Bonaventure Niyoyankana et ceux qui le soutiennent viennent de porter un coup à leurs opposants en organisant les congrès communaux. Mais, pour l’autre partie, rien n’est encore gagné et chaque camp recharge ses batteries pour une prochaine bataille.
Prévus pour commencer le 15 mai 2011, comme l’avait programmé la dernière réunion du comité central de l’Uprona, les congrès communaux ont débuté avec deux semaines de tard, et se sont terminées le 26 juin. Selon Tatien Sibomana, cela prouve que Bonaventure Niyoyankana est insensible au respect des textes qui régissent le parti : « Un congrès communal est convoqué par le comité provincial et, qu’on soit président légitime ou pas, on doit respecter les textes du parti », indique-t-il. Il souligne que Niyoyankana a pourtant désigné n’importe comment des gens, surtout des cadres de la 1ère vice-présidence, pour aller présider ces congrès, alors que certains ne sont membres d’aucun organe dirigeant du parti. En clair, remarque M. Sibomana, Niyoyankana et Sinunguruza sont en train de remettre en cause le processus de la réunification qui a coûté tant d’énergie au parti du Prince Louis Rwagasore.
Faux, crient des sources proches de Kumugumya, pro Niyoyankana : « Les dissidents de Niyoyankana, comme Tatien et Manwangari, n’ont jamais voulu des congrès communaux parce qu’ils savent que la base les rejetterait», déclarent-elles. Et la réaction de l’actuel président du parti est sans équivoque : « Je ne répondrai plus aux propos de gens qui ne me reconnaissent pas comme président du parti, et que je ne considère plus comme des membres de l’Uprona. Qu’ils parlent, ils finiront par se fatiguer. »
Un éternel conflit de génération
Selon les mêmes sources de Kumugumya, les problèmes sont créés par certains individus qui se considèrent comme incontournables à l’Uprona, pour lesquels rien ne peut être fait sans eux. Pour ces sources proches de MM. Niyoyankana et Sinunguruza, il ne s’agit que d’un simple conflit de génération, qui poussent certains « vieux » à faire une lecture restrictive des statuts, puisque l’article 55 donne au président du parti le droit d’organiser les congrès à touts les niveaux. Ils rappellent également que c’est normal que les cadres de la 1ère vice-présidence aient participé à ces congrès, puisqu’ils sont d’abord, avant tout, des upronistes membres du bureau exécutif choisis par province.
Par contre, soulignent les même sources, tous ces cadres sont tous issus de l’ « Initiative pour le changement » et se nomment Amasuka. « Ces derniers, surtout des jeunes, se sont donné comme objectif de faire des réformes à l’Uprona, en y injectant du sang nouveau pour renouveler l’élite. »
Un parti qui se fragilise…
Visiblement, les antagonismes idéologiques à l’Uprona assombrissent fatalement son horizon, pourtant porteur d’espoir selon les efforts de réunification longtemps entrepris. Pour les dissidents de MM. Niyoyankana et Sinunguruza, ces derniers veulent satisfaire aux directives du Cndd-Fdd au détriment de ceux des upronistes. Selon Tatien Sibomana, un parti historique comme l’Uprona qui a géré le pays pendant des années ne peut pas se laisser faire : « Que ce soit Sinunguruza ou Niyoyankana, ils seront défaits. »
A Kumugumya, cependant, ils assurent que les rapports de force ont basculé en faveur des Amasuka : « On va leur [les pro Tatien Sibomana, Ndlr] imposer notre rythme et ils devront s’y conformer, parce que nous avons l’ambition de prendre le parti. Personne ne le dirigera sans notre soutien, et il n’y aura plus jamais d’ailes », prévient-on.
Il est cependant à déplorer que, à cause de cette guerre interne, les forces ont été éparpillées et le parti, affaibli, perd sa crédibilité face à ses partenaires, et ne remplit plus sa mission première qui est de représenter la population.