Pour cette année académique, l’Université du Burundi a déjà connu trois de grèves d’étudiants qui n’en peuvent plus d’attendre la bourse… Conséquence du changement dans le circuit de son octroi, selon les responsables au ministère de l’Enseignement Supérieur. Dr Denise Rukundo, directeur du bureau des bourses et des stages. « Normalement nous touchions notre bourse entre le 8 et 10 de chaque mois. En mars, nous l’avons eu le 18, le 20 en avril et le 12 pour le mois de mai », témoigne Aaron Ndayisenga, président de la Fraternité des étudiants de Rumuri- FER, l’association qui représente tous les étudiants de l’Université du Burundi. À ces retards de perception des frais boursiers s’ajoutent des cas d’étudiants de l’Institut des Pédagogies Appliquées qui ne se sont pas retrouvés sur les listes de bénéficiaires de la bourse, soit parce qu’étant redoublants, ou ayant changé de faculté. Impossible, pour eux, de toucher la bourse. Donatien Nimubona, représentant des étudiants au campus Kiriri et étudiant en 4ème année en Génie civil, raconte : « Les étudiants, pour rentrer à la maison lors des vacances de Pâques, ont dû emprunter l’argent espérant rembourser au retour. Helas, pour certains, pas l’ombre d’une bourse! » Où trouver les frais d’achat du matériel didactique, les moyens de déplacement ou encore le nécessaire à l’alimentation, …? « La direction académique nous annonce que l’argent n’est pas encore disponible mais qu’elle a envoyé les listes à la Régie des Œuvres Universitaires pour marquer les numéros de comptes », précise Donatien Nimubona. « A chaque rentrée académique, il y a toujours des retards dans la remise des listes », rappelle Denise Rukundo, directeur du bureau des bourses et des stages. Et cette année, les choses ont changé : l’argent destiné aux frais de bourses (Université du Burundi, l’Ecole Normale Supérieure et 22 universités privées), de stages, de mémoires, de tickets d’avion pour ceux qui étudient à l’étranger dans 20 pays, … ne provient plus du compte du ministère de l’Education Supérieure : « Le compte a été fermé et tout l’argent provient maintenant du Trésor de l’Etat avec un guichet unique pour tous les ministères (Encadré) », précise Denise Rukundo, avant de préciser que « c’est une décision de la Banque Mondiale pour lutter contre la mauvaise gestion financière ». Selon une source proche du ministère de l’Enseignement Supérieur, « certains directeurs détournaient l’argent prévu pour les bourses, pour des voyages privés »… Des rencontres seraient en cours entre responsables ministériels et différentes universités pour que la solution se décante. Même s’il n’y a pas de calendrier. Pour expliquer le temps que met la bourse à atteindre les comptes des étudiants des universités burundaises, voici une infographie qui retrace le parcours de la pécule de 30.000 Fbu (25$) par mois pour les externes, et 9.000 Fbu pour les étudiants internes. A noter que dans l’ancien circuit, il n’y avait que quatre étapes : Direction académique -> Direction du Bureau des Bourses et Stages -> La Banque de la République du Burundi transfère l’argent sur le compte de la poste -> Sur le compte de l’étudiant. Cédric-Soledad Urakeza