« Il a été blessé grièvement au niveau du visage et du cou autour de la gorge. Il a aussi subi des coups dans le dos ». Un étudiant décrit la torture vécue par son camarade de classe. Emile Nduwimana a été littéralement tabassé par d’autres étudiants qui « faisaient la patrouille » dans les enceintes du campus Mutanga, samedi 24 septembre à 22h.
N’ayant pas de proches à Bujumbura, la victime a été obligée de retourner chez ses parents à Buhiga, province Karusi . Il serait dans un état critique. « Emile ne peut pas facilement manger ou parler. Il essaie de prendre des médicaments », témoignera un proche à Iwacu. L’enquête menée par notre journal montre que des motifs politiques seraient à l’origine de cette violence : Emile est un fervent militant du parti Cnl alors que ceux qui montent la garde, qui font le guet, sont du parti Cndd-Fdd.
Certes, faire la politique est un droit reconnu à tout citoyen majeur. Au Burundi, les textes légaux accordent à la jeunesse le droit de s’enrôler dans les formations politiques. Mais cela doit se faire dans le strict respect des valeurs positives de tolérance mutuelle. Par-dessus le marché, les universitaires devraient faire les leurs ces normes.
En 1972, les campus universitaires ont vécu des tragédies. Mais n’eût-été le massacre de dizaines d’étudiants par leurs camarades la nuit du 11 au 12 juin 1995, l’institution universitaire était restée (relativement) épargnée par les crimes qui ont endeuillé le Burundi. « Rumuri », le flambeau, c’est ce nom élogieux que l’on donnait à un étudiant. Tout un symbole. Un étudiant devrait être un modèle, un éclaireur.
Ainsi, en dépit des courants politiques, par le passé, les étudiants se sont montrés solidaires pour défendre leurs intérêts et ceux de la Nation. A titre illustratif, ce sont des étudiants de l’Université du Burundi, indistinctement de leur appartenance ethnique et politique, qui ont été les premiers à se mobiliser contre le système de « pondération par âge » que le gouvernement voulait introduire au niveau de l’école primaire en 1987. Ce système qui envisageait l’ajout des points à la note du concours national de la 6e année aux élèves les plus jeunes. Il allait favoriser les écoliers des villes qui commençaient l’école trop tôt et qui ne connaissaient pas beaucoup de redoublements.
Les autorités universitaires doivent faire des efforts pour décourager la politisation malsaine de cette institution, naguère qualifiée de grenier du savoir. La diversité, le pluralisme politique ne devraient représenter ni une menace, ni un danger. Ce qui, apparemment, à la lumière de ce qui vient de se passer, n’est plus le cas. « Une place dénommée ‘Inama nshingiro’, bien aménagée avec des bancs où se rencontrent souvent des étudiants membres du parti au pouvoir, a été installée devant le pavillon 9. Elle sert aussi de place pour les tortures envers les autres étudiants », témoigne un étudiant qui s’est confié à Iwacu.
Avec cette agora où devraient se battre les idées, mais qui est décrit de cette manière par certains étudiants, l’Université du Burundi n’est plus le flambeau.
Le cas d’Emile Nduwimana commande une enquête, une réponse vigoureuse, l’arrestation et l’interpellation des coupables en vue de rétablir la confiance entre toutes les composantes de la communauté universitaire. « Fabriquer l’homme, c’est lui dire la limite », dixit Pierre Legendre.
« Le massacre de dizaines d’étudiants par leurs camarades dans la nuit du 11 au 12 juin 1995 »:
Ma réaction même si je ne suis pas sûr qu’elle sera publiée. Le choix des mots ou le style que vous utilisez dans votre façon d’écrire est pour le mois une insulte à la mémoire de tous ceux qui ont été « genocidés » , leurs familles et tous ceux/ celles qui ont été touchés par ces ignominies, mot approprié que vous avez honte d’utiliser. Ensuite vous affirmez que ce sont des « dizaines », pourquoi pas des centaines? Vous êtes sûr qu’il n’y avait une main extérieure qui supervisait ce génocide (autorités rectorales, administratives territoriales et militaires avec leur moyens logistiques camions et autres véhicules, milices de l’époque entre autre SOJEDEM, PA amasenkanya…
« A titre illustratif, ce sont des étudiants de l’Université du Burundi, indistinctement de leur appartenance ethnique et politique, qui ont été les premiers à se mobiliser contre le système de « pondération par âge » que le gouvernement voulait introduire au niveau de l’école primaire en 1987. »
Adieu, la belle époque des poilissimes, omniscients, omnipotents. Vive le militantisme aveugle.
@Maningo Jean claude
« Adieu, la belle époque des poilissimes, omniscients, omnipotents. Vive le militantisme aveugle. »
En tous cas, à cette époque les poillissimes avaient pris d’énormes melons (comme diraient les parisiens): omniscients et omnipotents! Qualificatifs dédiés au Dieu d’Abraham. Le problème: ne participaient-ils pas plus tard dans la gestion du pays lors que ce dernier a sombré? Qu’ont-ils pu sauver à part leur peau?
Malheureusement le flambeau s’est éteint depuis longtemps
Depuis quelle époque ?