La rencontre de Benjamin Mpaka avec le Cnared à Bruxelles semble compliquer davantage le dialogue entre Bujumbura et son opposition. Autant la plateforme en sort ragaillardie, autant le pouvoir se braque.
« Cette rencontre est une preuve évidente que le Cnared-Giriteka est un partenaire incontournable du processus de paix burundais », affirme le porte-parole du Cnared, Pancrace Cimpaye. Pour lui, Bujumbura ne peut plus ignorer l’opposition en exil et le Cnared-Giriteka est de facto de retour à la table des négociations. Il faut rappeler que le Cnared n’avait pas été invite dans les discussions d’Arusha en mai dernier, mais seulement quelques-uns de ses membres à titre individuel. Certains d’entre eux y ont répondu, malgré l’appel au boycott de la plateforme. Benjamin Mkapa avait alors annoncé, à la fin de ces premières consultations, dont s’était félicité le pouvoir, qu’il rencontrerait les acteurs qui étaient absents.
« C’est même une victoire car cela équivaut à la reconnaissance du Cnared qui avait été écarté du dialogue d’Arusha », a déclaré le commissaire en charge de la communication de cette plateforme, Jérémie Minani. Bujumbura a toujours refusé de s’asseoir avec le Cnared qu’il accuse d’être derrière le « mouvement insurrectionnel » et le putsch manqué de mai dernier.
La rencontre entre le Cnared et le facilitateur dans la crise burundaise a eu lieu à Bruxelles, les 11 et 12 juin derniers. « Nous avons demandé que le Cnared soit invité en tant qu’entité pour la suite du dialogue », a poursuivi M. Minani. Mais, a ajouté Pancrace Cimpaye, M. Mkapa n’a pas donné son point de vue.
Les acteurs pacifiques de l’ONU…
Le 10 juin dernier, à Rumonge, lors de la conférence de presse trimestrielle des porte-parole des institutions, celui du gouvernement a critiqué la démarche de Benjamin Mkapa. Philippe Nzobonariba a rappelé que, selon les résolutions 2248 et 2279 du Conseil de sécurité des Nations unies, le dialogue se fera entre tous les acteurs pacifiques. D’après lui, ceux qui ont opté pour le renversement des institutions ne sont pas concernés. « Nous ne pensons pas que le médiateur puisse oser contredire le CSNU qui lui a confié cette tâche. Que les gens se rassurent, ce n’est pas le médiateur qui va amener ceux qui sont condamnés par la communauté internationale à la table du dialogue, ce n’est pas le gouvernement qui va les écouter. »
Pour Jérémie Minani, les résolutions 2248 et 2279 ne mentionnent pas s’il s’agit des acteurs pacifiques au moment de l’adoption de ces résolutions, ou s’il s’agit des acteurs (y compris les groupes armés) qui accepteront d’abandonner l’usage de la force pour privilégier une solution politique. « Or une simple lecture de ces résolutions qui appellent tous les acteurs politiques burundais à rejeter la violence pour lui préférer les négociations inclusives sous médiation internationale laisse croire que c’est la deuxième interprétation qui l’emporte. » Pour lui, la déclaration de Philippe Nzobonariba est une attaque absurde contre la facilitation et surtout une tentative de sabotage des négociations.
Un autre médiateur indésirable…
« Tout d’abord, je dois rappeler que le Cnared n’a jamais utilisé la violence pour combattre le 3ème mandat de Pierre Nkurunziza. Depuis son existence, le Cnared n’a jamais été impliqué, de près ou de loin, dans les violences. Son caractère pacifique est donc incontestable. »
Pour Jérémie Minani, c’est plutôt « le caractère pacifique du gouvernement de facto burundais qui est mis en cause pour son rôle dans les atrocités de masses dont il s’est rendu responsable depuis le début de la contestation du 3ème mandat de Pierre Nkurunziza. »
Le 14 juin dernier, les organisations CAPES+ et PISC, réputées proches du pouvoir, ont condamné le médiateur Benjamin Mkapa qui a rencontré les membres du Cnared qu’elles accusent d’être des putschistes. Elles demandent au gouvernement burundais de le récuser et de ne plus répondre à ses invitations aux prochaines sessions de négociation.
« Le pouvoir a peur ! »
Dans un communiqué, Hamza Burikukiye, qui dirige CAPES+, demande aux présidents des Etats membres de la CEA qui ont mandaté Benjamin Mkapa comme co-médiateur de le ramener à la raison ou le remplacer. Aux Burundais, de refuser la médiation de Benjamin Mkapa et de répondre massivement aux manifestations qui seront organisées à cet effet.
Pour Léonce Ngendakumana, président du Frodebu, membre du Cnared, la déclaration de ces organisations sont révélatrices de la peur du pouvoir. « Pierre Nkurunziza et son entourage n’ont jamais été pour un dialogue avec l’opposition. Les déclarations de Hamza Burikukiye montrent qu’ils ont peur parce que la vérité est déjà connue. » D’après lui, certains membres du Cnared jadis proches du pouvoir ont révélé certains faits du pouvoir au médiateur, et le gouvernement a peur de s’asseoir avec des gens qui connaissent la vérité sur lui, et en présence de la communauté internationale.
