relevés de mes comptes, les attestations de service. » Par la suite, elle fait la connaissance de plusieurs personnes qui ont aussi reçu des chèques sans provisions et qui affirment avoir prêté de l’argent à Claudine Nininahazwe. Le groupe décide de porter l’affaire chez Valentin Bagorikunda, procureur général de la République, qui décidera de transférer le dossier au Parquet général en mairie de Bujumbura.

« C’est moi qu’on a voulu tuer »

Cette mère de cinq enfants demande que son argent lui soit restitué : « Je demande que le tribunal statue au plus vite sur son cas pour qu’elle me rembourse mon argent. »
Le plus désolant souligne-t-elle, c’est que Claudine Nininahazwe refuse de comparaître au parquet général en mairie de Bujumbura. Pourtant, d’après elle, elle ne se prive pas de sortir pour ses affaires.
Concernant le montage d’assassinat dont parle Benoît Ntorogo, le mari de Claudine, pour le forcer à lui payer les 84 millions, Evelyne Izobiriza réplique : « C’est moi qu’on voulu tuer. » D’après elle, au moment où elle a prêté son argent à Claudine Nininahazwe, elle savait qu’elle s’était mariée sous le régime de la séparation des biens.

En outre, poursuit-elle, elle n’a jamais interrogé Elysée Nishimwe dans les bureaux du service national des renseignements, comme le prétend ce dernier. Tout ce qu’elle a fait, soutient-elle, c’est informer ce service suite au comportement suspect de Lydia Nyahoza, Elysée Nishimwe et Ildéphonse Nsavyimana (des amis de Claudine Nininahazwe). « J’avais cru que ces gens voulaient me lyncher et j’ai demandé à ce service d’entamer des enquêtes. Le SNR a fait ces enquêtes et les a clôturées en relâchant Elysée Nishimwe », explique-t-elle.

Par ailleurs, conclut-elle, Ildéphonse Nsavyimana s’est rétracté en adressant une correspondance au procureur général près la Cour d’Appel de Bujumbura où il affirme qu’Elysée Nishimwe et Lydia Nyahoza l’ont associé dans la planification de faire emprisonner Evelyne Izobiriza.

« La justice ne veut pas enquêter sur l’usure dont je suis la victime »

Claudine Nininahazwe persiste et signe : « Toutes les enquêtes du magistrat en charge du dossier portent sur l’escroquerie et l’émission des chèques sans provisions dont je suis accusé. Ils ne veulent pas enquêter sur le cas d’usure dont je suis la victime », martèle-t-elle.

Et d’expliquer qu’elles étaient des amies de longue date. En 2009, poursuit-elle, Evelyne Izobiriza lui apprend qu’elle prête de l’argent avec intérêt aux gens contre une garantie d’un chèque. « Je lui ai demandé de me prêter 1.800.000 Fbu et elle m’a exigé de lui verser 200 mille Fbu d’intérêts chaque fin de la semaine. Cette opération a duré 8 semaines et elle a encaissé 1.600.000 Fbu d’intérêts. »
Après avoir constaté que je lui payais bien, indique Claudine Nininahazwe, elle m’a donné 25 millions en trois tranches. « Elle m’a d’abord donné 10 millions, puis 10 millions et enfin 5 millions qui devaient générer 30% d’intérêts le mois. »

Mme Nininahazwe soutient qu’elle a remboursé à Evelyne Izobiriza, par versement bancaire, 21.600.000 Fbu du capital de 25 millions : « J’ai versé sur son compte bancaire à la Bancobu 9.750.000 Fbu, le 3 février 2011, 6 millions, le 4 février et 5 millions, le 10 février 2011. Mais cela ne l’a pas empêché de me dire qu’en capitalisant les intérêts jusqu’au 10 mai 2011, la somme à lui rendre sera de 84.776.608 Fbu.»

Des preuves d’usure ?

Ce jour là, se rappelle Claudine Nininahazwe, elle lui a donné deux chèques de garantie : l’un de 33.776.644 Fbu et l’autre de 50.865.964 Fbu. Ayant remarqué des erreurs dans le calcul, elles l’ont repris et sont tombées sur 84.078.000 Fbu. C’est ainsi affirme Claudine Nininahazwe qu’elle lui a donné deux nouveaux chèques, l’un de 42 millions de Fbu et l’autre de 42.078.000 Fbu : « Nous étions à Jabe chez Anitha, une amie commune. Elle m’a demandé de lui écrire une reconnaissance de dette. Il y avait nos signatures, comment nous avons calculé et les délais que nous nous sommes fixés pour lui payer, mais elle l’a déchiré. J’ai ramassé les morceaux, après son départ et je les ai recollés. »

« Je ne l’ai jamais associée dans mon projet »

Pour Claudine Nininahazwe, c’est une preuve d’usure qu’Evelyne Izobiriza ne veut pas reconnaître. Que cette dernière prétende lui avoir prêté de l’argent pour régler les dettes de la maison et l’attestation de non rédevabilité de l’OBR ne tient pas débout. Car son mari avait cette attestation longtemps avant de vendre cette maison. Idem pour l’impôt foncier à la mairie.

De surcroît, soutient-elle, elle n’a jamais eu l’intention d’associer Evelyne Izobiriza dans son projet de bureau de changes. Pour preuve, avance-t-elle, lorsqu’elle a contacté un notaire, le 10 décembre 2010, il était spécifié qu’elle est une associée unique.
Concernant l’accusation du refus de comparaître, Claudine Nininahazwe n’en revient pas : « Comment refuserais-je de comparaître, alors que c’est ce que je demande depuis six mois. » A son sens, la justice devrait être impartiale et la libérer pour, d’abord, se faire soigner. Concernant le remboursement des 84 millions de Fbu, elle indique qu’elle a déjà payé à Evelyne Izobiriza son capital.
Iwacu a contacté Anitha et le procureur général en mairie de Bujumbura pour qu’ils s’expriment. En vain.

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