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Université du Burundi : on parle d’ethnies avec les nouveaux représentants des étudiants

05/05/2013 Commentaires fermés sur Université du Burundi : on parle d’ethnies avec les nouveaux représentants des étudiants

La Fraternité des étudiants de Rumuri (FER) qui représente les locataires de l’unique université publique du Burundi vient de se doter de nouveaux dirigeants. Le président et le secrétaire général sont des Hutu. Pour certains étudiants tutsi, l’un d’eux doit être de leur ethnie.

<doc4864|left>Certains étudiants de l’Université du Burundi ne sont pas satisfaits du résultat des élections du 18 juillet 2012. 15 étudiants tutsi viennent de sortir, ce 24 juillet, une lettre ouverte où ils réclament que le secrétaire général de la FER soit un Tutsi. «Nous ne sommes pas prêts à accepter une représentation mono ethnique.», déclare d’emblée C.N., un des signataires de la dite lettre. « Impossible ! Car le verdict des urnes est sans appel », répondent les autres.

D’après C.N., l’Université du Burundi (UB) vient de traverser des moments de tensions ethniques, notamment en 2011. Sur ce, poursuit-il, deux représentants hutu ne peuvent pas rassurer tous les étudiants. «Si un conflit ethnique éclate, de quel côté pensez-vous que ces deux étudiants vont pencher?», s’interroge C.N. Nous n’avons pas confiance dans ces nouveaux dirigeants de la FER, renchérit Pascal Niyonzima, étudiant à l’UB. «La FER doit être une organisation inclusive et surtout rassurante», précise-t-il.
Claudine Nyandwi, étudiante à l’UB, s’étonne des revendications de ces étudiants. Selon elle, les statuts ne précisent rien sur les composantes ethniques des organes de la FER. «Les élections ont eu lieu et ils ont perdu. Ils n’ont qu’à se conformer.», déclare-t-elle.

Des considérations ethnico-politiques

D’après plusieurs sources sur place, des considérations ethnico-politiques ont beaucoup joué dans ces élections. Trois blocs étaient en lice. Celui du nouveau président élu, majoritairement hutu, est affilié au parti au pouvoir. L’autre bloc, dit de l’ADC-Ikibiri, composé de Hutu et de Tutsi, soutient le secrétaire général. Le troisième groupe, dit de « Benghazi », était composé de Tutsi.

Pour le premier bloc, raconte A.N., étudiant à l’ITS, leur mot d’ordre était qu’un Hutu doit voter pour un autre Hutu. Que les Tutsi, poursuit-il, ne doivent plus diriger les organes de la FER au regard des massacres de Hutu qu’ils ont perpétrés à l’UB. Il précise que la stratégie du deuxième bloc était d’empêcher la victoire des autres blocs qu’il qualifie d’extrémistes. Des sources sûres assurent que le parti au pouvoir et l’ADC-Ikibiri auraient beaucoup aidé les candidats à faire leurs propagandes. Les mêmes sources soulignent la présence des gens du service national de renseignements, le jour des élections.

Dans la foulée, certains étudiants s’inquiètent. Des revendications restent en suspens concernant, notamment le nouveau système LMD (Licence Master Doctorat). Ils se demandent si leurs doléances ne seront pas noyées dans ces querelles politiciennes. «Comment vont-ils défendre les intérêts des étudiants s’ils ne cadrent pas avec les volontés de leurs partis politiques?» s’interroge Callixte Minani, étudiant dans la faculté d’économie.

« Cette question ethnique n’a aucune raison d’être »

Ernest Nzambimana, nouveau président élu, n’y va pas par quatre chemins. D’après lui, les statuts de la FER sont clairs : celui qui totalise le plus de voix devient président et le second est son secrétaire général. «La question ethnique n’est mentionnée nulle part », martèle-t-il. Nous avons participé aux élections comme les autres, poursuit le nouveau président, et nous avons gagné. «Cette question ethnique n’est qu’un prétexte. Ils ont peut-être des visées cachées», renchérit Éric Mbonyingigo, le secrétaire général de la FER. Il se demande, d’ailleurs, pourquoi les auteurs de cette lettre ouverte n’ont pas protesté avant les élections.

Cependant, les nouveaux représentants tranquillisent. Ils assurent qu’ils vont travailler pour les intérêts de tous les étudiants de l’UB. Il est normal d’appartenir à une formation politique, poursuivent-ils, cela ne peut pas nous empêcher de faire aboutir les revendications des étudiants.
A propos de cette situation ne peut pas engendrer des tensions au sein de cette communauté, Gaston Hakiza, le recteur de l’Université du Burundi, déclare qu’il ne peut pas se prononcer pour le moment. En effet, il n’est pas au courant des résultats de ces élections.

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