Deux factions de l’Uprona de l’opposition se disent prêtes à transcender leurs divergences pour se remettre ensemble. Ultime tentative de réunification du parti se réclamant de l’héritage politique du Prince Louis Rwagasore ?
Le clan Ngayimpenda et celui de Nditije se disent conscients de l’urgence d’un grand rassemblement pour redorer le blason de leur parti. C’est ce qui ressort d’une une réunion tenue dimanche 18 mars au bar la Béliane.
A l’issue de cette rencontre, un document a été élaboré. Un acte d’engagement pour la réconciliation du parti contenant des propositions pour le renforcement du parti Uprona. Au cours de la semaine écoulée, les militants des deux côtés se relayaient pour le signer. En le paraphant, chaque militant se jure, entre autres, de travailler sur les voies et moyens de recouvrir le cadre légal du fonctionnement du parti. En outre, il se doit de réfléchir sur les scénarii possibles et les stratégies de participation effective au débat politique.
« C’est un grand pas vers le ralliement de tous les Badasigana », affirme Evariste Ngayimpenda, vice-président de l’une des deux franges dissidentes. Quant à Bonaventure Gasutwa, coordonnateur de l’aile Nditije, c’est le début d’un chapitre prometteur pour le parti de Rwagasore.
Pour eux, le souhait de leurs militants à la base est exaucé. Pour rappel, une brouille avait éclaté entre les deux factions en 2016 : M. Ngayimpenda avait voulu évincer de la présidence Nditije en exil. A l’époque, les deux étaient les représentants de l’Uprona non gouvernementale. Une branche qui se disait légitime, mais non reconnue par le ministère de l’Intérieur.
2020 en ligne de mire
La dynamique va-t-elle continuer jusqu’à atteindre la frange légale ? Formellement rien n’est encore engagé. Néanmoins, M. Ngayimpenda assure que cette idée effleure l’esprit de nombreux Badasigana. «La frange gouvernementale nous reprochait d’être nous-même en faction. Maintenant que nous pouvons parler à l’unisson, peut-être que les choses pourront évoluer.»
Abel Gashatsi, président de l’Uprona de Kumugumya, ne s’oppose aucunement à leur retour. « Notre parti est en train d’accueillir de nouveaux militants, pourquoi refuser ceux qui se réclament du parti ? »Il rappelle que réunifier le parti demeure son cheval de bataille. Une promesse sur laquelle il a été élu en 2016. Par ailleurs, la direction se dit disposée à les intégrer dans les organes.
Ce processus de réunification semble bien parti. D’autant plus que le camp Concilie, récemment entré en fronde contre Gashatsi, est en passe de rejoindre ce processus de réunification en cours. Mais plusieurs points de discorde, et non des moindres, subsistent.
Selon un membre de l’équipe Ngayimpenda, Gashatsi veut intégrer leurs militants dans toutes les instances (communales, provinciales et comité central), hormis la direction du parti. « S’il faut nous intégrer, nous devons figurer dans tous les organes du parti ». Cet ancien haut dignitaire fait savoir qu’ils sont prêts à accepter le poste de vice-président du parti. Comme les élections approchent, le poste de directeur de campagne doit également leur revenir. « Nous sommes mieux acceptés par la base », explique-t-il.
Mais il demeure un facteur X dans cette question : le pouvoir va- t-il bénir ce processus ? Quelle que soit l’issue, la course au positionnement pour les élections de 2020 est engagée.