Le Club de la Presse n°35 a choisi de débattre de la situation préélectorale déjà tendue en République Démocratique du Congo(RDC) voisine et ses conséquences prévisibles sur les pays voisins, en cas de troubles internes postélectorales, à une plus grande échelle encore.
L’opposant historique, Etienne Tchisekedi, a mis les pieds dans le plat dernièrement en s’autoproclamant « chef de l’Etat », avant le verdict populaire, et en appelant, de surcroît, ses militants à défoncer les portes des prisons du pays pour en libérer les prévenus. La chaîne de télévision qui a relayé le message a été vite sanctionnée par la privation de signal jusqu’à nouvel ordre. Les réactions dans le camp présidentiel adverse ont été naturellement véhémentes et allaient dans le sens de la condamnation des propos incendiaires du Viel opposant historique.
Pour Innocent Muhozi, directeur général de la radiotélévision Renaissance, en même temps président de l’Observatoire de la presse burundaise(OPB), « des propos comme ceux-là, venant d’un personnage aussi important que Tchiskedi, sont inacceptables et totalement déplorables. L’opposant historique a donné l’impression de ne s’intéresser qu’à ses aspirations personnelles. Il est grand temps que les dirigeants africains apprennent, enfin, à s’intéresser avant tout aux intérêts de leurs populations. Dans le cas de Tschisekedi, il faut le ramener vite à la raison par de fortes pressions pacifiques. Il est en train de mettre en danger tout un pays, malgré sa qualité de personnage historique ».
De l’avis d’Eric Manirakiza, directeur de Radio Publique Africaine (RPA), « c’est à la fois étonnant et stratégique, le coup médiatique de l’opposant historique congolais. Son coup de gueule peut passer pour stratégique si il est destiné à affoler ses adversaires et concurrents politiques. D’un autre côté, quand un processus électoral est réellement transparent, on n’a pas besoin de tenir ce genre de propos incendiaires. Dans tous les cas, Tschisekedi se doit de tenir compte des réalités du moment et jouer franc jeu. Dans le cas contraire, il cessera de passer pour un modèle d’opposant historique s’il veut que ce soit lui ou rien, lors de la prochaine législature. Ses concitoyens, quant à eux, doivent rester vigilants et éviter de porter à la magistrature suprême ce genre de personnage. L’autre crainte pour le Congo voisin est le risque de sécession du fait de mauvais gagnants ou mauvais perdants, au lendemain des prochaines élections générales, qui attisent déjà des tensions palpables ».
Pour Patrick Nduwimana, rédacteur en chef de la radio indépendante, Bonesha FM, « il faut calmer le jeu tant qu’il est encore tôt. Les politiciens congolais sont les premiers à savoir combien leur pays a enfin besoin de paix et de calme après tant d’années de conflits sociopolitiques internes. Et puis, si le grand voisin de l’ouest venait à retourner en guerre civile, le Burundi ne serait pas non plus épargné. Certaines conséquences se feraient immédiatement ressentir chez-nous comme l’afflux de réfugiés ou le débordement de la violence au-delà des frontières congolaises ».
Me Ntahe, spécialiste du droit de la presse et consultant indépendant, a abondé dans le même sens, en estimant que « quand on connaît la situation au Congo qui grouille déjà de rébellions dans sa partie est, il y a lieu de craindre le pire si les prochaines élections tournent mal. C’est toute l’Afrique centrale qui risque la déstabilisation. Le Congo a des frontières avec pratiquement neuf pays d’Afrique centrale. Dans le cas de Tschisekedi, les Congolais sont suffisamment intelligents pour savoir que sa disqualification serait synonyme de déclenchement d’une bombe. Le mieux est d’astreindre les uns et les autres au respect du code de bonne conduite des partis politiques en période électorale ».