<doc7515|left>A l’initiative d’un entrepreneur du nom de Thomas Minder, ce dimanche 3 mars 2013 toute la population helvétique à travers tous les cantons du pays a voté à 67,9% – autant dire à l’unanimité pour un pays européen aujourd’hui ! – en faveur de mesures qui restreindront drastiquement les privilèges que les patrons d’industries se sont arrogés dans tous les pays à économie libérale.
Les Suisses ont pris les mesures suivantes :
1. La durée du mandat des membres de Conseils d’Administration ne dépassera pas 1 an ;
2. L’octroi de « Parachutes dorés » aux patrons d’industrie sur le départ – souvent pour incompétence – est supprimé purement et simplement ;
3. La rémunération des Conseils d’Administration et des Directions seront désormais approuvés par les actionnaires des sociétés réunis en Assemblée Générale ;
4. Les contrevenants à ces mesures seront punis de six ans de revenus à trois ans de prison.
Ces mesures proprement révolutionnaires dans le monde de la finance peuvent paraître étonnantes pour un pays connu pour être le sanctuaire du monde des affaires. Et qui dit « business » pense de façon quasi pavlovienne à l’exploitation de l’homme par l’homme ; on pense aussi à un milieu cruel et cynique où seuls les privilégiés ont droit de cité ; où tout est opaque pour les non initiés et les désargentés. Cette votation nationale dément tous ces préjugés et montre que le vrai monde du commerce et de l’argent fonctionne mieux pour tous quand le système est basé sur la transparence, la confiance mutuelle et surtout le souci constant de l’équité sociale. Il ne sert à rien de s’enrichir à outrance si on est entouré de miséreux ; tôt ou tard, les pauvres exigeront avec plus ou moins de violence une part des richesses accumulées par les nantis.
Les mesures prises en Suisse sont dictées par l’intelligence, le sens de la prospective et de la prévision. Tout simplement l’économie. Savoir gérer la richesse nationale en veillant à partager, non pas à parts égales mais bien en toute dignité et en investissant aussi pour le futur de soi-même et des générations à venir. Cette posture est à la fois économique bien entendu, mais aussi idéologique pour ne pas dire spirituelle. Comprendre le monde à travers la solidarité et non le vivre constamment comme un combat où le meilleur gagne et le faible, lui, crève sans autre forme de procès. L’exemple suisse a fait l’effet d’une bombe en Europe ; les opinions publiques allemandes, belges, françaises, anglaises et autres sont en émoi. Elles se demandent pourquoi cela n’est pas fait chez elles aussi.
Il faudrait que les Africains soient interpelés aussi et songent à repenser la gestion de leur patrimoine national dans un souci de partage, d’équité et de prospective. Il est vain de construire des autoroutes et des grattes ciel si à côté il y a des enfants qui mangent une fois les deux jours, si des familles se relaient pour dormir dans les bidonvilles qui jouxtent les quartiers huppés. Si des gens se sont immolés hier en Tunisie pour que d’autres vivent mieux, ce n’était pas pour que les nouveaux dirigeant viennent imiter mal le système Ben Ali. C’est pour cela qu’un autre s’est immolé encore aujourd’hui. C’est un message sans équivoque à l’adresse de chaque leader africain : gouverner, c’est prévoir ; diriger, c’est écouter. C’est toujours partager.