Proscrit à l’Université du Burundi par une ordonnance ministérielle de 2007, le baptême universitaire ne se fait plus malgré que certains étudiants tentent de le restaurer. Des avis divergent sur la restauration de ce rite initiatique.
On les reconnaît de loin. Têtes rasées et cartables en plastique. Eux, ce sont les « puants », terme consacré pour désigner les nouveaux étudiants qui intègrentl’Université du Burundi (UB). Pour cette année académique 2015-2016, pas de rituel d’initiation car les autorités de l’UB veillent au grain. «Nous savons que le baptême a été supprimé. Toutefois, nous nous rasons la tête pour nous différencier des anciens », confie un de ces nouveaux étudiants. « Certains étudiants veulent toujours ‘baptiser’ les nouveaux. Nous faisons tout pour juguler cette pratique », indique Paul Hakizimana, directeur des services académiques à l’UB. Et d’ajouter que ceux qui s’adonnent à cette pratique interdite seront sanctionnés suivant la loi. Il fait savoir que chaque classe a désormais un conseiller pédagogique, choisi parmi les professeurs, pour aider et guider les nouveaux étudiants. Une tâche autrefois dévolue aux «poillissimes» (anciens étudiants qui ont subi le baptême).
L’ordonnance ministérielle du 7 décembre 2007 stipule que, suite à des actes de violence posés par des étudiants sur des personnes du cadre professoral et de la direction de l’UB, le ministère de l’Education a décidé de bannir le baptême universitaire ou toute pratique similaire. Dans la foulée, plusieurs étudiants ont été suspendus et l’Association des Etudiants de Rumuri (ASSER) interdite.
Une pratique vieille de plusieurs années
«Le bien fondé du baptême universitaire était l’intégration de nouveaux étudiants », raconte Eric Nkenguburundi, président du comité exécutif de l’ASSER de 2005. Les nouveaux étudiants viennent des quatre coins du pays avec des comportements différents, poursuit-il, il fallait ainsi un même code de conduite. «C’était une façon de préparer l’étudiant à vivre pacifiquement avec les autres. Amener l’étudiant à respecter certains endroits, comme le restaurant, la bibliothèque, afin d’éviter le désordre. L’autre but du baptême était de montrer aux nouveaux étudiants l’organigramme, les facultés et instituts et toutes les structures administratives pour les différentes réclamations. »
Pour Rémy Ndayisenga, aujourd’hui fonctionnaire, le baptême renforce la solidarité des étudiants. « De plus, on se respectait entre nous. Riches, pauvres, fils de paysans ou de cadres, nous étions au même rang », se souvient-il. « Avec le baptême, il y avait des interdits moraux et sociaux. Il fallait faire preuve de bonnes manières, partout.
Aujourd’hui, de nouveaux comportements s’observent à l’UB : bagarres, vols, etc. Cela n’existait pas avant », déplore E.R, fonctionnaire lui aussi.
Des dérapages au fil des années
«On nous faisait faire des exercices militaires. C’était très fatigant, alors que nous devions suivre des cours », se souvient Jean Claude Nshimirimana. Il ajoute que, parfois, il y avait des blessés au cours de l’initiation. Plusieurs observateurs attribuent ces dérapages à la crise que le Burundi a traversée et au service militaire obligatoire (SMO). « Avec le SMO, le baptême est devenu plus physique qu’intellectuel.», indique Eric Nkenguburundi.
«Au fil des années, le baptême universitaire a changé de visage. Vous vous souvenez des heurts entre les étudiants de l’ISCAM et ceux de l’UB à cause du bizutage en 2014? Il fallait que cette pratique cesse », souligne Paul Hakizimana. Le directeur des services académiques compare le baptême universitaire à la traite des esclaves. «D’ailleurs, le baptême était une atteinte aux droits fondamentaux des nouveaux étudiants.» Pour l’ancien président de l’ASSER, le baptême en soi n’est pas mauvais s’il est bien géré et qu’on le pratique sans violence.
Nicodème Bugwabari : « Je n’y suis pas seulement opposé, je suis hostile au baptême. »
«Nous avons plusieurs universités. Pourquoi alors dans les autres universités les choses marchent bien sans baptême ?», s’interroge le sociologue Nicodème Bugwabari. Pour lui, ce sont des pratiques dépassées dont notre temps n’a plus besoin. Il rappelle que les étudiants vivent dans des conditions effroyables et que tous ne peuvent pas vivre dans des résidences universitaires. Certains viennent à pied en provenance de différents quartiers et ne mangent pas suffisamment. «Nous les enseignants, nous nous rendons compte de leur fatigue. A 10 h, certains dorment déjà en classe. Je dis alors tout le temps à mes étudiants qu’ils ont plus besoin de pratiquer des actes de solidarité, de fraternité et d’humanité.» Pour lui, les étudiants doivent d’abord penser à ces problèmes.
Il déplore, par ailleurs, que le baptême se déroule dans les amphithéâtres, « ce qui ne se faisait pas dans le temps ». Autrefois, poursuit-il, on respectait les règles du baptême. Nicodème Bugwabari ne voit aujourd’hui aucune forme d’initiation digne de ce nom. Il exhorte les étudiants à ne pas jouer à des scènes de violences inutiles.
« Personnellement, j’ai l’impression de voir devant moi de grands adolescents en train de se défouler et d’extérioriser probablement la violence qui se trouve en eux par le biais du baptême. »
Oui, tout a change, y compris la politisation de tout a l’UB, la faim qui ronge nos etudiants alors que souvent, les chefs conduisnt des Jeeps ayant une valeur depassant $150000. Mr. Paul a raison.
Ivyo vyose Bugwabari n’ abandi bavuga barahumba ,nous, poillicims avons le devoir yo » gutitimura » aba puants ari vyo twita vyabindi!
Du as perdu la tête
Aba poillicim barasukana ntimuje na go ngo bapteme yahavuye kuko d’ un moment à l’ autre karashobora kunega! ! Murama mwiteze rero ko karandamuka vuba!
Cette pratique n’avait que deux buts: promouvoir la violence et l’impolitesse! La preuve est le comportement qui a caractérisé les étudiants de cette université durant la crise de 1993. Si réellement était pour promouvoir la solidarité, ils l’aurait manifesté pendant pans cette période difficile!
Raison au prof Bugwabari. Tout a changé avec les temps, d’autant plus que l’année 1972, avec la crise de l’époque, a généré un autre esprit et d’autres pratiques qui n’ont rien à avoir avec l’intégration et la solidarité auxquelles on fait allusion.
Il ne faut pas faire de 1972 un tremplin de tous les dérapages. J’ai grandi après 1972 mais j’ai vu que le baptême se passait bien à l’Université du Burundi. Les choses se sont gâtées en 1993 ou 1994 avec la promoton des « Tchéchènes » qui ont, pour la première fois fait montre de désobéissance à l’Université du Burundi étant « puants ». Peu à peu les valeurs ont continué leur descente aux enfers. Le Président Nkurunziza était président des puants presque deux décennies après 1972, pas d’amalgame donc.