Face à la saturation des auditoires et partant au manque de places pour les nouveaux à l’Université du Burundi (UB), de nombreux lauréats de l’examen d’État 2024 se voient redirigés vers l’Ecole Normale Supérieure (ENS). Cela suscite frustration et questionnements sur leur avenir.
Dans un communiqué publié le 6 janvier 2025, le ministère de l’Éducation nationale et de la Recherche scientifique a annoncé que le processus d’orientation des lauréats se poursuivra jusqu’au 11 janvier à l’Ecole Normale Supérieure. Cette prolongation intervient dans un contexte marqué par une insuffisance de places disponibles à l’UB.
Selon les critères du ministère, les lauréats ayant exprimé leur choix pour les filières de l’UB mais n’ayant pas obtenu une place sont désormais orientés vers l’ENS, à condition qu’ils remplissent les seuils minimaux exigés pour chaque section.
Cependant, cette alternative, bien qu’offrant des opportunités, ne semble pas satisfaire les aspirations de nombreux lauréats qui rêvaient d’étudier à l’UB pour accéder à des filières qu’ils estiment en adéquation avec leurs ambitions professionnelles.
Des défis persistants
Des étudiants rencontrés à l’ENS perçoivent cette redirection comme une entrave à la réalisation de leur projet académique. La déception se lisait sur les visages de la plupart des étudiants.
Il est 13 h au campus Kigobe de l’Ecole Normale Supérieure (ENS). Au tableau d’affichage situé dans les enceintes de ce campus, les lauréats de 2024 se bousculent, chacun parcourant du regard différentes listes pour voir si son nom apparaît.
Certains parmi eux se demandent pourquoi il n’y a plus de place à l’Université du Burundi. « Comment expliquer ce phénomène ? Est-ce que le nombre d’élèves a doublé par rapport aux années antérieures ? », se demandent-ils.
La question des recours était sur les lèvres de plusieurs étudiants. Triste, A.N. se demande s’il va y avoir des recours. « On m’a orienté dans la faculté des Mathématiques alors que j’ai fait les Langues à l’école fondamentale. Je ne peux pas m’en sortir. Je ne sais pas s’ils vont accepter que je change de faculté ».
Désorientés, les étudiants non classés ne savent pas où donner de la tête : il n’y a pas d’inscriptions à l’Université du Burundi et ils n’ont pas de moyens pour l’université privée. « Notre avenir est compromis », se désolent certains étudiants approchés, déçus par le tableau d’affichage.
« Où est-ce que nous allons aller ? Qu’est-ce que nous allons faire ? Nous n’avons pas les moyens pour nous inscrire dans les universités privées. Qu’est-ce que nous allons devenir ? », s’interroge un lauréat qui n’a pas eu la chance de retrouver son nom sur différentes listes affichées.
« Il nous faut rentrer pour travailler dans les champs », lance une étudiante avec un air taquin, histoire de détendre l’atmosphère devenu électrique.
Critères, équité et alternatives : précisions du DG
Selon le professeur Willy Marcel Ndayitwayeko, directeur général de l’enseignement supérieur, les critères ne varient pas selon les places que font les universités publiques. Elles varient selon la réussite à l’examen d’État et de la demande de la faculté prisée. « Cela dépend du nombre d’étudiants ayant réussi et de la demande pour chaque secteur. Certains secteurs sont plus compétitifs en raison de leur popularité et du nombre limité de places disponibles ».
Selon lui, les étudiants remplissant les conditions d’orientation à l’UB ne risquent pas de se sentir lésés. « Non, car le processus est basé sur la compétition, et surtout, sur le système de bourses établi par l’État. Cela garantit une certaine équité dans l’allocation des places ».
Sur la question des places qui peuvent être insuffisantes à l’ENS, Marcel y répond ainsi : « L’ENS accueillera les étudiants en fonction des places disponibles. Pour les autres, les écoles secondaires publiques étant peu nombreuses, les établissements privés viendront en appui pour combler le manque de places.»
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