Tous les détenteurs des balances se sont vus forcer de payer un montant allant de 3 mille à 10 mille Fbu par les agents qui travailleraient pour le compte du BBN (Bureau burundais de normalisation et contrôle de la qualité). Des services des recettes communales jusqu’à l’OBR personne n’était au courant de cette imposition.
<doc6424|left>Selon les commerçants travaillant au marché de Gitega, un groupe de gens muni d’un ordre de mission délivré par le cabinet du gouverneur de Gitega se sont mis à percevoir des taxes sur toutes leurs balances. La taxe était de 3000 Fbu pour les petites balances et 10 000 Fbu pour les grandes. La seule pièce justificative pour ce paiement était un reçu apposé d’un sceau de BBN.
Les commerçants déplorent ces taxes qui s’ajoutent à celles de la commune et de l’OBR. Ils crient à cor et à cri que cette manière de leur soutirer de l’argent soit bannie une fois pour toute. Ils doutent aussi sur l’authenticité de ces reçus dans la mesure où certaines quittances n’auraient pas de souches. Fabien Ntukamazina n’y va pas par quatre chemins. Il fustige cette exigence de paiement aux commerçants, alors que leur chiffre d’affaires baisse chaque jour par manque de clients.
« Soit, nous avons eu affaire à des escrocs qui ont utilisé le cachet d’un service gouvernemental, soit c’est la nouvelle tactique de l’Etat pour nous soutirer de l’argent », fait-il remarquer. Et de déplorer : « Je ne comprends pas comment les personnes de Bujumbura viennent uniquement pour prélever des impôts à Gitega, alors qu‘il y a tant de services habilités sur place.» Astère Barampama, un autre commerçant, se demande si réellement le BBN ne s’ingère pas dans les activités qui ne relèvent pas de sa compétence. D’après lui, ces agents devaient seulement vérifier la qualité des produits. « Payer l’argent pour chaque balance n’est ni une taxe ni une amende. C’est tout simplement du vol », s’insurge-t-il. Le commissaire du marché affirme que ces personnes sont venues avec des papiers signés. Il aurait aussi informé la police et ses supérieurs hiérarchiques.
« Toutes les recettes de l’Etat transitent par l’OBR »
L’administration et l’OBR affirment qu’ils ne sont pas informés de cette imposition. Selon eux, toutes les recettes de l’Etat transitent par leurs services. Aussi l’OBR indique que la vérification des poids et mesures incombe aux services de commerce intérieur. L’amende est payée par ceux qui utilisent des instruments de pesage truqués. Contacté par le Groupe de Presse Iwacu, le département du Commerce intérieur à Gitega affirme qu’il n’a pas été associé dans cette collecte.
Même son de cloche à l’administration de Gitega. D’après le conseiller économique du gouverneur de Gitega, le seul contact qu’il a eu avec ces personnes avait pour objet de contresigner leur ordre de mission. « J’avais d’abord eu des doutes mais leur chef direct m’avait signifié que la mission est connue. Je croyais que c’était seulement dans le but de contrôler la qualité des produits vendus au marché », a confirmé Alexis Ninahazwe. Selon Ernest Ntawukirishiga, conseiller de l’administrateur de Gitega, les deux voies légales connues pour collecter des recettes sont l’OBR et la commune. « Nous allons vérifier dans les meilleurs délais si réellement le BBN est habilité de collecter les taxes dans les marchés », a-t-il indiqué.
Contacté pour lever toute équivoque, le BBN est resté injoignable.