Pour le politologue Siméon Barumwete, la politique a supplanté la loi, puisqu’il y a eu des ordres d’une autorité supérieure au ministre de l’Intérieur.
Le sénateur Emmanuel Nkengurutse, issu de l’Uprona, a dénoncé ce non-respect de la loi, en accusant le premier vice-président, Térence Sinunguruza, de continuer à diviser le parti en étant l’instigateur du congrès de Gitega. Lui emboîtant le pas, le député Ladislas Ncahinyeretse a demandé aux autres formations politiques de ne pas reconnaître les dirigeants issus de ce congrès.
Pour Poppon Mudugu, député uproniste, c’est un pseudo-congrès qui vient plonger l’Uprona dans le gouffre. De son côté, Julien Nimubona, ministre issu de l’Uprona, le qualifie de divisionniste : «…C’est un congrès illégal, organisé par ceux qui se foutent de l’intérêt du parti, mais qui s’attachent aux menus avantages du moment. Je regrette qu’un parti historique comme l’Uprona vole en éclats, terrassé par ceux qui prétendent militer pour lui. » Néanmoins, beaucoup s’attendaient à ce que sa déception largement médiatisée soit suivie par sa démission…
Il est évident que la direction de l’Uprona a été à bonne école en côtoyant le parti au pouvoir dans ses manœuvres machiavéliques. Car la décision de la Cour Suprême ne signifie pas la prise de conscience de son devoir de rendre justice, comme a semblé le croire Jean Baptiste Manwangari. Le fait que ce jugement soit tombé au lendemain du refus des parlementaires upronistes d’accepter la nouvelle équipe de la CENI proposée par le pouvoir, apparaissait comme une mise en garde à l’endroit de Kumugumya.
Mais comme les dirigeants de l’Uprona savent que le pouvoir a besoin d’eux pour sa légitimité, ils ont menacé ce partenariat pour se maintenir à la tête du parti et protéger leurs intérêts. Et il ne faut pas être grand clerc pour imaginer la suite de cette relation entre les deux compères. Soit Kumugumya accepte de ne plus mettre des bâtons dans les roues du parti présidentiel et la Cour Suprême se prononcera en sa faveur, soit il continue à jouer aux fauteurs de troubles et le courant de réhabilitation de l’Uprona gagnera le procès. Avec le risque de faire le ménage à Kumugumya et dans les institutions, fragilisant ainsi de plus en plus le parti de Rwagasore.
Mais ces hypothèses ne sont plausibles que si le parti Uprona existe toujours puisque, d’après le bâtonnier Isidore Rufyikiri, ce parti n’a actuellement pas de personnalité juridique, ces représentants étant illégaux.