Analyse
Après la première session d’Arusha II, le facilitateur Benjamin Mkapa a donné rendez-vous, pour la troisième semaine de juin, aux parties prenantes dans la crise burundaise. Il a aussi promis de rencontrer les acteurs absents à Arusha du 21 au 24 mai avant la reprise du dialogue. La date devrait donc être fixée pour la semaine prochaine, pourtant, rien ne semble moins sûr. Le médiateur invitera-t-il le Cnared comme plateforme, alors que le gouvernement jure par tous les dieux qu’il ne peut pas s’asseoir avec lui, brandissant deux résolutions du CSNU ? En outre, M.Mkapa n’a rien promis au Cnared, plus décidé que jamais à participer à ce dialogue en tant qu’entité. Mais la première étape de sa reconnaissance est franchie d’où le courroux du pouvoir et de ses alliés. Quoi qu’il en soit, rien n’est encore gagné. « Il faut être réaliste, on n’a pas résolu tous les problèmes. La victoire, c’est mettre tous les Burundais sur la même table. Le Cnared, et les autres qui pensent qu’ils ont quelque chose à dire, qu’ils soient des partis politiques, des groupes armés, des gens de la société civile, et arriver à un accord. Mais je crois que nous sommes encore loin de cette démarche, parce qu’il y a des gens qui ne sont pas très pressés pour venir aux négociations », a expliqué Pierre Buyoya à la suite de son entretien avec Benjamin Mkapa, également à Bruxelles.
Une histoire d’Helsinki…
Sur une radio en ligne (Radio Bujumbura International), Léonard Nyangoma, président du Cndd, et ex- président du Cnared, a reconnu que des négociations secrètes ont déjà été engagées entre des membres du Cnared et le gouvernement à Helsinki, en Finlande. « Ces négociations ont commencé alors que j’étais président du Cnared. En soi ce n’est pas mauvais, mais il aurait fallu l’annoncer aux autres membres avant d’accepter et faire un rapport après. Sinon c’est une démarche qui viole les statuts de la plateforme et risque de saboter les efforts de la médiation. »
Une affirmation que rejette énergiquement Pancrace Cimpaye. « Comment peut-on avoir des négociations secrètes avec un pouvoir qui combat la présence du Cnared autour d’une table de négociations à Arusha? Comment parler de négociations secrètes avec un pouvoir qui menace de récuser le facilitateur Benjamin Mkapa pour être venu rencontrer le Cnared à Bruxelles ? » Pour lui, c’est une invention pour distraire l’opinion ou tenter de saper l’action impressionnante du Cnared, qui est une alternative à l’oligarchie de Bujumbura. « Pourquoi est-ce que l’Honorable Nyagoma a choisi de parler d’une rencontre, qui aurait eu lieu, dit-on, au mois de septembre 2015, par médias interposés aujourd’hui? A mon avis si cette révélation était vraie, c’est au sein des organes dirigeants du Cnared que la question aurait été traitée. Nyangoma doit avoir d’autres motivations. Lesquelles? Je l’ignore », indique Pancrace Cimpaye.
Pourtant, d’après une source au sein du Cnared, une délégation de cette plateforme s’est rendue à Helsinki. Une initiative d’un ancien président de la Finlande à travers le Centre Finlandais de Gestion Civile des crises (CMC). Il voulait aider le Cnared et le régime de Bujumbura à s’asseoir ensemble pour essayer de rapprocher leurs positions dans la perspective d’éventuelles négociations inclusives sous médiation internationale. La délégation du Cnared a répondu positivement à l’invitation, et Léonard Nyangoma était au courant. « A Helsinki, la délégation du Cnared a pu rencontrer l’équipe du Centre Finlandais de Gestion Civile des crises, mais aucun contact direct avec la délégation du régime de Bujumbura n’a eu lieu », rapporte cette source.
Mr Hima nipfuje kuvuga ku ciyumviro canyu.Nihweje nkaraba,aba bagabo bagize cnared bafitaniye ishavu kanaka.Hari imice ibiri.Abo ubona ko bavuga ko bashigikiye negociations(ba pancrace) naba bavuga ibiganiro ariko harimwo akabaza(Nyangoma sinduhij radjabu nabandi).Bamwe bose bagira bati ba naka bagakoresha umuheto twebwe tuzobura ibiti baramutse bashikiriye ubutegetsi.Abandi bati reka rero tuzibire abo bagomba gukoresha umuheto mu gusabiriza ibiganiro(ba pancrace).Mbega non ko Cimpaye ata mugambwe abarizwamwo ashobora kwagiriza nyangoma gute kandi we anafise umugambwe.Ba Cimpaye na Minani ni ibikankara niko nobita kuko bariko bashaka gukoresha ijunja rya kahise kabo.Nibataramuke bwana HIMa babise abifitiye inguvu boye kwama barasabiriza ibiganiro nka zi mayibobo nkuru amaze umwaka urenga yaravyanse.
