Lundi 16 décembre 2024

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Université de Ngozi : Les jeunes déterminés à en découdre avec les VBG

16/12/2024 0
Université de Ngozi : Les jeunes déterminés à en découdre avec les VBG
L’ambassadrice Elisabetta Pietrobon : « Il n’y a pas d’excuses à la violence contre les femmes et les filles »

La délégation de l’Union Européenne (UE) au Burundi a organisé, mercredi 4 décembre 2024, à Ngozi, un dialogue participatif sur les VBG avec les étudiants de l’Université de Ngozi. Ledit dialogue visait à impliquer activement les jeunes dans la lutte contre les VBG, en les sensibilisant aux obstacles et en valorisant leur potentiel d’influence.

Organisé dans le cadre des 16 jours d’activisme qui sont célébrés dans le monde entier depuis 1991, ce dialogue a connu la participation des étudiants, des autorités de l’Université de Ngozi, du gouverneur de la province de Ngozi, des partenaires de l’UE tels que l’Association des femmes juristes du Burundi, Bibliothèque sans frontières, la Troupe des Enfoirés de Sanoladante, le Centre Seruka, AFRABU, AVSI, IRC, et le Youth Sounding Board. Trois artistes influenceurs DramaT, Vania Ice et Mow’ Kanzie ont également pris part à cette session de dialogue.

Le dialogue s’est penché sur trois thématiques à savoir l’éducation et autonomisation économique des femmes dans la lutte contre les VBG, la prise en charge holistique des survivantes et la masculinité positive.

Des témoignages des panélistes, des échanges d’expérience et surtout des scénettes de la Troupe des Enfoirés de Sanoladante et des concours de plaidoirie d’étudiants en droit sur les VBG ont retenu l’attention du public.

Un dialogue participatif mais aussi instructif

Parlant du premier thème, le public retiendra que la fille a droit à l’éducation au même titre que le garçon. L’éducation, ont fait observer les panélistes parmi lesquels figurait l’artiste Mow’ Kanzie, permet à la femme de s’émanciper et par conséquent de bien gérer les ressources financières de la famille.

Quant au deuxième thème, qui est la prise en charge holistique des survivantes des VBG, les experts dont l’Association des femmes juristes du Burundi (AFJB) ont expliqué qu’elle englobe une prise en charge médicale, psychologique, juridique et judiciaire. La chanteuse Vania Ice a eu son mot à dire en tant que panéliste.

Abbé Apollinaire Bangayimbaga : « Nous croyons fermement à l’égalité et à la complémentarité des genres »

Le dernier thème traité a été celui de la masculinité positive. Les panélistes, dont la star DramaT dont la présence a été fortement remarquée ont fait savoir que la masculinité positive désigne cet homme qui soutient et valorise les comportements respectueux et bienveillants envers les femmes.

Les étudiants de l’Université de Ngozi tout comme le recteur se sont dit prêts à s’engager dans la lutte contre les VBG en milieu estudiantin et au sein des communautés.

Prenant la parole, l’abbé Apollinaire Bangayimbaga, recteur de l’Université de Ngozi, a indiqué que la lutte contre les VBG est un sujet qui entre dans les missions de l’Université.

L’Université de Ngozi, a-t-il fait savoir, s’inscrit dans la Charte des droits de l’Homme proclamée le 10 décembre 1948 après la 2e guerre mondiale. Cette Charte visait les droits de la personne humaine et sa dignité.
« Nous croyons fermement à l’égalité et à la complémentarité des genres qui conduisent à la paix et au développement durable », a-t-il déclaré.

Des avancées, mais aussi des défis

Dans son discours, l’Ambassadrice de l’Union européenne au Burundi, Mme Elisabetta Pietrobon, a indiqué que l’UE s’est jointe à la campagne pour témoigner de son engagement aux côtés des acteurs nationaux dans la lutte contre les VBG.
En effet, a-t-elle fait savoir, le monde s’approche du 30e anniversaire de la Déclaration et Programme d’action de Beijing, en 2025. Elle a rappelé qu’en 1995, les pays du monde entier avaient pris des engagements pour faire avancer l’égalité de genre dans tous les domaines, mais malgré les avancées faites, beaucoup de défis persistent a-t-elle déploré.

« La crise de la violence basée sur le genre reste urgente dans le monde entier, y compris au Burundi, où 49% des femmes âgées de 15 à 49 ans ont déclaré avoir déjà subi des violences domestiques au cours de leur vie », a souligné l’ambassadrice de l’UE.

