Les étudiants de l’Université du Burundi (UB) sont en grève générale. Ils s’insurgent contre certains articles du règlement académique du système BMD (Baccalauréat-Master-Doctorat). La politique a failli faire capoter ce mouvement de grève.
Depuis le 28 août 2012, les étudiants sont en grève. Ils protestent contre 13 articles du nouveau règlement académique. Ce dernier découle du nouveau système BMD. «Pourquoi avoir changé le LMD (Licence-Master-Doctorat) en BMD?». C’est la première question que se pose Eric Mbonyingingo, secrétaire général de la Fraternité des étudiants de Rumuri (FER). «Nous voulons rester dans le système LMD», martèle-il. Parmi les 13 articles, 3 sont les plus contestés.
L’article 88 du nouveau règlement pose problème. Il faut avoir une note de 65% pour faire le master professionnel et 70% pour le master de recherche. Il est aussi stipulé que les étudiants des universités privées peuvent faire le master à l’UB. Pour les étudiants grévistes, c’est un article discriminatoire. «Nous ne sommes pas dans un même système d’évaluation», précise Pascal Nahimana, étudiant à la faculté d’économie. Les étudiants des universités privées peuvent avoir facilement 70 ou 80%, poursuit-il, ce qui n’est pas le cas à l’UB. Et d’ajouter que pour avoir 65% à l’UB, c’est un parcours de combattant. «Qu’on fasse passer un examen après le premier cycle et que les meilleurs passent.», demande Eric Mbonyingingo.
Une autre revendication concerne les étudiants des 2èmeannées. L’article 129 dit que si un étudiant reprend l’année, étant dans l’ancien système, il doit suivre les cours de la deuxième année, mais aussi ceux de la première année. «Un étudiant pourrait se retrouver avec 30 voire 40 cours, ce qui est insupportable pour lui», souligne le secrétaire général de la FER. Il demande plutôt que les étudiants qui sont dans l’ancien système y restent et que les nouveaux avancent avec le nouveau système.
Pour Eric Mbonyingingo, l’article 51, qui concerne le système d’évaluation, prête à confusion. Selon lui, cet article ne précise pas clairement si les étudiants seront évalués à la fin de l’année ou si l’UB va continuer avec le système d’évaluation continue. D’après le secrétaire général, ce dernier système favorise l’étudiant, car il lui donne plus de chances d’avoir une note élevée.
Gaston Hakiza, recteur de l’UB, comprend ces réactions : «Comme c’est une nouvelle réforme, il y a toujours des réticences voire des résistances des étudiants et quelques enseignants», précise Gaston Hakiza. Comme ça touche les premières années, poursuit-il, il faut toujours expliquer. «Nous avons privilégié la communication», souligne le recteur. Gaston Hakiza tranquillise. D’après lui, il n’y a aucune différence entre les systèmes BMD et LMD. Il précise que ce problème va prochainement trouver une issue. Une commission composée d’étudiants et de professeurs, ajoute-t-il, a été mise sur pied pour travailler sur ces revendications. Le recteur invite, en outre, les étudiants à regagner les auditoires pour leur intérêt.
Et la politique s’invite dans les débats
Pour voter ce mouvement de grève, les délégués n’ont pas eu la tâche facile. Dans une réunion qui a duré plus de 7 heures, la tension était palpable. Au début de la réunion, raconte un délégué, le président de la séance, qui est, en même temps, président du Bureau du conseil des délégués (BCD), donnait la parole à celui qu’il voulait. «C’était programmé d’avance. Les autres délégués n’avaient pas le droit de s’exprimer», ajoute-t-il. D’après lui, certains délégués, soutenus par le président de la séance, étaient contre la tenue de la grève. Le président a vite clôturé la réunion en déclarant que la grève n’aura pas lieu. Mais, les partisans de la grève ont empêché les autres de sortir. Après 4 heures de discussions houleuses, poursuit-il, le président du BCD a déclaré, à contrecœur, le début de la grève.
D’après des sources à l’UB, la veille de cette réunion, des délégués proches du Cndd-Fdd se sont réunis afin de mettre sur pied une stratégie antigrève. Elles précisent que cette réunion aurait été organisée à la permanence du parti présidentiel. Selon les mêmes sources, certains délégués ont été rayés de la liste des membres du parti présidentiel parce qu’ils ont voté pour la suspension des activités.
Eric Mbonyingingo : «Nous voulons rester dans le système LMD» ¢Iwacu
Gaston Hakiza : «Comme c’est une nouvelle réforme, il y a toujours des réticences voire des résistances des étudiants et quelques enseignants» ¢Iwacu