1. [Ndlr: « Tout d’abord, je dois rappeler que le Cnared n’a jamais utilisé la violence pour combattre le 3ème mandat de Pierre Nkurunziza. Depuis son existence, le Cnared n’a jamais été impliqué, de près ou de loin, dans les violences. Son caractère pacifique est donc incontestable. »], pourtant les FARDC et les rapports des experts de l’ONU ont affirmé l’implication de certains membres de cette coalition dans l’organisation des groupes armés! Certains ont même été sanctionnés par les USA et certains sont sur la liste noire des personnes non-désirées dans l’espace Schengen!
2. Rencontre le CNARD n’est pas une reconnaissance de ce mouvement plutôt un acte de sagesse de la part part du Facilitateur! Un homme sage écoute d’abord, discerne et prend la décision par la suite. Écouter n’est pas synonyme d’être convaincu! Chanter la victoire et condamner le facilitateur pour avoir rencontré le CNARD avant de connaître la décision du facilitateur montrent l’immaturité de nos hommes!
3. Quand à la rencontre de l’ Helsinki, à l’insu du Président de cette coalition c’est une preuve de plus que ses mmbres sont pas du tout solidaire, d’où le CNARD est loin d’être une plateforme. Par ailleurs, à part le MSD, la plupart des partis politiques qui la composent n’ont n’existent que sur les papiers!
je crois que l’editeur a oublie de mentionner le role de Mr Alexis SINDUHIJE au sein du cnared dans cet article
C’est illusoire de penser qu’on doit négocier ou dialoguer uniquement avec des partenaires qu’on se choisit soi-même. Surtout qu’il faut mettre toute cette affaire à l’échelle d’un pays et non d’un petit groupe.
Pourquoi cette reference permanente aux résolutions 2248 et 2279 du Conseil de sécurité quand on parle de dialogue? Je demande a tous ceux qui citent ces resolutions de bien les lire. Nulle part elles n’excluent qui que ce soit, encore moins le CNARED.
Seulement, les burundais ont un probleme: ils ne lisent jamais, les autres lisent pour eux. Sinon, pour ce qui est des violences, le Gouvernement devrait etre exclu puisque c’est lui qui les a initiees en tuant les manifestants contre le troisieme mandat.
Autre probleme: l’Envoye de Ban ki-moon mange dans la main du Gouvernement, en particulier celle de Sindimwo. Je n’ai jamais compris pourquoi l’opposition ne l’a pas encore denonce. C’est probablement lui qui interprete faussement, pour les Nzobonariba et autres, lesdites resolutions. Je defie quiconque de me contredire.
Bonjour Mr ou Mme Munyeshaka
Vous dites : »le Gouvernement devrait etre exclu puisque c’est lui qui les a initiees en tuant les manifestants contre le troisieme mandat. » Je voulais juste vous diiirrreee que le Gouvernement n’a pas demandé ni besoin du soit disant dialogue!! les seules baguma bakoma induru n’abo muri cnared kuko bagomba ivyo batabiriye akuya.
@Munyeshaka
« Seulement, les burundais ont un probleme: ils ne lisent jamais, les autres lisent pour eux. »
C’est ultra grave ce que vous affirmez-là!
Vous devriez le retirer car c’est un mépris envers 9 millions de personnes.
Sur quoi vous basez-vous pour affirmer que tout un pays ne sait pas lire, sauf peut-être vous?
Mkapa ou pas Mkapa, la crise finira par se terminer. Tous les politiciens veulent des postes, certains pour bien faire, d’autres pour se remplir les poches même au sang des Burundais. Triste pays.
Nyangoma arateye isoni!!! Il boycotte maintenant le CNARED parce qu’il n’a pas été reconduit entant que président du CNRED. Il était au courant de la rencontre de Helsinki, none ni guki atanguye kuvyidodomba ubu? Ingorane Nyangoma yamanye, nuko yibaza ko ariwe wenyene ashoboye kuba président! (pitié!). Il est trop imbu de lui-même. Le CNARED a élu ses organes dirigeants démocratiquement, Nyangomba a posé sa candidature pour sa reconduction, mais hélas il a été battu, ategerezwa gushira aho intahe yashize areke kwiha amenyo y’abatwenzi. Ses agissements sont une preuve qu’il ne croit pas du tout en la démocratie!!!!
Le CNARED comprend des politiciens sans assise politique qui revent des postes juteux sans toutefois passer par la voie des urnes. Quel gachis?
@Hima Jeremy,
Le CNARED comprend des politiciens sans assise politique qui revent des postes juteux sans toutefois passer par la voie des urnes. Quel gachis?
Quelles urnes? Celles que vous avez récemment trafiquées en forçant même des gens qui n’ont jamais fait campagne à entrer dans vos instituions préfabriquées pour vous accompagner de gré ou de force? Comme dit un proverbe Baoulé (Cote d’Ivoire) : ‘’Il n y a pas que ta mère qui fait des enfants intelligents’’. En kirundi je le traduirai par ‘’Iyaba bwari buzi umwe buba ari ikindi’’. Simplment, disons-le, le ridicule ne tue pas.