Pour elle, il n’y a pas d’excuses à la violence contre les femmes et les filles. Quand on parle de violences basées sur le genre, a-t-elle expliqué, on ne parle pas seulement du viol, mais également des violences psychologiques, du harcèlement dans le milieu scolaire ou dans le milieu de travail et des violences économiques, tels que le déni pour une femme d’accéder à l’héritage ou à la terre.

Pour l’Union européenne, a-t-elle insisté, l’égalité de genre est une valeur fondamentale, reconnue comme un droit universel, ainsi qu’un facteur essentiel pour la croissance économique, la paix et le développement inclusifs.
Et de rassurer : « L’Union européenne est, et restera, fortement engagée auprès de la République du Burundi pour relever les défis dans ce domaine et contribuer à l’atteinte de l’objectif de développement durable numéro 5, à travers la mise en œuvre de son Plan d’Action Genre ».

Des actions concrètes de l’UE au Burundi

A travers son action au Burundi, a informé l’ambassadrice Elisabetta Pietrobon, l’UE contribue à la prévention et à la lutte contre les VBG à travers des partenariats avec les organisations de défense des droits des femmes pour garantir les droits des survivantes à la violence et leur permettre d’accéder à des services essentiels et de retrouver leur dignité.

De plus, a-t-elle ajouté, l’UE croit que la prévention des VBG passe à travers un travail à faire sur les causes profondes de vulnérabilité des femmes aux VBG, tels que les inégalités dans l’éducation. Et de donner des chiffres : seulement une adolescente sur cinq termine ses études secondaires ; ou dans le monde du travail seules 3% des femmes travaillant dans les milieux ruraux ont un emploi salarié.

« Pour cela, l’UE soutient des projets d’autonomisation économique, avec comme but principal de surmonter les obstacles en termes d’accès des femmes aux moyens de production, au crédit et à la gestion des fonds pour les femmes entrepreneures dans l’agrobusiness et l’artisanat », a-t-elle indiqué.

Pour l’ambassadrice de l’UE, les femmes et filles survivantes de VBG, mais aussi les hommes et les garçons, ont droit à une prise en charge gratuite et confidentielle, d’un point de vue médical, phycologique et légal. « Pour cette raison, cette année l’UE lance aussi une campagne SMS adressée à 1 000 000 de femmes rurales, pour les informer sur les services disponibles », a-t-elle annoncé.

Selon la Cheffe de la diplomatie de l’UE au Burundi, la violence à l’égard des femmes des filles peut et doit être empêchée, et cela demande l’implication de nous toutes et tous, au sein de nos communautés, de nos familles, des milieux scolaires, universitaires et professionnels.

Et de remercier l’Association des femmes juristes du Burundi, Bibliothèque sans frontières, la Troupe Les Enfoirés de Sanoladante, le Centre Seruka, AFRABU, AVSI, IRC, et le Youth Sounding Board pour leur engagement actif dans l’organisation de ce dialogue, ainsi que pour leur engagement au quotidien dans la promotion des droits des femmes et des filles.

Ouvrant le dialogue, Désiré Minani, gouverneur de la province de Ngozi, a fait savoir que la lutte contre les VBG est et restera son cheval de bataille.

Des évolutions dans la législation, mais aussi des lacunes

Au terme dudit dialogue, il a été constaté que la législation burundaise a évolué en matière de lutte contre les VBG. Et d’énumérer l’existence d’une loi spécifique sur la prévention et la répression des VBG, le code pénal et celui de procédure pénale.

Par ailleurs, il est à souligner que la Constitution du Burundi prône l’égalité entre l’homme et la femme en droits et en devoirs. Bien plus, le Burundi a ratifié les conventions sur les droits des femmes.

Malgré ces avancées, des lacunes sont à relever notamment l’absence d’une loi sur les successions, les libéralités et les régimes matrimoniaux.

Au niveau de la prise en charge juridique et judiciaire des victimes des VBG, l’on se heurte souvent sur la problématique de l’authentification des preuves. Et cela entrave les procédures et partant les poursuites des présumés auteurs.

Par ailleurs il est à déplorer aussi l’arrangement à l’amiable qui se fait entre les auteurs et les familles des victimes.

Enfin, les participants à ce dialogue ont fustigé la contradiction entre la loi spécifique sur les VBG et le code pénal. Les deux textes de loi prévoient des peines différentes sur les mêmes infractions ce qui, selon eux, met dans l’embarras les praticiens du droit.

Plus de 500 étudiants ont pris part à ce dialogue lequel s’est terminé sur une note positive avec une prestation des trois artistes, DramaT, Vania Ice et Mow’ Kanzie etc…

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