Timbre suave, une grâce inouïe qui se dégage de par la profondeur de ses textes et une soif sans pareille d’indépendance. Sylvane Ntiyibagira vient de tirer sa révérence ce mercredi du 18 décembre.
«Une vraie diva qui s’en va », confesse non sans peine Christian Nsavye, journaliste culturelle à la Radio Isanganiro. Il avait côtoyé lors de la compétition Isanganiro Music Award.
Ce dernier garde d’elle un souvenir d’une vraie perfectionniste, obsédée par un travail bien fait. « L’originalité dans son travail », se rappelle-t-il. Ce n’est pas tout, se souvient cet animateur radio, elle est très éprise de la profondeur des textes dans la composition des chansons.
Lors de la sélection des chansons pour Isanganiro Award 2016, elle déplore la légèreté des textes des chanteurs de la génération actuelle. « Au risque de ruiner notre musique, une tendance à tout qu’il faut bannir», martèlera-t-elle, un peu déçue.
Révélée dans les années 1980 des suites d’un concours organisé par Antoine Ntamikevyo, ancien directeur de la RTNB, elle parvient à séduire par le jury par la profondeur de ses textes et sa maîtrise à jouer de la guitare.
«A cette époque, une exception. Parce que peu de femmes savent le faire avec autant de délicatesse ». Mais, ce qui est étonnant, fait savoir M. Nsavye, c’est combien elle est professionnelle alors qu’évolue en solo.
De ce temps, une situation aux antipodes des autres artistes. Car, nombreux évoluent dans le groupe Amabano, l’orchestre national. Grâce à ce concours, poursuit M. Nsavye, elle enregistre des chansons mais la postérité retiendra son tube ’’Wibuke ushime’’ (Oublie pas de dire merci. NDLR).
Il s’agit là d’une sorte de prise de position contre la fuite des cerveaux. Elle appelle les boursiers partis étudier à l’étranger de ne pas rester en Occident mais de rentrer pour construire leur pays.
Dans la plupart des concerts et karaokés, cette chanson est reprise et tout le public reprend toujours en chœur ce tube. Sa thématique reste d’actualité.
Ancienne Schoenstatt, feue Sylvane dira qu’elle hérite ses talents de chanteuse de ses parents. Native de la commune Kabezi, Sylvane Ntiyibagira voit le jour en 1965. Elle laisse 3 enfants et un veuf. Toutefois, elle part sans avoir accompli son rêve : créer un studio d’enregistrement.