Bientôt, la rentrée scolaire. Officiellement, elle est fixée au 11 septembre. Une question est sur toutes les lèvres : où trouvera-t-on les enseignants, en qualité et en quantité, pour remplacer ceux qui viennent d’être forcés à prendre leur retraite ? Pour rappel, le gouvernement a décidé d’envoyer à la retraite tous les fonctionnaires ayant atteint 60 ans.
La mesure fortement critiquée a suscité de vives réactions. Les concernés, psychologiquement préparés à quitter les services de l’Etat à 65 ans, ont décrié la mesure. Ils ont dénoncé « un licenciement abusif, un renvoi à la retraite anticipée, un traitement inhumain, un coup de grâce, un oukase ».
La décision a d’autres conséquences. Déjà, à chaque rentrée scolaire, on observe un manque criant d’enseignants. Certaines directions font recours aux bénévoles, volontaires et autres vacataires dont parfois le niveau de formation et le professionnalisme laissent à désirer. Avec près de trois mille enseignants forcés à la retraite, des questions se posent avec acuité quant à l’avenir de l’éducation publique dans notre pays.
Le secteur de l’éducation, qui n’attire plus beaucoup de monde, fait face à de nombreux défis. Plus encore que le manque d’équipements et d’infrastructures d’accueil dignes de ce nom, le déficit d’enseignants de qualité est une réalité. L’enseignement au Burundi pourrait être une profession attrayante et susciter des vocations si les enseignants étaient estimés à la hauteur de l’immense service qu’ils rendent à nos enfants et au pays.
La deuxième édition du Forum national sur le développement du Burundi avait pour thème « un Burundi émergent en 2040 et pays développé en 2060 ». Mais entre autres préalables à cette vision, il faut une éducation de qualité qui nécessite des enseignants qualifiés, compétents et considérés. Ce sont ces femmes et ces hommes dévoués qui vont guider et accompagner les élèves, « le Burundi de demain », en les aidant à découvrir et à exploiter leur potentiel. Faut-il que le gouvernement revoie la décision et prolonge leurs contrats de quelques années pour préparer leurs remplaçants ? Un dialogue social entre le gouvernement et les syndicats s’impose pour trouver un terrain d’entente et éviter un déficit criant d’enseignants. Le droit à l’éducation ne doit pas se limiter au droit d’être admis à l’école, il faut surtout des enseignants qualifiés. Investir dans le futur, c’est aussi investir dans les enseignants…