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Université du Burundi : la correspondance de la discorde

05/05/2013 Commentaires fermés sur Université du Burundi : la correspondance de la discorde

Une lettre du ministre des Finances et de la Planification du Développement économique, Tabu Abdallah Manirakiza, fait polémique. Cette correspondance annule une ordonnance conjointe signée le 19 juin 2012.

<doc4597|left>Depuis jeudi le 28 juin 2012, les enseignants de l’Université du Burundi (UB) sont en grève. Ils protestent contre une correspondance du ministre Tabu Abdallah Manirakiza. Sortie le 22 juin 2012, ladite correspondance annule une ordonnance signée conjointement avec le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Julien Nimubona. Une correspondance jugée irrégulière par le Syndicat du personnel enseignant de l’Université du Burundi (SPEUB). "Nous saluons cette décision du ministre des Finances ", souligne Christian Ntagwirumugara, vice-président du Syndicat libre des travailleurs de l’UB (STUB).
Tabu Abdallah et Julien Nimubona sortent une ordonnance conjointe, le 19 juin 2012.

Cette nouvelle ordonnance revoit à la baisse le montant de régularisation des arriérés des travailleurs de l’UB. Cette enveloppe passe de 19.881.727.730 Fbu à 16.419.494.617 Fbu. Cette ordonnance ne faisait pas allusion à la première, celle qui instaurait le premier montant, et surtout ne l’annulait pas. « Comment peut-on gérer deux décisions différentes sur un même objet », s’interrogeaient nombre de travailleurs de l’UB. Ils décident alors de faire opposition à la mise en application de cette ordonnance. Le 22 juin 2012, par une correspondance, le ministre Tabu Abdallah Manirakiza décide d’annuler cette ordonnance conjointe.

"Une ordonnance conjointe ne peut pas être annulée par un seul ministre ", déclare Pascal Kakana, président du SPEUB. Pour lui, une simple lettre administrative ne peut pas annuler une ordonnance conjointe. Cette correspondance, poursuit le président du SPEUB, est irrégulière et du coup viole délibérément l’esprit et la logique des textes d’application de la régularisation des arriérés de la sentence arbitrale pour les personnels de l’UB.

Pour Tabu Abdallah Manirakiza, cette annulation intervient dans le but d’éviter des problèmes d’interprétation des multiples textes d’application de cette sentence. Et partant, ajoute le ministre, d’éviter tout malaise prévisible dans la gestion de ce conflit. Mais, pour le SPEUB, ce ne sont que des manœuvres dilatoires visant à bloquer le processus en cours de paiement de la première tranche de cette régularisation.

« L’argent est disponible, ils n’ont qu’en s’entendre »

Selon le ministre des Finances, c’est à l’UB de trouver la solution. Deux camps s’observent au sein de cette institution. Le premier, constitué des enseignants titulaires réunis au sein du SPEUB, exige l’annulation de la correspondance controversée et de procéder, sans délais, au paiement de la première tranche du montant alloué à la régularisation.

L’autre camp est composé des enseignants assistants et des personnels administratif et technique. Ils se disent lésés par le rectorat de l’UB dans la régularisation des arriérés. Pour eux, les enseignants détenteurs d’un doctorat veulent le paiement parce que cette ordonnance annulée leur était favorable. "Les calculs doivent être refaits sur base des barèmes corrigés pour tous", martèle Christian Ntagwirumugara. Nombre de travailleurs de l’UB sont convaincus que la solution à ce conflit se trouve du côté des autorités rectorales. Iwacu a tenté, à maintes reprises, de contacter le recteur de l’UB, Gaston Hakiza, sans succès.
E.B., professeur à l’UB, dénonce une gestion catastrophique de ce conflit. "Chaque jour perdu à l’UB est une perte énorme pour l’Etat burundais ", conclut cet universitaire.

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