Cela ne date pas d’aujourd’hui. Les mémorands de l’Université du Burundi peuvent passer deux ans voir plus sans soutenir leurs mémoires. Le manque de professeurs qualifiés serait la principale cause.
<doc4634|left>F. N. a terminé ses études universitaires au cours de l’année académique 2007-2008 dans la faculté des Lettres et de Sciences humaines, département Histoire, option Science Politique. Il raconte que deux mois après la proclamation des résultats, il a présenté son projet de mémoire à son directeur pour approbation. Mais, ce dernier est parti à l’étranger, durant six mois, pour ses études de master. A son retour au pays, ils ont essayé de rattraper le temps perdu. Il lui a donné le premier chapitre, mais des mois se sont écoulés sans qu’il puisse ni le lire ni le corriger. « Il m’expliquait qu’il a mille et une choses à faire en même temps », indique-t-il.
Pour que F. N. arrête de lui mettre la pression, son directeur lui suggère de continuer les recherches et de terminer les chapitres restants. « Je me suis exécuté », précise-t-il. Trois ans se sont déjà écoulés. Entretemps, F.N. commence à chercher du travail, car il est découragé de rester les bras croisés : « Il m’avait dit que c’était à lui de m’appeler. Des mois passaient sans aucun coup de fil. » Jusqu’à ce jour, il ne sait ni le jour ni le mois où il soutiendra son mémoire.
F.N. comprend le manque de disponibilité de son directeur de mémoire: « Il dirigeait 15 étudiants de la même promotion. Celle d’avant, une vingtaine. Celle d’après une quinzaine. » A cela s’ajoute les cours à dispenser, et les cours à poursuivre pour l’obtention de son doctorat.
Les délais de rédaction sont normalement précis
Ce cas n’est pas isolé. « C’est un problème sérieux », s’écrie Jean Claude Barutwanayo. Selon ce représentant des étudiants, les délais sont normalement précis au niveau du règlement académique. Après la proclamation des résultats de la dernière année, 12 mois de rédaction sont accordés au mémorand. Néanmoins, on peut demander 6 mois de dérogation, si l’étudiant n’a pas encore terminé. En cas de dépassement du nouveau délai, il peut être ajourné ou exclu quand il ne donne pas des motifs valables.
Le grand problème, selon Jean Claude Barutwanayo, est que les professeurs sont lents dans la correction à cause du manque de disponibilité. Il déplore que le rectorat n’arrive pas à résoudre ce problème récurrent. Une situation qui n’est pas sans conséquences, « puisque ces mémorands ne peuvent pas être compétitifs sur le marché du travail. » Pour lui, il faut aussi prendre des sanctions envers les professeurs retardataires. « Ce n’est pas seulement aux étudiants d’en faire les frais », souligne-t-il.
Une lenteur plus remarquée dans la faculté des Lettres
La responsabilité de cette lenteur est partagée, selon Egide Manirakiza, président de l’association des Professeurs de l’Université du Burundi (APUB). Cependant, il reconnaît que les professeurs sont surchargés. Et d’ajouter que le niveau bas des étudiants ne facilite pas la tâche. « Les corrections prennent du temps à cause des fautes de français », soutient-t-il.
En outre, la plupart des mémorands, avant la soutenance, partent à l’intérieur du pays pour dispenser les cours dans les écoles secondaires. Ainsi, ce n’est que durant les grandes vacances qu’ils peuvent s’atteler à leur travail de fin d’études. « Il arrive qu’à cette période, le directeur en question, soit occupé », précise-t-il.
Interrogé sur cette lenteur spécifique au niveau de la faculté des Lettres, le président de l’APUB indique que le nombre de finalistes dans d’autres facultés est inférieur à celui des Lettres. Et de poursuivre : « Les professeurs sont consciencieux et en ont parlé à leurs supérieures hiérarchiques. » Mais avec un budget limité, l’U B est incapable d’engager d’autres professeurs qualifiés.
Iwacu a tenté de contacter le recteur de l’Université du Burundi et son adjoint, en vain.