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Université du Burundi : une suspension qui fait polémique

05/05/2013 Commentaires fermés sur Université du Burundi : une suspension qui fait polémique

Trois travailleurs de l’Université du Burundi (UB) ont été suspendus par le recteur. Il les accuse, entre autres, d’avoir organisé une conférence de presse pendant les heures de travail. Ces derniers dénoncent une mesure injuste et illégale.

<doc5050|right>Le recteur de l’UB, Gaston Hakiza, a pris la décision de suspendre de leurs fonction, jusqu’à nouvel ordre, trois travailleurs de l’université. C’était ce 03 août 2012. Christian Ntagwirumugara, Damien Bashikire et Polycarpe Ninteretse sont accusés d’avoir conjointement signé en date du 12 juillet 2012 un document portant convocation d’une conférence de presse. Selon Gaston Hakiza, cette conférence de presse invitait tous les personnels de l’UB à y participer en pleine journée de travail.
Gaston Hakiza parle d’un sabotage pur et simple. Cette conférence, poursuit-il, aurait provoqué un arrêt des activités sociales, académiques et scientifiques à l’UB. Le recteur reproche également à ces trois travailleurs de parler au nom des travailleurs, alors qu’à sa connaissance, devant la loi, ils ne représentent aucune organisation des travailleurs de l’UB : « Ils ne représentent rien à l’UB. Ces trois messieurs ne sont pas nos partenaires sociaux », martèle le recteur.

« Nous avons été mandatés par les travailleurs »

Selon les trois travailleurs suspendus, plus de 900 travailleurs de l’UB ont signé une pétition leur demandant de les représenter dans le dossier de sentence arbitrale du 11 avril 2003. D’après eux, les travailleurs de l’UB les ont désignés car des dissensions s’observaient au sein du Syndicat des travailleurs de l’UB (STUB). Et d’ajouter aussitôt : « Les travailleurs commençaient à perdre confiance ».

Ils soutiennent, en outre, qu’ils avaient bien précisé que c’est une invitation et non une convocation. La conférence était publique, poursuivent-ils, il appartenait aux travailleurs d’en apprécier l’opportunité et de s’assurer le leur disponibilité pour y participer. Signalons que cette conférence de presse était prévue à la Maison de la presse, vendredi 13 juillet 2012. Mais la conférence n’a pas eu lieu car les forces de l’ordre ont empêché sa tenue. Ils font remarquer, par ailleurs, que la Constitution du Burundi consacre le droit d’expression. Gaston Hakiza leur reconnait ce droit. «Mais, ils ne peuvent pas empêcher les gens de travailler en organisant une conférence de presse », souligne le recteur.

Les travailleurs suspendus dénoncent aussi un vice de forme dans la mesure prise par le recteur. D’après eux, tous les trois sont régis par des statuts différents. Christian Ntagwirumugara, enseignant, est régi par le statut du personnel enseignant et scientifique ; Damien Bashikire, conseiller économique du recteur, par celui du personnel administratif et technique tandis que Polycarpe Ninteretse est régi par le statut du personnel de la bibliothèque. Selon eux, les deux articles évoqués par le recteur pour justifier la suspension sont relatifs au statut du personnel enseignant et scientifique. Gaston Hakiza ne nie pas cette erreur. Il souligne qu’elle a été corrigée.
Christian Ntagwirumugara, Damien Bashikire et Polycarpe Ninteretse demandent d’être rétablis dans leurs droits, car ils estiment n’avoir transgressé aucune loi.

«Dans nos statuts, aucun article ne réprime ce que nous avons fait», précisent-ils. «Ils sont suspendus, mais pas chassés. C’est au Conseil d’administration de décider », réplique Gaston Hakiza. Rappelons que cette conférence publique de la discorde portait sur la question de la régularisation des arriérés des personnels de l’UB. Certains travailleurs dénoncent une politique de deux poids deux mesures de la part des autorités rectorales dans l’application de la sentence arbitrale du 11 avril 2012. Pour ces travailleurs, le rectorat de l’UB veut calculer les arriérés sur base des barèmes corrigés pour les docteurs titulaires et des barèmes non corrigés pour les assistants et les personnels administratifs et techniques. Un conflit qui n’a pas encore trouvé de solution et qui suscite des remous au sein de cette institution.

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