Les finalistes de la première promotion du Baccalauréat dans la Faculté de Génie civil à l’Université Ntare Rugamba ont fait un sit-in mardi 15 octobre devant le siège de cet établissement. Ils dénoncent une ‘‘rétention coupable’’ de leurs documents académiques par la direction.
Cinquante-trois jeunes femmes et hommes qui voient leur avenir hypothéqué. Ce mardi, devant l’immeuble qui abrite les bureaux de la direction, plus d’une vingtaine parmi eux manifestent leur colère face au blocage de leurs documents académiques.
De jeunes perdus, déboussolés, sous un soleil de plomb. Pour la nième fois, ils viennent encore d’être déboutés : «Vous ne pouvez pas voir le recteur, le seul habilité à répondre à vos doléances. Il n’est pas là», leur informe le secrétaire, rapporte Jacques (pseudo), l’un des étudiants. «Nous savons néanmoins qu’il est là au bureau, nous l’avons vu. La réponse a été toujours celle-là»
Depuis février, ils demandent en vain leurs documents. Pourquoi? «Au terme du cycle de baccalauréat (trois ans), l’administration rectorale nous a exigé de faire quatre ans au lieu des trois prévus par l’ordonnance régissant le système BMD. Nous avons refusé». Ils ont protesté jusqu’à faire une grève.
Avec le refus, le plus dur commençait. Certains des étudiants, soupçonnés instigateurs des protestations, se sont vus rayés de la liste des étudiants du Bac III. Une note annulant leur inscription pour cette année académique est tombée fin février 2019. Plus tard, ils apprendront que le Bac III a finalement été annulé pour tout le monde. «Dès lors, nous n’avons plus eu le droit de retirer nos documents. Même les bulletins des deux premières années. On nous exige de d payer les frais de l’année annulée et l’inscription pour la reprendre».
Aux yeux de ces étudiants, une ‘‘rétention coupable’’. «Au minimum, ils nous accorderaient les relevés de notes des deux premières années. Nous en avons complètement droit.» Tout fâché, Jacques dénonce un stratagème de soutirer de l’argent. «Comment exiger les frais pour prendre une autre inscription. Même si l’année est annulée, on n’est pas contraint de rester sur le même établissement»
Ces étudiants disent être victimes de ce blocage. «Depuis juillet, j’ai déjà raté trois opportunités», maugrée Léonard, tout en sueur. Les appels d’offres des ingénieurs sont légion ces derniers jours. « Aujourd’hui même, quelqu’un de l’institution où j’ai fait mon stage académique m’a appelé pour me proposer un emploi. Mais il m’a dit de lui envoyer au moins une attestation de fréquentation », regrette Claude, un autre étudiant. Et de demander à toute autorité compétente de voler à leurs secours. «Nous sommes dans le désarroi».
Interrogé, le recteur de l’Université Ntare Rugamba soutient n’être pas au courant de ces plaintes. «Ils ne m’ont jamais fait part de ces doléances», a répondu Philippe Buyungu, ajoutant cependant, sans détails, leur avoir adressé une ‘’correspondance qui n’a pas eu de réponse’’.